Parents

Elle n’en a que pour son père !

Votre petite dernière joue de tous ses charmes pour séduire son papa. C’est le début de la période dite de l’OEdipe. Nos conseils pour passer cette étape sereinemen­t.

- ELODIE CHERMANN

Papa, papa, papa… Depuis quelque temps, Jade n’a que ce mot-là à la bouche. Le matin, c’est lui qu’elle réclame pour s’habiller et le soir, pour le câlin. C’est encore lui qui a ses faveurs à l’heure du repas… Pas de doute ! Jade est en plein complexe d’OEdipe. Inspiré du personnage de la mythologie grecque qui tua son père et épousa sa mère, ce concept désigne la période au cours de laquelle l’enfant éprouve un amour inconditio­nnel pour le parent du sexe opposé, et un sentiment de jalousie envers le parent du même sexe.

Inutile de dramatiser. Entre 2 et 6 ans, il s’agit d’une phase tout à fait normale du développem­ent psychique. « Au début de sa vie, la petite fille entretient une relation fusionnell­e avec sa mère. Mais peu à peu, elle va s’ouvrir au monde et comprendre qu’il existe, à l’instar de son père, un autre sexe pour lequel elle va alors développer une vraie curiosité », explique la psychologu­e Michèle Gaubert*. Face à ces élans, pas toujours évident de savoir comment réagir.

Ne pas jouer de la situation

« En général, le père se sent plutôt flatté d’être ainsi mis sur le devant de la scène », constate Alain Braconnier, psychiatre et psychologu­e au Centre Philippe Paumelle, à Paris. « Mais s’il ne pose pas de limites, sa petite fille risque de croire que ses désirs sont réalisable­s, et continuer ses tentatives de séduction. » D’où l’importance de la remettre à sa place et de lui montrer que le couple existe en dehors d’elle. N’hésitez pas à la recadrer, sans la gronder ni la culpabilis­er bien sûr. « En la repoussant sévèrement, vous risqueriez de la rendre malheureus­e et de l’empêcher, à l’âge adulte, d’approcher le masculin », met en garde le psychiatre.

Eviter la rivalité mère/fille

Votre fille vous ignore royalement ? Difficile à accepter pour une maman. « La mère a souvent tendance, pendant cette période, à se sentir exclue », remarque Alain Braconnier. Pas question pour autant de vous effacer. « Pour se développer harmonieus­ement, l’enfant a besoin d’évoluer dans une relation triangulai­re », souligne le psychiatre. Pour rééquilibr­er, pensez à vous ménager des moments privilégié­s, seule avec elle. Pendant cette période sensible, « en cas de séparation des parents, il faut éviter à tout prix que le père ou la mère qui a la garde ne vive que pour l’enfant et forme un “petit couple” avec lui. Il est bon que le petit garçon et la petite fille soit régulièrem­ent au contact d’un tiers – un ami, un oncle – pour casser la relation fusionnell­e. Sinon, cela risque de créer un manque d’autonomie des deux côtés. » conclut la psychologu­e Michèle Gaubert.

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