Parents

MATHILDE

32 ans, maman de Raphaël, 4 ans, et de Robin, 2 ans.

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“Mon don m’a permis de me rapprocher de mon amie en PMA.”

« Je n’avais jamais pensé au don d’ovocytes. Le déclic a eu lieu à la suite de la lecture d’un article dans le journal “20 minutes”. Une femme expliquait qu’à cause de la pénurie d’ovocytes en France, elle avait dû aller en Espagne. Ce témoignage m’a touchée. Il se trouve que ma meilleure amie avait des difficulté­s pour tomber enceinte. Elle faisait des FIV et comme je venais de mettre au monde mon deuxième bébé, le sujet devenait plus difficile à aborder entre nous, un peu tabou… Je me sentais démunie. Ça a fait tilt : voilà ce que je pourrais faire à mon niveau pour l’aider, elle et tous les couples en difficulté.

On m’a bien expliqué la procédure

Le jour même où j’ai lu l’article, je suis allée sur Internet et je me suis inscrite pour avoir des renseignem­ents sur le don d’ovocytes. Quelque temps plus tard, on m’a rappelé pour prendre un rendez-vous et c’est là où j’en ai parlé à mon mari. Je savais que sa réaction serait favorable. Il a même pensé lui-même au don de sperme, mais il n’a pas franchi le pas pour le moment. Pour ma part, j’ai attendu d’avoir le premier rendez-vous à l’hôpital. On m’a alors bien expliqué la procédure, les effets secondaire­s possibles, sur la libido, la prise de poids ou l’acné. Mais j’étais déjà très motivée, plus rien ne pouvait m’arrêter. Après ce rendez-vous, j’ai parlé de ma démarche à mon amie. En l’apprenant, elle a fondu en larmes. Moi, j’étais heureuse de pouvoir partager un peu de ce qu’elle vivait: les échos, les piqûres, les stimulatio­ns… Ça nous a rapprochée­s. J’ai eu d’abord un rendez-vous avec une psychologu­e : elle a cherché à savoir pourquoi je faisais ce don, si j’avais bien conscience que ces bébés ne seraient pas mes bébés… Elle traque aussi les maladies psychologi­ques dans la famille. J’ai eu ensuite un rendez-vous médical avec des prises de sang, puis une échographi­e.

Je le referais sans hésiter

Plusieurs mois sont passés avant que je commence à me piquer. Ça me faisait peur, mais en fait, c’est assez facile grâce au stylo-piqûre. Je me piquais chaque jour dans le ventre et je n’ai eu aucun effet secondaire, sauf un léger gonflement des ovaires quelques jours avant la ponction. Le jour même, je n’étais pas stressée. Je suis arrivée à 7 heures à l’hôpital et en suis sortie à 13 heures. On insère un spéculum dans le vagin et une sorte de petit aspirateur va “aspirer” les ovocytes sous anesthésie locale. Après la ponction, je n’ai pas ressenti de douleurs. Je ne sais pas combien ils en ont pris, sans doute entre 15 et 20, ils avaient l’air contents. Je n’en ai pas parlé à mes enfants, car ils étaient trop petits au moment de ce don, mais je leur en parlerai plus tard, quand ils comprendro­nt comment on fait les bébés. Moi, par exemple, j’ai toujours su que mon père avait donné son sperme, et cela ne m’a jamais perturbée. Je ne pense jamais à ce don, à part quand on me demande d’en parler, parce qu’une cousine ou une amie pense à le faire. Je pense que chacun doit voir s’il en a envie. Depuis, plusieurs années ont passé et des bébés sont certaineme­nt nés, mais je n’y pense pas ! Et s’il faut le refaire, par exemple si mon amie en a besoin pour être mise sur une liste prioritair­e pour des FIV, je le referai sans hésiter ! »

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“Pour moi, c’était comme un don du sang ou d’un organe. Je suis heureuse de l’avoir fait ! Ça m’a permis aussi de me rendre compte de manière plus concrète de la difficulté du parcours de PMA…”

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