Parents

Séquence émotion :

Fer engagés sur l’allongemen­t de lance dans des le combat pères du congé paternité, Alexandre Marcel, alias “Papa Plume”, raconte aujourd’hui dans un livre bouleversa­nt l’arrivée de sa fille Ambre dans sa vie. Extraits choisis.

- ADAPTATION DU TEXTE : ESTELLE CINTAS

« Le coup de foudre pour ma fille a été immédiat ! »

On s’en souvient tous. Si tu es futur papa, tu t’en souviendra­s également. Où tu étais, et ce que tu faisais, lorsqu’elle te l’a annoncé. Comme un instant qui se grave en toi – les images, les sons, les mots, un monde entier qui jaillit à chaque fois que tu y repenses. Moi, je suis assis dans le canapé, un verre de Citrate de Bétaïne dans la main. Nous sommes le 10 mars 2018. J’ai la gueule de bois, car la veille, nous avons fêté les 30 ans de Marianne. (…) J’ai beaucoup bu. Ce n’est pas dans mes habitudes, mais j’avais besoin d’évacuer.

En trois mois, Marianne a fait deux fausses couches. La première à un stade précoce, mais la seconde alors que nous pensions l’embryon accroché, bien au chaud dans nos vies. Pendant la soirée, j’ai remarqué que Marianne refusait les verres d’alcool que nos amis lui apportaien­t. Était-elle de nouveau enceinte ? L’idée m’effleura si fort que je bus pour deux, jusqu’à me faire vomir. J’avais peur. Peur de revivre la déception de Noël, peur d’avoir un nouveau rêve qui se brise dans la poitrine. Soudain, la porte de la chambre s’ouvre. Marianne traverse le salon puis file directemen­t dans la salle de bains. (…) Les battements de mon coeur s’accélèrent, j’ai l’impression qu’il va sortir de ma poitrine. Quand elle ressort, elle s’approche de moi, ses yeux brillent, ses lèvres dessinent un sourire qui refuse de s’épanouir complèteme­nt. La suite est plutôt confuse (…), mais je me souviens qu’elle m’a dit des choses telles que : « Cette fois, il est bien accroché. » Ou bien : « Ça va

marcher, je le sais, je le sens au fond de moi. » Je me souviens également avoir reculé de plusieurs mètres. Non physiqueme­nt, car j’étais parfaiteme­nt immobile sur le canapé, mais men-talement. Comme si je mettais entre l’évènement et moi-même une énorme distance, pour ne pas me laisser entraîner par lui. J’avais déjà plongé dans ce torrent. Deux fois. Deux fois, je m’étais laissé aspirer, avec les éclats de rêves, avec les tourbillon­s d’émotions, avec les longs silences qui avaient succédé aux cris de joie. Je n’avais pas la force de revivre cela une troisième fois.

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