Parents

Back to school Témoignage­s : “On a eu des prémas”

La pour prématurit­é, les parents c’est qui y toujours sont confrontés. une épreuve Une leçon de vie aussi et des souvenirs qui se figent pour l’éternité. L’occasion de revenir sur le vécu de trois parents et le destin extraordin­aire de leurs bébés poids p

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Ensemble depuis quinze ans, mariés depuis onze ans et heureux parents de trois filles, Jade (9 ans), Nina (7 ans) et Tiffany (3 ans), c’est avec une joie immense que nous avons appris ma grossesse à la fin de l’été 2014. Des jumeaux, des vrais (un placenta et deux cordons) et… des garçons! Mais à dix-huit semaines, l’échographi­ste détecte un retard de croissance sur Charly dû à son cordon, mal vascularis­é. Les médecins nous donnent peu d’espoir de survie pour Charly. Grâce au suivi accru de l’hôpital Necker à Paris et à notre foi, on a tenu bon pendant 12 semaines supplément­aires. Un miracle! Mais à 30 semaines, le monitoring montre qu’Aaron respire mal. Il faut déclencher l’accoucheme­nt. Charly, que nous n’avons pas pu voir, pèse 770 g. Aaron pèse 1,085 kg, Harry a eu le temps de le voir. Mais seul.

Nos bébés sont immédiatem­ent emmenés en réanimatio­n

Aaron est placé sous oxygène, heureuseme­nt pas à cause d’une détresse respiratoi­re, mais pour ne pas se fatiguer. Charly aussi, par précaution, du fait de son petit poids. La première semaine, ils sont dans deux chambres différente­s et Harry se souvient que quand il est arrivé la première fois dans le service, il a cherché Charly partout, dans le noir, et il ne savait pas de quel bébé il s’agissait ! D’autant plus qu’on ne lui avait pas encore donné de prénom. Durant ces trois premières semaines, on passait d’une chambre à l’autre, on s’en voulait d’être trop présents pour Charly, pas assez pour Aaron et inversemen­t. Pas simple à doser! Durant ce premier stade, Charly a fait des prouesses: il respirait tout seul. Mais en passant aux soins intensifs, les médecins ont jugé bon de le remettre sous oxygène.

Je me souviens en avoir pleuré, en avoir voulu au personnel soignant de ne pas lui faire suffisamme­nt confiance.

Le matin, je gérais l’intendance à la maison, profitais des filles, je tirais mon lait et appelais l’hôpital pour faire le point. Ensuite, j’allais voir les garçons, de 13 heures à 19 h 30. Harry me rejoignait après le travail. Leurs soeurs ont pu venir les voir deux fois, les psychologu­es de Necker leur ont expliqué la situation.

Des moments inoubliabl­es, tout un tas d’étapes franchies qui devenaient de vraies victoires: les bains, les peau-à-peau…

Sans compter toutes ces surprises auxquelles on avait droit en arrivant dans le service. Comme les fois où on leur avait retiré les masques à oxygène, celle où on les avait installés tous les deux dans la couveuse, leur passage en néonat, dans des lits… Bien sûr, on se souvient aussi du bruit des scopes, j’en avais des acouphènes le soir, de la Pâque juive où j’arrivais le matin les bras chargés de pâtisserie­s maison pour le personnel soignant… Harry et moi, on vivait au rythme de Charly et Aaron, on vivait dans une bulle. De toute façon, on n’avait pas d’autres choix que de faire confiance aux médecins. On a appris à relativise­r, à faire confiance à nos garçons, on a cru en eux, on les a stimulés. On n’a pas hésité non plus à interroger les médecins quand on ne comprenait pas certaines choses, sans les harceler de questions pour autant. C’est ce qui nous a fait tenir durant 2 mois et demi d’hospitalis­ation. Et bizarremen­t, on est très nostalgiqu­es de cette époque, de ce cocon qu’on s’était créé… Aujourd’hui, les garçons vont bien, très bien même, ils suivent déjà les traces de leur papa, DJ la moitié du temps! Leur passion : ambiancer la maison et mixer sur les platines de Harry. On ne s’ennuie jamais…

On vivait au rythme de Charly et Aaron, on vivait dans une bulle… Yaël, presque 41 ans et Harry, 43 ans, Charly et Aaron, 5 ans 1/2.

C’est sous une France en passe d’être déconfinée que notre fils a vu le jour. Jusque-là, nous étions partis dans notre maison de campagne, en Bourgogne, avec nos enfants, Elie, 5 ans, et Ephrem, 3 ans. Trois jours avant l’accoucheme­nt, j’ai perdu les eaux sans aucun signe particulie­r, malgré un monitoring normal trois jours avant. La veille, j’ai eu l’impression de moins bien sentir mon bébé. J’ai alors demandé à être transférée à l’hôpital où j’étais suivie. On a confié nos enfants à mes parents à Dijon. Arrivés sur place, le prétravail avait commencé, le monitoring montrait une tachycardi­e et un risque d’infection pour Amadour. On m’a fait la péridurale à 22 heures le 10 mai et avec les règles sanitaires liées à la Covid-19, Philippe n’a pu me rejoindre en salle d’accoucheme­nt que vers 1h30. Amadour est né à 2h43, à 30 SA et 2 jours. 1,6 kg pour 45 cm, enfin… 41 cm recalculés quelques jours plus tard. Alternant bradycardi­es et tachycardi­es, il a été envoyé en réanimatio­n. Un choc, on a basculé dans un monde inconnu, d’autant plus que j’avais accouché de mes aînés sans complicati­on. Je n’ai pas pu voir Amadour pendant 72 heures à cause des règles Covid, un crève-coeur. On nous a avoué plus tard qu’Amadour avait fait une infection pulmonaire, qu’il avait été intubé et donc placé sous appareil respiratoi­re. Philippe a pu le voir seulement 2 jours après sa naissance. Une situation pas simple non plus pour lui quand il rentrait à la maison, se sentant à la fois inutile et orphelin de nos aînés, de moi et d’Amadour, alors que sa vocation de super mari et de super papa est toujours de protéger sa famille.

On a été bouleversé­s en voyant Amadour pleurer sans l’entendre

J’ai enfin pu l’embrasser, masquée, j’étais bouleversé­e. Clémence, 30 ans, et Philippe, 31 ans, parents d’Amadour, presque 4 mois.

Nous posons toutes les questions que nous souhaitons aux soignants, le jargon médical n’a plus de secret pour nous! On a même tissé un lien privilégié avec l’infirmière d’Amadour pendant sa semaine en réa. Elle nous expliquait tout et avait beaucoup de tendresse pour mon fils et moi. Les moments forts ? Philippe et moi avons été bouleversé­s en voyant notre tout-petit pleurer sans l’entendre quand il était ventilé. Pour Philippe, ce sont les longs peau à peau avec Amadour et sa petite main qui s’accroche à ses doigts. Dans ces moments-là, je retrouve la fierté et l’amour du super papa qu’il est. Sans compter tous les moments d’éveil d’Amadour, ses grands sourires aussi… Il y a tant de choses qui vont nous rester. Aujourd’hui, Amadour est en soins intensifs, car il est plus stable. Et quelle émotion quand j’ai enfin pu embrasser Amadour, masquée. J’étais bouleversé­e. Pour l’instant, on s’adapte à son rythme, on va le voir le plus souvent possible et depuis peu, on peut venir à deux, masqués, en surblouse, désinfecta­nt tout sur notre passage. En attendant de vivre des jours heureux tous ensemble…

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