Contractions Reconnaître les vraies des fausses
Certaines contractions peuvent annoncer un accouchement avant terme, d’autres n’ont aucun effet sur le col. Explications.
Anne raconte : « Je ne savais pas que j’avais des contractions, jusqu’à ce monitoring à quelques jours de l’accouchement. En fait, j’en avais toutes les trois ou quatre minutes, mais elles ne me faisaient pas mal.» La contraction est un durcissement du muscle utérin, le muscle le plus puissant du corps humain, d’une durée de quelques secondes en début de travail et jusqu’à environ 90 secondes juste avant l’expulsion. Dès le 4e mois, il est normal d’avoir des contractions. « On peut en avoir entre 10 à 15 par jour, c’est une sorte d’échauffement du muscle », explique Nicolas Dutriaux, sage-femme. Ces contractions, autrefois nommées “fausses contrac- tions”, sont dites de Braxton-Hicks”, du nom du médecin anglais qui les a décrites la première fois. Elles n’ont aucun effet sur le col: il reste long et n’est pas modifié. Si vous vous reposez, si vous prenez un bain, elles doivent s’estomper. Elles peuvent être nombreuses, surtout en fin de journée ou après un effort. L’utérus est dit “contractile” si ces contractions sont plus nombreuses et sont présentes tout au long de la journée. C’est plus fréquent pour un premier bébé ou pour les femmes plutôt menues, chez celles qui ont un profil anxieux, ou s’il y a des difficultés dans la famille. L’entretien prénatal précoce (EPP) du 4e mois est d’ailleurs un outil de prévention: en dépistant justement ces difficultés, il permet d’aider les femmes à les traverser et à ne pas avoir besoin d’exprimer cette angoisse à travers leur corps.
Quand sont-elles graves ?
Si les contractions deviennent régulières et douloureuses, et si elles s’associent à des modifications du col de l’utérus (il se raccourcit ou s’ouvre), alors elles peuvent amener à un accouchement, considéré comme prématuré s’il a lieu avant 37 semaines d’aménorrhée. Les causes sont
souvent infectieuses : une infection urinaire ou vaginale qui sera passée inaperçue. Ou en cas d’une grossesse multiple ou d’une malformation utérine. En vous rendant chez votre sage-femme ou votre médecin, ou à la maternité, vous aurez un examen du col, un prélèvement vaginal, pour déterminer s’il y a ou non une infection. En fin de grossesse, les contractions sont de plus en plus fréquentes. Le travail peut sembler commencer, mais en fait non : après quelques heures ou les contractions se sont succédé régulièrement, le travail s’arrête totalement. « On appelle ce moment la phase de latence, autrefois appelée “faux travail”. C’est une sorte de répétition générale du corps », explique Nicolas Dutriaux. « Il n’y a pas de règle : le col s’ouvre doucement, mais il peut aussi stagner des heures, voire des jours durant, sans que cela soit considéré comme un danger.
Quand partir à la maternité ?
Nicolas Dutriaux explique que cela dépend des femmes : « Si une femme est capable de tenir une conversation au téléphone et ne s’interrompt pas pendant la contraction, c’est souvent qu’elle n’est pas encore vraiment en travail. En revanche, quand elle ne se pose plus la question de savoir s’il est temps de partir ou pas, c’est que c’est le bon moment pour elle ! » Résultat, il n’y a pas de règle universelle applicable à toutes : « Pour certaines, il sera temps d’aller à la maternité au bout d’une ou deux heures de contractions toutes les 5 minutes, pour d’autres, ce sera au bout de 4 heures, surtout si c’est un premier bébé. »
Les contractions pendant le travail
Pendant le travail, les contractions sont intenses et longues, jusqu’à 90 secondes environ. Le travail d’accouchement n’est vraiment engagé qu’à partir d’un col ouvert à 5-6 cm. « Chez certaines femmes, il n’y a pas de douleur, c’est juste très intense », explique Nicolas Dutriaux. Tout dépend des conditions de l’accouchement, si la mère est sereine ou pas, si elle peut rester dans sa bulle ou pas. En revanche, la future mère ressent un vrai relâchement entre deux contractions, dû à la mélatonine, une hormone du sommeil produite en grande quantité pendant l’accouchement. Nicolas Dutriaux conclut: « Je suggère toujours aux patientes de voir plutôt le verre à moitié plein : une contraction de passée, c’est toujours une de moins qui vous rapproche de la fin, et donc de la rencontre avec votre bébé ! »