Elle est timide
À l’aise dans son entourage familier, votre enfant se fige devant les inconnus. Même dire bonjour, c’est une épreuve. Aidez-le en douceur à se débloquer.
Àla maison, Kenza est une petite fille bavarde, rieuse et facétieuse. À l’extérieur, en revanche, on ne voit que son ombre, elle se cache derrière vous. Au parc, elle regarde jouer les autres enfants… toujours de loin. Serait-elle timide ? La maîtresse confirme : à l’école, elle se met en retrait et s’exprime très peu.
Kenza n’est pas un cas à part. À 3 ans, la plupart des enfants ne sont pas à l’aise face à des étrangers ou dans un groupe. Ils quittent l’univers des bébés pour entrer dans la société, c’est tout nouveau pour eux. Un enfant de parents timides aura plus de chances de l’être, par modélisation. Son éducation, sa place dans la famille ont aussi leur rôle : « Souvent, les aînés sont plus timides, observe Béatrice Bailly, psychopraticienne pour enfants. Ils ont grandi dans un climat moins sécurisant car leurs parents, débutants, sont plus facilement inquiets. En outre, on leur met souvent la barre plus haut, d’où un sentiment, chez ces enfants, de ne pas être à la hauteur. »
Il peut facilement se sentir humilié
Il y a souvent un sentiment de honte à la base d’une timidité excessive. « Même s’il pleure en public, pas question de lui faire remarquer qu’il se donne en spectacle et que tout le monde le regarde, précise Béatrice Bailly : après une humiliation, il aura forcément peur du regard des gens sur lui. » Enfin, le tempérament joue : certains enfants sont par nature plus timides que d’autres. Évitez de lui coller cette étiquette. Même si vous voulez excuser son retrait qui peut passer pour de l’impolitesse auprès de votre interlocuteur, ne dites pas : « il est timide ». Préférez « il est impressionné », qui fait référence à la situation, et non à l’identité de votre enfant. S’entendre qualifier de timide le rendra forcément… timide. Au contraire, il a besoin d’être valorisé.
L’aider sans faire de forcing
Respectez son rythme. Lorsque vous voyez des amis, il est d’abord très peureux mais souvent, au bout de quinze à vingt minutes, il se familiarise avec “l’intrus” et l’ambiance se dégèle. Laissez-lui le temps de se rassurer avant de lui demander de dire bonjour. Ne le forcez pas à aller vers l’autre s’il ne se sent pas prêt. S’il a du mal à se faire des amis, invitez un petit camarade de classe chez vous : sur son territoire, votre enfant sera plus à l’aise pour créer des liens. N’invitez pas plus d’un enfant à la fois : votre petit timide pourrait rester à l’écart à regarder jouer les invités ! Inventez des jeux de rôle avec une peluche “timide”, qui n’ose pas aller jouer avec une autre peluche : à votre enfant de l’aider. Voir la situation de l’extérieur lui permettra de relativiser et de trouver des solutions. En dédramatisant sa timidité, vous éviterez qu’il se fige dans cette identité et qu’il en souffre.