Bar de nuit, au leurre
La pêche au leurre la nuit, c’est toute une ambiance. Surtout lorsqu’elle est pratiquée du bord. C’est aussi l’occasion de voir une autre facette du comportement habituel des bars. Les beaux poissons viennent à la côte se nourrir pendant la nuit et il fau
Lors de mon dernier séjour spécial bar, je me suis heurté à une multitude de petits problèmes liés à la pêche à pied, en plein mois d’août. Surtout que la région choisie m’était totalement inconnue. Du monde, des postes trop fréquentés, du bruit, des bateaux de plaisance qui passent là où vous voulez lancer un leurre. Non seulement j’étais frustré de ne rien toucher, mais en plus le plaisir personnel n’était pas au rendezvous. Renouer avec la bredouille n’est pas un souci sauf si vous avez le sentiment que cela risque de durer... Et c’est exactement le ressenti que j’ai eu. Alors j’ai remis en question ma façon de procéder, et j’ai changé radicalement mon approche. J’ai pratiqué une des techniques que j’affectionne le plus, la pêche de nuit, du bord et au leurre ! Mon avantage est de bien connaître les réactions des poissons pendant ces périodes nocturnes. J’ai pêché avec d’incroyables résultats aux quatre coins du monde, la nuit avec une canne à lancer et une poignée de leurre. En plus, j’aime cette ambiance par dessus tout. J’ai volontairement choisi les horaires du matin pour deux raisons. Avoir la clarté de la lune avec moi, ce qui est une aide non négligeable. Et puis être certain de me retrouver seul au bord de l’eau. Ce qui n’était pas garanti le soir. Succès total, je n’ai pas croisé le moindre pêcheur pendant mes escapades et j’ai rencontré plus de bars que je ne m’étais imaginé. En France j’ai l’impression que la pêche de nuit est le domaine du surfcasting et des pêcheurs à l’appât.Voici donc mon expérience et mes observations.
Clarté lunaire ou nuit d’encre ?
Concernant les nuits noires ou quasiment noires, j’ai plusieurs réflexions. Une majorité de pêcheurs pensent que cette phase sans lune est favorable à la pêche en général. Ils vont donc choisir une telle nuit pour mettre plus de chance de leur côté. La déconvenue risque d’être rapide et sans appel. Premièrement l’analyse est totalement fausse, les poissons sont tout aussi actifs avec ou sans la lune. Il y a des nuits qui donnent, d’autres plus compliquées, un bilan tout ce qu’il y a de plus commun à la pêche. Une nuit noire est bien difficile à
maîtriser. Se déplacer et pêcher avec une lumière artificielle, style lampe frontale, n’est franchement pas une bonne solution. Vous allez juste voir dans le faisceau lumineux de la lampe, le reste sera impossible à distinguer. De plus, les poissons ne sont pas tous fans de ces lumières en mouvement. En action de pêche, vous allez vite trouver cette technique inintéressante. Avec une sensation de lancer au hasard. Votre tentative nocturne risque d’être unique et sans lendemain. Mon conseil est de réserver ces nuits d’encre pour des coups du soir prolongés ou des coups du matin précoces. En sachant que la lumière naturelle du jour n’est jamais bien loin. La lune est une aide précieuse pour la pêche de nuit, au leurre. Tout d’abord c’est un excellent moment pour pêcher et espérer prendre de beaux poissons. Il y a beaucoup plus de destinations où la clarté lunaire est favorable. Je dirais même que c’est la pleine lune qui mérite toute notre attention. Pas besoin de lampe, la lune éclaire généreusement la scène de pêche. Pour pêcher au leurre, localiser les éventuels postes est un atout indiscutable. Visiblement les bars aiment ces moments-là, pourquoi s’en priver ! Une lune à moitié formée, lune ascendante ou descendante, est également à retenir. En lune descendante, je règle mon réveil aux heures où le disque lumineux commence à sortir de l’horizon. Et qu’importe l’heure. J’ai ainsi la solution de durer jusqu’au lever du jour. Pour la lune montante, cela peut être un coup du soir qui va se prolonger tard dans la nuit. Ou bien, ce que je préfère, aller au bord de l’eau pour prospecter les deux ou trois dernières heures éclairées. Dans tous les cas, je me sers de la lune comme une aide précieuse. Et sans vous le cacher, elle me le rend bien !
Dans un premier temps, je ne tiens pas compte de la marée
Si je suis plusieurs jours au bord de l’eau, je ne vais pas tenir compte des marées pour commencer mes pêches de nuit. A moins que la marée basse m’aide à accéder à des postes magnifiques. Après, selon les résultats et ce que j’ai pu observer, je vais modifier les horaires pour faire des incursions lors des marées montantes ou descendantes. Avec également le critère marée haute, marée basse. C’est une motivation que j’apprécie, essayer de construire sa pêche en utilisant les niveaux d’eau. La nuit, nous allons nous rendre compte que les vérités vraies se font et se défont au rythme des séquences de pêche. Le jour c’est totalement différent. La nuit, les poissons adoptent des circuits à but alimentaire. Et ces parcours peuvent donner satisfaction pendant deux ou trois jours et d’un coup, s’inverser totalement. Je pense également que selon les postes et les profondeurs que nous voulons pêcher, l’activité ne sera pas uniforme. La marée basse peut mettre en valeur un certain relief sous marin. N’oublions pas que les bars ou les loups adorent venir se nourrir dans peu d’eau. Ce type de spot peut s’avérer improductif le jour car les poissons ne se sentent pas en sécurité, principalement parce qu’ils sont visibles. Mais la nuit, tout est différent, les bons raisonnements ne suivent pas une logique infaillible. A l’inverse, c’est parfois à marée haute qu’un poste naturellement peu profond va se révéler excellent. Avec de l’eau plus basse les risques de s’accrocher sont trop élevés, nous tenterons alors des marées plus en eau. Une fois de plus, c’est le biotope et la nature même des postes qui vont décider si nos essais futurs
se feront avec un haut niveau d’eau ou une marée franchement basse. Mais pour mes deux ou trois premières tentatives je mettrai en valeur les horaires plus que les marées.
Profiter de la nuit pour pêcher des zones fréquentées le jour !
La nuit a cette immense avantage de voir des zones habituellement fréquentées se vider de toute trace humaine ! Car les poissons sont un peu comme nous, certains ne sont guère gênés par le bruit et d’autres fuient tous ces mouvements dérangeants. Les carnassiers sont généralement sensibles aux bruits artificiels. Ils peuvent déserter un lieu le jour et l’investir franchement au coeur de la nuit. Certains pêcheurs exclusivement diurnes seraient fortement étonnés de voir un secteur connu devenir poissonneux la nuit alors qu’il ne délivre rien d’intéressant le jour. Je pense notamment aux plages fréquentées en période d’été. Ces plages sont naturellement des zones où les bars viennent se nourrir de diverses proies. En ces lieux, le jour ils se font discrets ou absents selon la fréquentation humaine. La nuit, ils deviennent nettement moins méfiants et nagent le long du sable. Un bar adopte un comportement assez similaire aux autres carnassiers. Cette attitude qui les fait nager dans peu d’eau, notamment en suivant par exemple le bord de la plage. Parfois, aidé par une lune bien ronde, vous pouvez les voir évoluer dans le ressac, dans si peu d’eau... Le contraste est visible entre la clarté du sable et la coloration sombre du poisson. La nuit c’est un autre monde, il va falloir s’habituer et s’adapter à des comportements méconnus. Une plage fréquentée devient à un moment de la nuit totalement déserte. En été, je préfère sélectionner la fourchette horaire du matin car je suis certain de ne pas être importuné par des bruits incongrus. J’ai eu récemment la preuve qu’une plage noire de monde de jour peut devenir un incroyable spot de pêche vers 3h du matin ! Le plus surprenant c’est que j’ai capturé de nombreux bars dans mes pieds, dans moins d’un mètre d’eau. Et puis l’immense avantage des plages c’est la totale sécurité que nous avons dans nos marches d’approche, dans l’ensemble de nos mouvements. Avec la lune, nous pouvons laisser notre lampe dans la poche. Dans les rochers, pour peu que des nuages s’en mêlent, la prudence est de mise. Et si vous usez et abusez de votre lampe, les effets risquent d’être néfastes pour la pêche.
Choisir des leurres qui supportent une récupération lente…
La nuit, du bord, le choix d’un leurre doit être simplifié. Je conseille d’utiliser une boîte facile d’accès qui sera épurée de tous leurres inadaptés. Nous ne sommes plus dans de multiples choix hasardeux, il faut aller droit au but. J’ai une boîte de secours avec toutes sortes de leurres dans mon sac à dos et une autre accessible avec seulement 4 leurres. Pas plus. Selon les résultats de la veille ma sélection d’urgence peut changer. En revanche, il y aura forcément deux ou trois poissons nageurs. Ce sont mes préférés pour ces pêches nocturnes, notamment un stick genre Mister Joe pour compléter mes favoris. Pour les leurres à bavette je ne prends pas n’importe lesquels. Je vais en prendre deux qui se maintiennent non loin de la surface et un dernier qui coule plus franchement. Ma hantise d’un accrochage et d’une casse m’a fait pêcher proche de la surface. De toute façon les zones que je préfère étant peu profondes, c’est avec de tels leurres que je réussis le mieux. Le Mister Joe est un stick qui se travaille très bien lentement. C’est exactement ce que je cherche. Je ne veux pas d’un leurre qui m’oblige à mouliner rapidement, la nuit c’est le ralenti qui prime ! Et pour mes poissons nageurs c’est exactement pareil. J’aime pêcher avec des suspendings et même des coulants, à la condition qu’ils plongent lentement et qu’à la moindre récupération ils se maintiennent entre deux eaux. Je choisis plutôt des petits modèles de 8 à 12 cm maximum. La condition supplémentaire que j’exige, c’est qu’ils se lancent à de longues distances. Je sais que la nuit un petit vent de face est fréquent. Les leurres mal équilibrés partent en vrille sur des lancers appuyés.
Je veux qu’ils filent tous assez loin du bord, sans avoir à forcer. Les pêches de nuit sont exigeantes, autant ne pas se compliquer la vie. Le poisson nageur coulant sera le plus grand, pour la prospection d’une zone plus profonde. Mais c’est avec les 8/10 cm que j’enregistre la plupart de mes touches. Et si je sens qu’il me faut changer radicalement de technique, il me suffit de poser mon sac à dos et d’ouvrir ma boîte de secours pour trouver des leurres d’une taille plus volumineuse. Nous retiendrons que l’organisation de son matériel, le choix des leurres et son accessibilité est la clé de la réussite !
Les zones peu profondes sont excellentes la nuit
Je prends mon cas particulier, celui d’un pêcheur non spécialiste du bar qui en plein été aligne plusieurs bredouilles d’affilée sur des postes d’école. Des pointes rocheuses, des brisants magnifiques et toujours pas la moindre attaque malgré un certain acharnement. Après une remise en question et en changeant mon approche des lieux, je me lance dans la prospection, à 3h du matin, de la plage la plus fréquentée du coin. Un bout de sable minuscule en plein village balnéaire... Miracle, je capture immédiatement un bar et bien d’autres dans cinquante centimètres d’eau. Là même où s’égayaient quelques heures avant des centaines de touristes avides de soleil et de bain ! Le contraste est surprenant pour ne pas dire passionnant. Et surtout, cela m’ouvre de magnifiques perspectives. Mon expérience per- sonnelle des pêches nocturnes à travers le monde m’a appris que les poissons les plus méfiants le jour viennent chasser dans très peu d’eau au coeur de la nuit. C’est une constante. Et notre ami labrax n’y échappe pas ! Depuis la plage, le geste automatique est de lancer loin votre leurre, en direction du large. Mais la majorité des attaques va se passer dans vos pieds, lorsque votre leurre va se mettre à talonner le sable. Les bars sont là, dans peu d’eau... A tel point qu’avec l’aide de la clarté lunaire vous risquez d’en apercevoir un beau qui longe le sable. Capturer à vue, en pleine nuit, un bar de plusieurs kilos est une expérience qui marque, je vous le garantis ! Encore faut-il que la clarté de l’eau soit au rendez-vous. Pour les zones rocheuses je me méfie de tous ces obstacles. Je n’ai aucune envie de casser et surtout de devoir réparer la nuit. J’ai bien une bobine de moulinet de rechange, avec un bas de ligne monté et une agrafe déjà fixée. Mais j’évite les risques d’accrochage. Donc sur les spots purement rocheux, je ne pêche qu’en surface avec un stick ou un poisson nageur qui reste scotché à la surface, dans n’importe quelle condition. Parfois la chance vous fait trouver une zone favorable rapidement et les séances que vous allez développer seront à la base très motivantes. A d’autres moments, la recherche prend du temps et la nuit se pose toujours la question : suis-je dans le coup ou pas ? Ceux qui sauront surmonter ces difficultés risquent d’être récompensés avec à la clé de nouvelles techniques dans leur bagage !