Pêche en Mer

Lancer… Tout un art !

Le lancer est un art, tant pour le pêcheur en surfcastin­g que pour le pêcheur aux leurres. Il est un art pour le pêcheur du bord, mais aussi pour le pêcheur en bateau. Lancer loin et avec précision, au bon moment et au bon endroit est une clé essentiell­e

- Texte et photos de Denis Mourizard

Lancer peut sembler anodin. Balancer le leurre derrière soi, balancer la canne vers l’avant, lâcher la tresse au bon moment, et voilà la chose faite. Puis il y a ces jours où on cherche à lancer un peu plus loin, et où on ne lance jamais assez loin... La chasse d’oiseaux reste hors d’atteinte, et plus on s’approche, plus elle perd en intensité ! Il y a parfois de quoi se taper de vraies crises de nerfs... Le lancer est un art, mais pourquoi ? Parce que de la maîtrise technique vient l’optimisati­on des résultats. En bateau, la pratique diffère fortement de celle que l’on peut mettre en oeuvre au bord. La stabilité est moindre, l’espace est plus restreint, et puis les risques

sont également plus nombreux. Accrocher l’oreille du voisin, si ce n’est que ça... Tirer la manette des gaz juste avant de briser la canne en deux... ou finir à l’eau, avec canne, moulinet, téléphone et lunettes de soleil... On peut en rire. Mais gardons à l’esprit que le lancer, c’est bel et bien une affaire sérieuse !

Lancer loin

Lancer loin n’est pas une attente systématiq­ue de la part du pêcheur au leurre en bateau. Bien naturellem­ent, il a plutôt tendance à approcher le bateau de sa cible. Pourtant, lancer loin reste utile, notamment sur les chasses. Plusieurs voies sont donc à travailler pour dépasser ses limites habituelle­s. Pour commencer, on s’intéresse à la technique à proprement parler. Le lancer des leurres n’est pas bien différent du lancer de surfcastin­g dans ce cas précis. Il faut donner le plus de vitesse possible au leurre, en un minimum de course. Quelques règles sont à garder en tête. Pour acquérir le maximum de vitesse durant un lancer très court, il faut commencer par stabiliser le leurre. Un leurre en mouvement à l’arrière du pêcheur est susceptibl­e de détendre la ligne, et donc de créer un rebond d’énergie dans la canne. La seconde étape est d’accélérer progressiv­ement, en excluant toute idée de force. La puissance n’entre en jeu qu’avec des leurres très lourds, mais même avec ceuxlà il ne faut pas forcer. Il faut laisser la canne se charger, en se contentant de contrôler la puissance entre les deux mains. La canne doit atteindre sa vitesse finale dans le dernier tiers du geste, lorsque la canne est visible. Enfin, la troisième étape est le blocage final. C’est la qualité du blocage qui détermine la vitesse terminale du leurre. Un bon blocage permet de placer la canne dans l’alignement du jet désiré. Il faut ramener la base du talon près du bras supérieur (celui qui tient le moulinet). Le blocage signifie bien ce qu’il évoque : il faut bloquer la canne, fermement. Imaginez vous simplement refendre du bois avec une hache, c’est au moment du contact de la lame avec le bois que vous serrez fortement le manche. C’est la même chose avec la canne ! C’est au moment même du blocage que les mains doivent serrer fermement la poignée, pour éviter que la puissance accumulée ne s’échappe dans le talon au lieu de repartir vers le scion pour finalement se transférer dans le leurre. L’énergie motrice transférée au leurre est proportion­nelle à l’énergie accumulée par le bas de la canne et propulsée vers le scion.

Lancer droit

Lancer droit est toujours nécessaire, car lancer sans savoir où on veut aller est pour ainsi dire : risqué ! Pour lancer droit, rien ne peut être plus simple. Votre leurre est derrière vous. Un petit coup d’oeil reste nécessaire pour seulement vérifier que rien ne risque de retenir le leurre. Ce leurre est pendu sous la canne, immobile, et alors on regarde dans la direction du lancer. Le leurre, la ligne, la canne et le regard sont alignés dans le même axe ! L’exécution du lancer ne doit pas décaler la canne de cet axe, il suffit de passer le bras bien dans l’axe de la direction voulue. Si le leurre balance derrière soi, poussé par le vent par exemple, alors même si la canne suit la bonne trajectoir­e le leurre ira dans la direction opposée au balancemen­t. En clair, lorsque vous lancez et que le leurre est poussé sur votre gauche, il partira sur votre droite, et inversemen­t. Il est clair que dans ces conditions, un leurre dense (type casting jig) est plus facile à orienter qu’un leurre très léger.

Lancer avec précision

La notion de précision n’est pas obligatoir­ement liée à la notion d’axe de lancer. Elle peut aussi

Un lancer parfait n’ est pas un lancer rapide. Il est rapide à la fin, mais plutôt lent au début. L’ accélérati­on doit être progressiv­e, du début jusqu’àlafin.

être associée à la zone que l’on veut atteindre, comme si on voulait déposer le leurre dans un verre d’eau. Cela inclut des notions de repérage dans l’espace. Ces capacités ne peuvent venir qu’avec l’entraîneme­nt. Il n’y a pas de recette miracle, il faut s’exercer. Naturellem­ent, on le fait à chaque sortie de pêche. Pourtant, on gagne vraiment à travailler aussi cela chez soi, dans le jardin ou en pleine nature. Pour acquérir ou développer sa capacité à estimer les distances et la précision, il est bon de s’entraîner avec des lests bien visibles, comme une balle de ping pong orange. On peut la lester et s’entraîner sur un plan d’eau. Une balle de mousse peut aussi faire l’affaire. Ce n’est pas obligatoir­e, mais ça aide vraiment lorsqu’il faut déposer le leurre à 30 mètres juste derrière une petite tête de roche. J’invite également le lecteur à s’habituer à jouer avec le vent. Le vent n’est pas obligatoir­ement néfaste, il peut aider le pêcheur. Je pose un cas concret : imaginez vous dériver devant des têtes de roche. Le vent vous pousse dans une direction. Si vous lancez, la ligne fera un ventre dans la direction du vent. Avec un peu de maîtrise et d’habileté, vous pouvez faire passer cette ligne arrondie derrière une roche. Le leurre fera alors une chose étrange. Il suivra la trajectoir­e de la ligne, pour contourner la roche. Cela est le genre de petites astuces qui peuvent faire basculer une partie de pêche…

Lancer au bon endroit

Nous reprenons ici l’exemple précédent. Bien lancer évoque aussi la nécessité de lancer le leurre au meilleur endroit qui soit pour qu’il puisse trouver son poisson. Parfois, les conditions météo nous compliquen­t les choses. Le vent, les vagues, le courant, les roches et les végétaux ne facilitent pas les choses. Lancer au bon endroit veut donc dire qu'il faut parfois tenir compte des contrainte­s pour les éviter, ou les contourner. L’exemple de la tête de roche et du vent précédemme­nt énoncé peut être soutenu par bien d’autres. Le vent qui dévie la ligne peut nous appeler à lancer en amont de la zone voulue, pour compenser l’effet

du vent. Cela est également vrai pour le courant. Mieux vaut travailler un leurre poussé par le courant depuis un point de chute en amont de la zone, que se hâter de travailler un leurre posé dans la zone du poisson et qui en sortira très vite poussé par le courant ! Lancer au bon endroit signifie surtout réfléchir à la potentiell­e rencontre entre un leurre et un poisson, une rencontre qui doit être fluide, naturelle et sans équivoque. Il faut donc pour cela jouer avec les éléments, et non pas contre !

Lancer en sécurité

La sécurité parle véritablem­ent à tous ceux qui ont eu à s’enlever un triple de la joue, de l’oreille ou du cuir chevelu... Pour les autres, elle peut être consciente, ou totalement absente. C’est surtout dans les moments d’intense excitation qu’on en oublie les règles de sécurité. La présence d’autres pêcheurs à bord du bateau est la première source de risque. Les bateaux qui n’ont qu’un faible espace de circulatio­n, comme les pneumatiqu­es sont les plus touchés par ce risque. Il faut toujours, systématiq­uement, et sans aucune exception possible, regarder derrière soi avant de lancer. On doit également s’assurer une bonne stabilité à bord, ne pas lancer si on est pas en appui sur le bateau, d’une façon ou d’une autre. On doit également veiller à lancer avec une bannière courte, idéalement de la moitié de la longueur de la canne. Pour toutes les pêches en surface, on peut utiliser une tête de ligne assez courte, mais pour les pêches au poisson nageur ou au leurre souple, on préfère une tête de ligne longue. Il faut alors prendre un grand soin à la réalisatio­n de son noeud de connexion avec la tresse. De ce noeud dépend partiellem­ent la sécurité du leurre. S’il est trop volumineux, il tapera dans les anneaux de la canne et risquera de rompre. Je précise pour terminer que tous ces points évoqués ici sont à retenir et à mettre en pratique, toujours. Les pneumatiqu­es ont également le risque inhérent à leur conception : les boudins gonflables. Un triple dans le boudin, chaque utilisateu­r sait ce que cela veut dire... Nous voilà arrivés au terme de cet article. Le lancer est un vrai bonheur, il fait partie de la vivance de la pêche. Je vous invite fortement à le prendre en amour, pour le développer, l’améliorer. L’entraîneme­nt, pour le pêcheur aux leurres comme pour le pêcheur en surfcastin­g est important. C’est par le travail que l’on progresse, et cela peut tout à fait se faire ailleurs qu’à la pêche. Je vous souhaite à tous de vous lancer dans les meilleures conditions.

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Toujours regarder la direction et la zone que l’on cible pendant le lancer.
 ??  ?? …sur un disque qui indique la direction.
…sur un disque qui indique la direction.
 ??  ?? Du démarrage du lancer jusqu’à la fin, la trajectoir­e de la canne doit être placée…
Du démarrage du lancer jusqu’à la fin, la trajectoir­e de la canne doit être placée…
 ??  ?? La libération de la ligne doit être exactement synchronis­ée avec le blocage du talon.
La libération de la ligne doit être exactement synchronis­ée avec le blocage du talon.
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 ??  ?? La main du bas tire sur le talon pour mettre en pression le blank et donner l’accélérati­on tandis que la main qui pousse donne la direction.
La main du bas tire sur le talon pour mettre en pression le blank et donner l’accélérati­on tandis que la main qui pousse donne la direction.

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