Il parle… mais pas toujours comme on le voudrait ! 6 situations décryptées
L’apprentissage du langage n’est pas toujours un long fleuve tranquille… Nos conseils pour gérer les situations délicates, drôles, difficiles, ou assommantes auxquelles nous serons forcément exposés… un jour ou l’autre !
1. Il répète tout ce que l’on dit
Au début, cela vous faisait sourire. Maintenant, ça a tendance à vous agacer. Quand vous tendez à votre petit dernier de 18 mois un biscuit pour son goûter en lui disant «Tiens, un gâteau!», il se lance aussitôt dans une interminable logorrhée: «gâteau, gâteau, gâteau ». Pas de quoi vous affoler !
La répétition des mots – ou écholalie – est une étape incontournable du développement du langage oral. « Jusqu’à 3 ans, l’enfant fait des essais-erreurs », explique Cécile Corallini, orthophoniste*. « Il répète les mots que vous employez pour mieux les enregistrer. » Il fait le perroquet au lieu de répondre à vos questions ? Donnez-lui la réponse attendue, mais ne lui demandez pas de la répéter. Le simple fait d’entendre le bon modèle lui permettra peu à peu de l’assimiler. En revanche, si le problème persiste passé le cap des 3 ans, n’hésitez pas à consulter votre pédiatre. Il se peut que votre enfant ne reconnaisse pas les mots ou ne comprenne pas le sens des phrases.
2. Il dit des gros mots
Cela fait partie des joies de l’entrée à l’école maternelle: des pipi-caca ont jailli dans son vocabulaire. C’est normal, inutile de le punir.
« À 3 ans, l’enfant ne sait pas encore ce qu’est la politesse », explique le Dr Anne Piollet, pédiatre**. « Les gros mots, dont il ne comprend pas le sens, représentent simplement une façon pour lui de s’affirmer devant les copains et de jouer de la réaction engendrée. Plus vous lui ferez remarquer, plus il recommencera pour attirer votre attention. » Un conseil : testez plutôt l’indifférence en réponse. Il y a fort à parier qu’il arrêtera ses provocations verbales. S’il devient au contraire de plus en plus grossier, posez alors des limites. Expliquez-lui que cela peut gêner son entourage et choquer la personne visée.
3. Il m’assomme de “pourquoi”
Dis maman, pourquoi je ne suis pas un garçon? Pourquoi le monsieur, il dort dans la rue ? Pourquoi on meurt? Pourquoi, pourquoi, pourquoi… Il n’a plus que ce mot-là à la bouche ! De l’origine du vent à la sexualité, tous les sujets y passent. Rien de plus normal! Sorti de son cocon familial, l’enfant, vers l’âge de 3 ou 4 ans, prend peu à peu conscience du monde qui l’entoure.
« Il fait des découvertes qu’il ne comprend pas toujours. Comme son langage devient plus fluide, il pose alors toutes sortes de questions qui vont l’aider à développer son raisonnement et ses connaissances », explique la Dr Anne Piollet. Certaines vous mettent mal à l’aise ? Évitez de vous cacher derrière un « Tu comprendras plus tard ». Non seulement, ça le mettrait dans une position d’infériorisation humiliante, mais surtout, il risquerait d’imaginer le pire. Essayez de lui répondre avec des mots simples et cohérents, adaptés à son âge. Vous ne connaissez pas la réponse ? Ne culpabilisez pas. Vous n’êtes pas
une encyclopédie sur pattes ! Avouezlui simplement que vous séchez, et proposezlui de faire des recherches avec lui. Vous êtes fatigué, vous n’avez pas le temps ? Osez-le-lui dire en lui proposant de remettre l’explication à plus tard.
4. Il zozote
C’est la plus banale des difficultés de prononciation. «Le zozotement ou zézaiement apparaît quand la langue a une position trop basse dans la bouche et se loge derrière ou entre les dents », indique le Dr Piollet.
Ce risque est d’autant plus important si votre enfant suce son pouce, tète son doudou ou prend la tétine. Pour y remédier, essayez de lui faire quitter la tétine ou le pouce petit à petit. Si les choses ne sont pas rentrées dans l’ordre à 5 ans, prenez rendez-vous chez un orthophoniste pour des séances de rééducation. « On n’est pas du tout intrusif », rassure Cécile Corallini. « On fait faire à l’enfant des grimaces, des jeux avec une paille, des claquements de langue pour lui permettre de muscler ses joues et de travailler la mobilité de sa langue. » Des exercices ludiques, faciles à reproduire chez soi.
5. Il bégaie
Il bute sur les mots, se bloque et répète sans cesse le même son ? Des signes typiques du bégaiement. « Un trouble de la communication qui affecte de façon plus ou moins accentuée la fluence verbale», précise le Dr Sylvie Hubinois, pédiatre***. « L’enfant ne bégaie jamais lorsqu’il récite une poésie ou qu’il joue tout seul dans sa chambre, mais seulement lorsqu’il s’adresse à l’autre. » C’est grave, docteur ? Pas forcément.
« Avant 2 ans et demi, les petits ont souvent la tête qui marche plus vite que la langue. Cette période est normale et dure en général très peu de temps. » Il arrive aussi que le bégaiement survienne plus tard, à la suite d’un événement déstabilisant : un déménagement, un divorce, une naissance… Dans ce cas, n’attendez pas pour consulter. Si les symptômes persistent trop, l’enfant risque en effet d’être gêné dans sa communication, de ressentir de la honte et de perdre confiance en lui. « Lors de son bilan, l’orthophoniste vous donnera des conseils destinés à faciliter la communication entre vous et votre enfant », explique le Dr Hubinois. À savoir, lui parler lentement avec des phrases courtes en le regardant toujours en face, ne pas vous moquer de lui ni lui faire de reproches, l’aider à trouver ses fins de phrase, lui laisser du temps pour se reposer, prendre le temps de l’écouter, vous assurer d’avoir bien compris ce qu’il dit en le reformulant vousmême, et ne pas oublier de le féliciter pour l’aider à reprendre confiance en lui.
6. Il bavarde sans cesse
Votre enfant bavarde en classe avec ses copains pour leur raconter des histoires ? Ce n’est pas un drame !
« Peut-être s’ennuie-t-il à l’école ou peut-être a-t-il tout simplement besoin d’exprimer son ressenti par rapport à ce qui se passe autour de lui », note le Dr Hubinois. Pour l’inciter à se montrer plus attentif, expliquez-lui son intérêt : s’il manque une explication donnée par la maîtresse, il aura plus de travail à faire ensuite à la maison. Une façon de le responsabiliser sans le culpabiliser ! Si, quand vous êtes à table à la maison, il ne laisse personne en placer une, réexpliquez-lui les règles de base : chacun doit apprendre à écouter les autres et attendre son tour pour parler. Si ça ne suffit pas, essayez de savoir s’il ne cache pas une colère, une jalousie, une agressivité ou un besoin d’attention. l ÉLODIE CHERMANN
*Cécile Corallini, secrétaire générale de la Fédération nationale des orthophonistes **Dr Anne Piollet, secrétaire générale du Syndicat national des pédiatres français. ***Dr Sylvie Hubinois, présidente de l’Association de pédiatrie ambulatoire