Maman du monde… au Sri Lanka
« Je rêve de jouer au baseball et voler quelques mangues ! “On va aux rizières après l’école ?”, me demandait tous les jours ma copine. Je lui répondais avec un grand sourire. Au Sri Lanka, l’école finit vers 13 h. Petite, je me rappelle que je prenais le bus avec tous mes copains pour rentrer chez nous à la campagne et jouer dans les grands champs de riz derrière nos maisons, quand le soleil tapait encore très fort. On était une bande de huit ou dix gamins, on s’occupait tous les uns des autres. Ça a créé des liens très forts que j’ai gardés ! Nos parents travaillaient et il était tout à fait normal que l’on se débrouille seuls.
De toute façon, on n’a pas eu besoin de leur aide. Notre liberté nous était tellement chère ! On jouait tous les après-midi au “Elle”, une forme de baseball srilankais – après la récolte, la terre dans les rizières restait sèche, donc c’était un terrain parfait pour courir. On volait les fruits chez les voisins et on faisait toutes sortes de bêtises. Paradoxalement, on était vraiment responsables – bien plus que les enfants d’aujourd’hui, qui sont encadrés et finalement peu indépendants.
Le soir, avant de se coucher, on méditait.
Les enfants srilankais commencent à méditer à partir de 6 ans, ça leur apprend à être calme et attentif. La méditation veut dire qu’on garde son esprit dans un endroit précis. Ma mère me faisait compter jusqu’à dix et je le répétais pendant cinq minutes. Je regrette, mais je ne l’ai pas reproduit avec mes enfants – ça pourrait bien leur servir dans la vie parisienne, remplie de stress !
Au Sri Lanka, on donne la priorité aux enfants. Même à table, on sert d’abord les enfants, après les femmes et ensuite les hommes. Les enfants ne sont pas obligés de rester à table, comme en France. Ils mangent et ils peuvent partir jouer. Parfois ça crée un sacré bazar, mais c’est la vraie joie ! La nourriture reste très importante. Par exemple, tout le monde veut nourrir la femme enceinte, qui est une sorte de “sainte” pour les Srilankais. Les voisins et les amis apportent tous les jours des plats (surtout le curry de légumes cuits dans les feuilles de bananier), des sucreries et des fruits. Une femme enceinte doit manger pour deux ! Les enfants srilankais ont l’habitude très jeunes de manger beaucoup d’épices. Les premiers fruits et légumes sont le gombo en purée, les petites bananes, la papaye (connue pour faciliter la digestion du nourrisson) et le jus de grenade frais.
Au mois d’avril, ce sont les grandes vacances pour tous les enfants. Et ce sont eux qui organisent la fête du Nouvel An pendant laquelle on mange le fameux Kiribath — du riz au lait à base de coco. Aujourd’hui, au Sri Lanka, on fête surtout les anniversaires, comme partout dans le monde, mais à l’époque ce n’était pas très populaire.
La maman srilankaise reste zen. On allaite à la demande, on dort avec nos enfants pendant des années. Petite, j’ai dormi avec ma famille dans la même chambre pendant deux ans – on mettait deux ou trois lits collés pour ma soeur, mon frère, nos parents et moi –, et après avec ma soeur. C’était tellement agréable ! Mon fils Navidu a dormi avec moi sa première année et après il a dormi dans sa chambre tout seul.
Il a bien compris que j’avais besoin de mon espace, et lui aussi, il grandissait. Je ne me suis jamais dit qu’il fallait faire autrement – j’ai tout simplement suivi mon coeur. Je me souviens encore de mes sensations d’enfant quand je dormais avec ma maman – je me sentais en totale sécurité et cela m’a beaucoup apporté dans la vie. C’est tellement important de se sentir aimé si fort.
avec nos enfants « On allaite à la demande, on dort avec ma famille. pendant des années. Petite, je dormais pour ma soeur, On mettait deux ou trois lits collés tellement agréable ! » mon frère, nos parents et moi. C’était