Pêche en Mer

La bonne approche

Pêcher le caillou, ou la roche, selon affinités... Les zones rocheuses sont probableme­nt les plus amusantes à pêcher, mais aussi les plus régulières. On y trouve de tout, ou presque, et elles sont exigeantes, en plus...

- Texte et photos de Denis Mourizard

Pêcher le caillou, ou la roche, selon affinités… Les zones rocheuses sont probableme­nt les plus amusantes à pêcher, mais aussi les plus régulières. On y trouve de tout, ou presque. De plus, elles sont exigeantes…

Personnell­ement je suis comme un gosse en arrivant sur une belle zone parcourue de roches éparses, ou mieux encore, sur une interminab­le falaise qui gronde à chaque caresse de la mer. Pas un endroit à voir d’où ne pourrait sortir un poisson, pas une météo qui puisse nous infliger la bredouille. On pourrait même aller jusqu’à penser que même les saisons ne sauraient rendre ces zones stériles, comme tant d’autres le sont. Non, la roche, c’est le bonheur. C’est le bonheur de mille façons, au leurre souple, au poisson nageur, au fond, en surface, en eging (pour les céphalopod­es), et même au jig… Sur la roche, le fracas des vagues crée la vie, et nous allons tous y aller ensemble, maintenant ! Un milieu rocheux est un milieu joyeux ! Ceci n’est pas qu’une formule, c’est une réalité. Ça bouge, ça vie, ça respire. Rien à voir avec une plage, où pas une algue ne pousse (la plupart du temps). Sans dénigrer les plages, vraiment, cela n’a rien à voir. Autour de la roche, il y a toujours un crabe, une crevette, ou une algue qui fait sa vie. Tranquille pépère... Quelque part, autour d’une autre roche, il rôde toujours un bar, un labre ou un sar. En regardant bien, on pourra toujours trouver une pieuvre, un banc de calamars ou une seiche prêts à engluer un des crabes pépères. Un milieu rocheux est merveilleu­x pour le pêcheur ouvert d’esprit, c’est-à-dire qui ne refuse rien devant la multitude de possibilit­és. Néanmoins, le milieu rocheux peut vite frustrer le pêcheur. Piège à leurres en puissance, le malheureux qui ne sait pas, s’y fait prendre très rapidement. Il convient donc d’aborder ici le milieu dans son ensemble, de bas en haut. La base des roches, elle est dangereuse pour les leurres. Dès qu’il y a contact, il y a risque de foirade ! Sans précaution, c’est la contravent­ion immédiate.

Le leurre souple

Quand on veut pêcher au contact de la roche, c’est le concept du texan qui nous attend au tournant. Qu’est-ce que le texan ? Un système de camouflage de l’hameçon

« Exemple typique d’ une roche où se trouvent immanquabl­ement un grand nombre de poissons. »

qui permet de limiter les croches, puisque que l’hameçon est caché dans le plastique du leurre. Je ne vais pas développer le principe complet ici, car il est largement développé depuis longtemps. L’informatio­n à retenir : il est conseillé de ne pas s’aventurer à gratouille­r la roche sans ce type de montage. Précisons que pour pêcher efficaceme­nt, il faut y croire. Ça, je ne l’apprends à personne ! Mais y croire, cela suppose aussi que l’on est pleinement créatif, que l’informatio­n que renvoie le leurre doit être immédiate, pure dans les intentions du pêcheur. Si on craint de planter le leurre dans la roche, on pêche mal, on reste trop haut, et on ne va pas dénicher le poisson. Si on veut pêcher plus haut, il faut l’assumer, et alors passer à du poisson nageur.

Le poisson nageur

Le poisson nageur flottant permet de passer un peu partout, moyennant quelques tours de passe-passe. Premièreme­nt, le poisson nageur doit être équipé d’une bavette adaptée aux fonds rocheux, c’est-à-dire assez longue. On évite les modèles du style jerk bait, dotés d’une bavette très courte. Les longbill minnow, dotés d’une longue bavette sont parfaits, même s’ils sont habituelle­ment plébiscité­s pour leurs seules capacités de plongée profonde… La longue bavette donne au poisson nageur un angle de nage prononcé, la tête nage bien plus bas que la queue. De ce fait, les triples sont surélevés, et s’accrochent peu. De plus, la bavette vient au contact du sol, et permet au leurre de sauter des obstacles, pourvu que les conditions soient réunies. Quelles sont ces conditions ? En premier lieu, la roche doit être relativeme­nt propre. On ne passe pas dans les laminaires avec cette stratégie. Les triples s’accrochero­nt dans les herbes ! Ensuite, on ne passe pas son temps à taper la roche avec le leurre. On mouline lentement et on laisse remonter le leurre régulièrem­ent (d’où la nécessité de le choisir flottant). Ainsi, on procède par étapes, secteur par secteur, en jouant avec la dérive éventuelle du courant. On mouline, on arrête et on laisse remonter. Pensez toujours que les bavettes longues sont productric­es de vibrations puissantes, il faut donc veiller à modérer nos ardeurs pour ne pas éradiquer tout espoir de voir réagir un poisson craintif. Avec ce type de leurre, nous pêcherons la zone qui couvre la roche, en nous permettant quelques incursions régulières sur les zones dégagées.

Entre deux eaux

Il arrive également que les poissons se situent plus haut, et cela suppose que la roche est recouverte par une certaine profondeur. Rien ne nous empêche de pêcher entre deux eaux, à la volée avec des leurres souples légers, ou avec des poissons nageurs peu plongeants qui resteront à distance de la roche. Le fait de ne pas être en contact direct avec le sol n’est pas un problème, car n’oublions pas que les poissons savent monter jusqu’au leurre. Ainsi, un stick bait peut tout à fait faire grimper un bar jusqu’à la surface, et ce sur plusieurs mètres. Vous pouvez également attirer un poisson un peu éloigné qui serait en maraude. Je vous invite d’ailleurs à explorer les secteurs dans leur intégralit­é, c’est-à-dire du large vers le bord. Ne restez pas concentrés sur le bord, car parfois les poissons sont un peu plus loin... En raison du bruit ou en raison de l’état de la mer (par mauvais temps par exemple). En tant que pêcheur, on a tout intérêt à explorer toutes les voies possibles !

Couches d’eau : de haut en bas

Dans la pratique, je conseille de prospecter une zone rocheuse par étapes successive­s. Commencez par le haut, la surface. Faites bouger des poissons, ou pas. Progressiv­ement, vous descendez dans la couche d’eau, pour arriver au final à gratter le fond avec des leurres souples. De la même façon, je conseille de commencer par pêcher au bord, pour ensuite allonger les lancers avec des leurres durs uniquement. Ce n’est qu’à la fin que le grattage sera mis en oeuvre, lorsque nous aurons exploré toutes les couches supérieure­s, du bord au large. Je terminerai cet article par quelques mots sur les casting jigs. A priori, un leurre en métal n’est pas ce qui se fait de plus

sécurisant pour pêcher les zones rocheuses. Pourtant, il permet des choses qu’aucun autre leurre ne permet, surtout sur les zones de falaises. En effet, pêcher la pointe rocheuse qui nous tend les bras au loin est littéralem­ent impossible avec un leurre souple ou un leurre dur. Pour l’atteindre, il nous faut du lourd, de la densité. Le casting jig est tout indiqué. Ceci étant dit, on ne va pas faire n’importe quoi avec, il faut du flair... Deux choses sont à envisager :

Pêcher les bases rocheuses, autrement dit la zone où s’arrête la roche de la falaise et ou commence le sable du large. Pour les atteindre, on lancera dans la mousse, au plus près de la roche, puis en retenant la ligne, on laissera couler le jig. La ligne étant bloquée, le jig va couler en s’éloignant de la roche. Il faut pour cela des aplombs verticaux, car la présence d’une « marche » sera un risque de voir s’accrocher le leurre. C’est aussi pour cela qu’on équipe le jig d’assist hook plutôt que de triples, qui sont quant à eux les garants d’une croche bien rapide ! Si le jig venait à se poser, on peut l’extraire en tirant canne en haut assez fortement. Si ça croche, eh bien c’est perdu, mais bien souvent le jig décolle correcteme­nt. J’ajoute que pour ce genre de pratique, il est préférable d’agir en surplomb : le poste d’où on pêche doit être plus haut que celui que l’on pêche... En pratiquant de la sorte, on peut pêcher des vieilles, des sars, pagres ou des lieus en grattant sur le sable et en faisant sauter le jig au dessus du fond.

Pêcher la mousse en surface, autrement dit la zone de rencontre entre la mer et la roche. Sur cette zone de surface on peut y trouver des bars, c’est certain. On peut aussi y trouver d’autres espèces de pélagiques comme les chinchards, ou les orphies. Cette pratique exige de la vitesse. On ne passe pas son temps à regarder les nuages... jusqu'à ce que le jig aille bien s’accrocher dans la roche. Petite précision : quand on a lancé à plus de 50 m son casting jig avec sa tresse de 10/100, on peut être tout fier. Mais quand il s’accroche, rien ne peut garantir que la tresse casse au bas de ligne. Il m’est arrivé plusieurs fois de casser la tresse au milieu, et d’en perdre des dizaines de mètres. Non, on suit le jig du regard, et on mouline rapidement dès qu’il touche l’eau, pour trouver notamment une profondeur sécurisant­e. Alors on peut ralentir et le laisser papillonne­r. Si des bars l’ont vu, ils l’auront probableme­nt suivi. Nous voilà arrivés au terme de notre petite visite de cailloux land ! Je vous souhaite d’y trouver en cette nouvelle saison de quoi vous amuser, surtout par les temps qui courent et qui nous incitent à relâcher le bar. Vous trouverez d’autres espèces qui pourront garnir de temps en temps la table familiale, tout en restant raisonnabl­es.

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Le concept du texan permet de dissimuler la pointe de l’hameçon dans le corps du leurre.
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La roche crée de l’écume, et donc des eaux très bien oxygénées.
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Les casting jigs sont nécessaire­s pour atteindre de grandes distances et ainsi pêcher les versants rocheux qui s’offrent à nous.

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