J’ai accouché en pleine épidémie de Covid-19
« Raphaël est né le 21 mars. C’est mon premier enfant. J’ai accouché en pleine épidémie de Covid-19. Au tout début du confinement. Forcément, les conditions étaient particulières. J’avais choisi cette maternité de niveau 3 parce que je savais que j’allais avoir une grossesse un peu compliquée, pour des raisons de santé. Pendant ma grossesse, j’ai donc eu un suivi rapproché. Quand la crise du coronavirus a gagné la France, j’étais à peu près à trois semaines du terme, prévu pour le 17 mars. Au début, je ne m’inquiétais pas spécialement, je me disais que j’allais accoucher comme prévu, avec mon conjoint à mes côtés. Normal, quoi. Mais ça s’est vite compliqué, l’épidémie gagnait du terrain. Tout le monde en parlait. À ce moment-là, j’ai commencé à me rendre compte que mon accouchement ne se déroulerait pas comme je l’avais imaginé.
La naissance était prévue pour le 17 mars. Mais mon bébé ne voulait pas sortir! Quand j’ai entendu, le 16 au soir, l’annonce du confinement par le président de la République, je me suis dit « Ça va être chaud!». Le lendemain, l’obstétricien m’a annoncé que le papa ne pourrait pas être là, qu’il ne pourrait pas non plus me rendre visite après la naissance. Pour moi, ça a été une immense déception.
Le 19 mars, je suis entrée à la maternité pour un déclenchement. Le médecin m’a avoué qu’ils avaient un peu peur que j’accouche la semaine suivante, alors que l’épidémie allait exploser, saturant les hôpitaux et les soignants. Dans la nuit, j’ai eu des contractions. Le travail a duré presque 24 heures et mon bébé est né dans la nuit du 20 au 21 mars. Sincèrement, à ce moment-là, je n’ai pas senti que l’épidémie de coronavirus avait un impact sur mon accouchement, même s’il m’est difficile de comparer puisque c’est mon premier bébé. Ils ont été super cool. Juste, ils ont accéléré un peu les choses avec de l’ocytocine, pas par rapport à ça, mais par rapport à mes problèmes de santé. Pour moi, la conséquence principale de l’épidémie sur mon accouchement, c’est que j’ai été seule du début à la fin. Ça m’a rendue triste. J’étais entourée de l’équipe médicale bien sûr, mais mon conjoint n’était pas là. Seule en salle de travail, avec mon téléphone qui ne captait pas, je n’ai même pas pu lui parler. C’était dur. Heureusement, toute l’équipe médicale a été top. À aucun moment je ne me suis sentie mise à l’écart, ou oubliée parce qu’il y avait des urgences liées à l’épidémie.