Le plus long hiver de ma courte vie
Le mois de mars a-t-il été prometteur ? Pas de surprise ! Des conditions météorologiques épouvantables avec des successions de dépressions et de la houle à gogo. Pour ainsi dire rien de réjouissant, pas même de quoi s’exciter un peu, même pour faire semblant. On pourrait se lâcher sur les seiches ? Non monsieur ! Elles sont en train de pondre. Le bassin est devenu en quelques jours un labyrinthe de filets et de nasses. Oh que c’est gentil ça messieurs de continuer à laminer « vos ressources » dans une nurserie. Je ne peux même plus vous blâmer sur ces sujets étant donné les difficultés importantes que rencontre la profession dans le secteur. La nature s’auto-régule et lorsqu’une espèce est menacée pour cause de prélèvements abusifs, elle change ses habitudes, par la force des choses. Du coup, des seiches dans le bassin, il y en a de moins en moins. Maintenant elles remontent gentiment vers le nord, là où il y a des rochers pour permettre aux oeufs de s’accrocher, sans se préoccuper du désarroi de leurs anciens bourreaux. Vous me direz qu’elles sont vaillamment attendues là-haut aussi, certes, mais ça sera quand même plus compliqué car elles sont plus dispersées. Rappelons qu’elles ont déjà pris de sérieux coups pendant leur migration, avec les fileyeurs du large. On ne peut tout de même pas empêcher ces gens de travailler : les filets n’étant pas selectifs. Bon ben alors il nous reste quoi à part les yeux pour pleurer ? J’ai effectué ma première sortie bateau en ce beau week-end de Pâques et je n’ai pas vu l’ombre d’une écaille. Bien sûr trop de houle pour tenter une percée au large, je peux vous assurer que j’ai trouvé le temps long malgré un beau soleil pour donner des couleurs et un vent d’est soutenu pour compliquer l’histoire. Nous avions 105 de coefficient, très difficile de maîtriser l’animation des shads et des jigs avec un tel courant et si maigres il y avait... je ne les ai pas vus ! Ici, nous ne sommes pas encore totalement pénalisés par ces restrictions draconiennes avec zéro bar à l’année comme au dessus du 48ème parallèle, mais en connaissance de cause, je peux vous assurer que si cela venait à descendre jusqu’à nous, ce n’est pas seulement la profession ou la plaisance qui devrait endurer les conséquences, ce serait l’ensemble des métiers de la mer comme cela se passe actuellement en Bretagne. Le rabattage (matraquage ?) sur d’autres espèces comme la daurade ne date pas d’hier et à moins d’y aller tous les jours, il devient bien com- pliqué de tirer son épingle du jeu pour toucher de beaux poissons à moins d’accepter la guerre quasi systématique qui règne sur les spots de prédilection. Alors que faire si on ne peut, financièrement parlant, pas aller aux thons en saison ? Partager messieurs dames... la pêche est une passion qu’il faut partager, entre amis ou en famille, partagez ces moments de quiètude même si il y a plus grand chose à pêcher, on ne sait jamais. Un bon apéro, un bon casse-croûte, de la convivialité, au lieu de s’insulter, et ça, ils ne pourront pas nous l’enlever car s’est tout de même magnifique vers chez nous aussi!