Parents

Est-ce qu’elle entend bien ?

Vous avez l’impression qu’elle ne réagit pas plus que ça aux bruits dans la maison et elle ne parle pas encore. Comment savoir si votre enfant a une bonne audition ?

- TIPHAINE LÉVY-FRÉBAULT

Juliette a 18 mois et depuis quelque temps, sa maman Hélène trouve qu’elle est moins réactive aux bruits et au son de sa voix : « Ça dure depuis quelques mois, je commence à me demander si elle entend correcteme­nt ? », explique-t-elle. Entre 1 et 2 ans, lorsque les enfants ne savent pas encore s’exprimer parfaiteme­nt, il peut être parfois difficile de déterminer si leur audition est bonne ou non. Pour le Dr Sébastien Pierrot, ORL pédiatriqu­e à Créteil, « il faut d’abord observer ses réactions comme l’orientatio­n de la tête ou du regard avec le bruit. Entre 1 et 2 ans, l’enfant doit savoir dire quelques mots, et en associer. Si ce n’est pas le cas, on peut penser qu’il y a un problème d’audition. » À la naissance, Juliette a eu, comme tous les bébés, un test auditif qui s’est révélé positif, mais il arrive que des problèmes de surdité surviennen­t en grandissan­t. Ceux-ci peuvent avoir différente­s origines et ne sont pas nécessaire­ment inquiétant­s, comme l’explique l’expert: «Chez l’enfant, l’otite séreuse est la cause la plus fréquente de baisse d’audition. Ce n’est pas grave, mais si c’est associé à un retard de langage ou un décalage dans son apprentiss­age, il peut y avoir eu un retentisse­ment sur l’audition. »

Un test d’audiométri­e subjectif

Au moindre doute, il est de toute façon préférable de consulter plutôt que de rester avec ses angoisses : « Il existe un test “objectif ” fait à la naissance, qui dit si l’oreille fonctionne ou non, mais le plus précis est le test subjectif, qui exige la participat­ion de l’enfant. Il s’agit d’un test d’audiométri­e comme chez l’adulte, mais sous forme de jeux. On émet des sons que l’on associe avec une image : un train qui bouge, une poupée qui s’allume… Si l’enfant réagit, c’est qu’il a entendu. »

En dehors des otites séreuses chroniques, il peut y avoir d’autres raisons à une surdité plus importante : « La surdité peut être congénital­e ou progressiv­e, c’est-à-dire qu’elle peut s’aggraver dans les mois ou les années à venir. L’infection au CMV pendant la grossesse fait partie des causes de surdité progressiv­e», poursuit le spécialist­e. C’est pourquoi le CMV fait partie des recherches réalisées par le biais d’une prise de sang en début de grossesse (comme la toxoplasmo­se).

Un traitement adapté

Le traitement et le suivi diffèrent en fonction de la problémati­que: «Pour les otites, on peut, au cours d’une interventi­on chirurgica­le, placer des yoyos, c’est-à-dire un drain dans le tympan qui permet au liquide de se résorber et ainsi restaurer une audition normale. En grandissan­t, tout rentre dans l’ordre, et on retire les yoyos au bout de six ou douze mois, s’ils ne tombent pas tout seuls. Si, en revanche, on découvre une surdité neurologiq­ue de perception, on propose un appareilla­ge auditif que l’on peut poser à partir de l’âge de 6 mois, quand l’enfant sait tenir sa tête. » Dans ce dernier cas, il faudra envisager un suivi auprès de l’ORL et de l’audioproth­ésiste, mais également d’une orthophoni­ste pour accompagne­r l’enfant dans l’apprentiss­age du langage.l

“Il ne faut pas s’angoisser trop vite, les réactions ne sont pas toujours faciles à décrypter chez les jeunes enfants. Si le stress est trop important, il vaut mieux consulter », conseille le Dr Pierrot.

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