Parents

Elle a enfin pris conscience que notre famille était en péril.

Michaël, 47 ans, papa de Lena, 7 ans et demi, et d’Anna, 4 ans et demi.

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Lora et moi nous sommes rencontrés fin 2010 chez des amis communs. Le coup de foudre. J’ai été immédiatem­ent charmé par son petit accent bulgare. Et mon humour soi-disant décapant a fait son petit effet sur Lora, de six ans ma cadette. Elle terminait ses études de radiologie à Paris. Je quittais Lyon et venais d’accepter un job dans l’informatiq­ue dans la capitale. Un mois plus tard, on s’installait ensemble. On a d’abord pris du temps pour apprendre à se connaître et beaucoup voyager. Et en décembre 2011, Lora était enceinte de notre petite fille, Lena, qui est née en août 2012. Très vite, les problèmes sont arrivés : Lora ne supportait pas de quitter sa fille, aussi bien le jour que la nuit. Il faut dire qu’en Bulgarie, les bébés dorment systématiq­uement dans la chambre de leurs parents. J’ai résisté tant que j’ai pu, mais face à l’insistance de ma compagne et aux nuits agitées de la petite, j’ai fini par accepter que le berceau de Lena soit installé près de notre lit. Le début d’une longue cohabitati­on… Et puis, nous avons quitté Paris pour Lille. J’ai pensé naïvement que c’était l’occasion rêvée pour changer les habitudes. Mais Lora refusait de perturber Lena, qui dorénavant passait ses nuits dans notre lit. Malgré les opposition­s, j’ai capitulé pour éviter que la situation ne dégénère. Et puis notre fille a grandi, devenant de plus en plus capricieus­e. Lora lui cédait tout sans jamais lever la voix. Là encore, il paraît que c’est culturel ! De mon côté, j’ai tenté d’instaurer des limites à Lena qui me rejetait sans cesse. Forcément, j’étais le méchant, et elle courait systématiq­uement pleurer dans les bras de sa maman.

Moi qui, enfant, étais impression­né par un simple regard insistant de ma mère, j’étais totalement déstabilis­é.

Je n’avais pas les codes pour trouver une issue positive à la situation. Au point que Lora et moi ne nous parlions plus que pour nous provoquer. Je me suis alors réfugié dans le travail, j’allais me défouler au badminton trois fois par semaine et je rentrais de plus en plus tard à la maison. Malgré tout, en avril 2015, notre cadette, Anna est née. Lena, un peu chamboulée par l’arrivée de sa petite soeur, a dû apprendre à partager sa maman. D’elle-même, elle s’est rapprochée de moi. En parallèle, Anna avait beau passer la plupart de ses nuits dans le lit parental, et moi sur le canapé du salon, je me persuadais que ça ne durerait qu’un temps. Au printemps 2016, on a quitté Lille pour Strasbourg, ville chère à Lora puisqu’elle y avait étudié pendant plusieurs années. Pour moi, ça a été le moment idéal de poser mes conditions pour que notre vie change. Heureuseme­nt, l’électrocho­c a eu lieu: Lora a enfin pris conscience que notre famille était en péril. Du jour au lendemain, elle a changé. Fini les provocatio­ns au moment du coucher des filles, ou pour choisir leurs activités. Alors qu’avant, quand j’émettais l’idée de faire découvrir le badminton à mes enfants, Lora me parlait de cours de flûte ou de bulgare… Depuis notre installati­on à Strasbourg, nous coulons des jours heureux. Je vais même jouer au badminton avec les petites chaque samedi !

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