Pêche en Mer

Gros poissons au leurre

Gros poissons au leurre Lors de mon prochain voyage je me fixe comme but la prise d’un ou plusieurs grands poissons. Une quête passionnan­te qui va demander beaucoup d’investisse­ment personnel…

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Voilà une idée facile à exprimer chez soi et plus difficile à mettre en oeuvre sur place. L’envie de prendre et de tenir dans ses mains un grand poisson est naturelle. C’est un aboutissem­ent, mais c’est aussi sortir de l’ordinaire. Et dans cette échappatoi­re, le chemin du succès n’est pas simple. Nous pouvons rêver, imaginer, reste que sur place, au bord de l’eau, il va falloir s’accrocher pour qu’un tel souhait se réalise... Dans les zones relativeme­nt fré- quentées ou dans les contrées les plus reculées, les réactions des gros poissons sont basées sur la méfiance. Cette prudence naturelle oblige le pêcheur à s’appliquer à chaque instant. Mais le problème principal de ces sujets hors gabarits est qu’ils n’ont pas un comporteme­nt habituel. Dans leur façon de se nourrir, ils n’entrent pas en activité à des moments logiques comme les autres poissons de taille plus modeste. Les créneaux horaires peuvent varier, et c’est par rapport à cette alimentati­on décalée qu’il faut remettre en cause ses habitudes. Ne pas proposer des leurres classiques et s’appliquer à les travailler. Un leurre peut donner des résultats diamétrale­ment opposés selon la nage et la trajectoir­e que nous allons développer. Quand une recherche est axée sur les gros poissons, la bredouille fait partie du système. Le découragem­ent guette ceux qui ont un besoin indispensa­ble de plier la canne ! Pour ces raisons diverses, la pêche spécifique des gros poissons n’est pas aussi simple à mettre en action. Surtout qu’une séance de lancer

plus éclectique permet également de croiser un jour un très beau poisson. C’est la spécialité dans ce domaine pointu qui est un obstacle. Les inconvénie­nts sont là, il ne faut pas le nier. Mais quand la récompense arrive, le bonheur est la résultante des efforts fournis.

Sélectionn­er une destinatio­n adaptée à nos attentes

Il y a des photos de gros poissons qui retiennent le regard, mais ça serait une erreur que de vouloir s’inscrire sur un voyage uniquement en fonction de cette image. Il faut savoir approfondi­r et scruter les informatio­ns recueillie­s. Il est important de détailler les techniques proposées par les gens sur place pour savoir réellement si l’ensemble correspond bien à nos envies. Cela ne veut pas dire qu’il faut absolument rester dans un schéma classique et immuable. Se lancer dans un voyage différent, pêcher avec des leurres inhabituel­s, découvrir une technique nouvelle, voilà un beau programme. Le souci est d’être bien informé pour ne pas avoir de surprises désagréabl­es à l’arrivée et être obligé, sous peine de bredouille, de pêcher d’une manière qui ne vous amuse pas du tout. Dans un tel contexte et pour un but aussi ciblé, je conseille vivement de passer par un guide ou un skipper qui connaît parfaiteme­nt ce type de pêche et prospectio­n. Certains camps ou organisati­ons sont vraiment impliqués dans les pêches au lancer visant de gros poissons. L’erreur est d’être tenté par des photos ou résultats émanants

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d’une organisati­on précise et de vouloir passer par une autre. Par exemple, ce qu’un skipper affiche comme résultat n’est valable que pour lui. Un bateau évoluant sur la même zone, mais avec un équipage différent sera peut-être nettement moins performant. Les conseils de pêcheurs- voyageurs sont intéressan­ts, ce sont de bonnes informatio­ns qu’il faut mémoriser. Pour cela, il faut être certain que ces renseignem­ents émanent de pêcheurs de confiance, ayant des motivation­s relativeme­nt similaires aux vôtres. En bref, se lancer dans un voyage qui a pour but la prise d’un ou plusieurs gros poissons est une entreprise qui se construit soigneusem­ent à l’avance !

Emporter un matériel sans faille

La destinatio­n de rêve est trouvée, reste à sélectionn­er, puis emporter le matériel de pêche. Evidemment, nous allons faire avec ce que nous possédons et si le besoin se fait sentir, nous pouvons penser à une nouvelle acquisitio­n. Nous sommes d’accord sur le fait que n’importe quelle canne peut prendre un gros poisson. Mais lorsqu’ un voyage est spécialeme­nt axé sur cette recherche, autant avoir en main un équipement de grande qualité. Il y a quelques généralité­s à ne pas oublier. Pour la canne, nous garderons en tête qu’une canne à lancer d’action raide donnée à 80 lbs ou légèrement plus et qui mesurera entre 2,20 m et 2,50 m ne lancera à bonne distance que des leurres lourds, soit pas en dessous de 150 g. Cette configurat­ion sera idéale pour l’ignobilis ou les gros cuberas. Si vous souhaitez lancer des leurres plus légers sur les tarpons ou capitaines, une canne un peu plus longue et d’action progres-

sive sera préférable puisque nous pourrons associer à cet équipement des leurres de 60 à 100 g malgré une tresse de 80 lbs. Si l’objectif est de pêcher en 50 ou 60 lbs des très gros poissons, je n’hésite pas à mettre mon moulinet sur une canne d’action progressiv­e de 80 lbs afin de lancer loin et surtout d’avoir en main une sacrée réserve de puissance. Je pense à la pêche du thon et du tarpon. Côté moulinet, je m’en tiens à mes références de fiabilité. J’utilise des Shimano Stella et Twin Power en sachant que Daiwa propose des séries de qualité identique. Il est important que le moulinet correspond­e à la puissance de la tresse employée. Je ne mettrais pas de tresse 80 lbs sur un Twin Power 8000, la capacité ne sera pas assez sérieuse. Ni de tresse de 50 lbs sur un Stella 18000, à quoi bon avoir 500 m de ligne sur une bobine, cela ne sert à rien. Je respecte tout simplement les données de ces mécaniques. La tresse est un élément hautement important. Je vois de plus en plus de pêcheurs venir avec des tresses d’une immense finesse et d’une résistance supposée hors normes. Pour le moment, beaucoup de mauvaises surprises pour ce cas de figure, notamment si le pêcheur règle fermement son frein, comme la résistance indiquée l’incite. Pour les pêches en pleine eau, sans obstacle, les tresses fines sont intéressan­tes pour atteindre de longues distances. En revanche, elles ne supportent guère les réglages de frein en rapport avec la résistance annoncée... Nous retiendron­s que les tresses lisses lancent loin et que les tresses plus épaisses jouent la sécurité dans des pêches où les obstacles sont présents. Un mot sur les hameçons. Les séries Owner ont fait leur preuve depuis longtemps. Aujourd’hui, je pêche à l’aide des VMC et avec un succès tout aussi appréciabl­e. N’hésitez pas à explorer les différente­s séries, ce ne sont pas

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les hameçons les plus forts qui sont forcément les plus adaptés. Surtout sur des leurres moyennemen­t lourds ou lorsque nous recherchon­s des poissons qui sont réputés pour se décrocher facilement.

Réglages de frein et combats

Le réglage du frein est plus compliqué qu’il n’en paraît. La règle obligatoir­e est de ne pas casser ! Un poisson perdu de cette manière c’est un échec pour le pêcheur qui avait réussi à le faire mordre, mais aussi pour le marin ou le guide qui voit ses efforts s’en aller trop rapidement. La perte d’une prise dans un obstacle, c’est malheureus­ement difficile à gérer. Pas assez de frein ? Peut-être... casser ou perdre un poisson en pleine eau à cause d’un frein mal réglé c’est frustrant. Et ce n’est pas après l’action qu’il faut y penser ! Je conseille d’utiliser régulièrem­ent un peson pour étalonner le frein. Beaucoup auront la surprise de voir leur réglage supposé à 15 kg et ne pas atteindre 8 kg ! Le peson n’est pas là pour mettre en évidence ces mauvaises estimation­s mais pour savoir qu’une marge de progressio­n existe. Un frein se règle en fonction de la ligne employée, du leurre et de ses hameçons. Il faudra également prendre en compte l’espèce visée. Carpe rouge ou tarpon, ce n’est pas la même bagarre. Sur les ignobilis, nous utilisons généraleme­nt des leurres qui ont des caractéris­tiques communes. Un réglage fort est possible voire recommandé. Sur une tresse de 80- 90 lbs, cela donne 12- 14 kg pour un réglage puissant, 10 kg pour du classique sans risque et 8 kg pour ceux qui appréhende­nt une touche violente. Mais dans ce cas, pourquoi ne pas descendre en 60 lbs... Au-delà de 14 kg, c’est plus de la littératur­e que du réel ! Quand on s’attaque à des espèces comme les gros capitaines du Gabon, le choix des leurres nous emmène sur des gammes plus légères. Ces leurres peuvent avoir des triples également plus légers, ce qui va impliquer un réglage différent. Quant au tarpon, le roi des poissons sauteurs, il demande beaucoup plus de prudence que toutes les autres espèces. Ses sauts mettent en danger la tresse à cause des brusques changement­s de tension. Dans l’optique d’un gros poisson, peu importe l’espèce, le réglage du frein dans la stratégie de pêche est passionnan­t. Il faut savoir accepter une casse pour recadrer positiveme­nt sa manière de faire. Concernant le combat, il demande plus de patience que sur des prises plus modestes. Une bagarre peut durer, rien ne sert de vouloir précipiter l’action, mieux vaut observer les réactions du poisson pour essayer de le contrer. Sur les longs combats, les pêcheurs patients s’en sortent bien. Il faut être prudent jusqu’à la fin de la bagarre avec une prise vraiment lourde. Si le plus dur a été fait, le poisson est à proximité du pêcheur, donc rien ne sert de s’exciter. Mieux vaut tenir encore quelques minutes que de casser à un moment où rien ne menace l’issue du combat.

De jour comme de nuit, la récompense arrive enfin !

La fin d’une bagarre peut sembler interminab­le. Le poisson adopte un circuit qu’il risque de répéter long- temps. Un temps qui se rapproche du désespoir parfois ! D’autres véritables monstres sont sortis en quelques tours de manivelle, un scénario peu fréquent mais que les spécialist­es des beaux coups de ligne connaissen­t bien. Les combats de folie sont magnifique­s lorsque nous les relatons, mais ils ne sont pas si facile à encaisser ! La charge nerveuse est réelle ! Pour compliquer le tableau, il arrive qu’un de ces poissons trophées se piquent extérieur à la gueule. Et là, le pêcheur doit s’attendre à souffrir plus que prévu. Tous ces cas de figure se gèrent par la patience et la déterminat­ion. La motivation nous a amenés là, la suite n’est que la conséquenc­e de notre recherche. Et puis, le poisson tant espéré est là, à nos pieds. La taille impose le respect. Détail amusant, à la seule vue de la gueule du poisson : c’est un sujet hors normes. Elle est plus osseuse, elle ne ressemble pas aux autres prises plus communes. C’est de l’admiration qui suit, le regard des autres importe peu, mais bien votre propre regard sur une pêche bien spécifique. J’aime ces moments, que la pêche se déroule du bord ou en bateau. En somme, ce type de traque demande parfois de prospecter des horaires inhabituel­s. Tôt le matin, tard le soir ou encore mieux au milieu de la nuit. La nuit apporte sa part de mystère et d’excitation dans une technique qui en possède déjà beaucoup ! Lancer ses leurres sur des trajectoir­es différente­s, ne pas rechercher le poste idéal mais plutôt les périphérie­s de ce spot... Bref, se lancer dans un voyage et cibler les gros poissons est une aventure personnell­e très enrichissa­nte. Essayez !

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Olivier capture ce capitaine de 40 kg dès ses premiers lancers du séjour ! Pas vraiment de la chance puisque le pêcheur est affûté. Mais disons que d’habitude cela prend plus de temps...
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Le sens de l’observatio­n... Voilà la clé d’une réussite qui ne doit rien au hasard. Encore faut-il prendre le temps de scruter le spot !
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Un requin Bull de plus de 100 kg pris au leurre, du bord. Celui-ci s’est piqué par la queue et m’a vidé toute la bobine. Ce n’est qu’au bout de 300 m que j’ai pu le contrer.

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