Pêche en Mer

Trois postes majeurs pour le leurre

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Le bar est un poisson démonstrat­if qui reproduit des comporteme­nts de chasse particuliè­rement clairs pour celui qui cherche à les comprendre. En prenant l’exemple de trois postes majeurs fréquemmen­t rencontrés par les pêcheurs aux leurres, nous allons décrypter ces comporteme­nts pour mieux comprendre l’animal. Avant que l’homme ne crée l’économie, que devait-il faire pour manger un fruit ? Il lui fallait simplement se rendre sous un arbre fruitier pour en cueillir le fruit. Et pour manger de la viande ? Il lui fallait chasser, soit à l’affût en se cachant, soit en groupe pour vaincre des animaux bien plus gros que lui. Les connaissan­ces que l’homme a développée­s pour se nourrir, toutes les espèces animales les ont elles- mêmes développée­s, à leur échelle, et dans leur environnem­ent. Il y a dans les comporteme­nts du bar une intelligen­ce réelle et adaptée à son milieu, laquelle lui permet de se remplir la panse. Le pêcheur aux leurres fait plutôt appel à l’instinct de chasseur du bar. Les situations que nous allons exposer diffèrent par la configurat­ion des trois postes, mais ces postes ont tous des points communs.

Deux postes de pêche pour pêcheurs du bord

Le pêcheur du bord est tributaire de la côte. Il n’a pas le loisir d’évoluer au gré des courants et n’a que peu de possibilit­és pour s’y adapter. Les deux postes que nous avons choisis de décrire ici sont des postes majeurs sur lesquels il y a très peu de chances de ne pas trouver quelques poissons.

La pointe de roche Définition

On entend par pointe une formation saillante qui sort de la côte pour pénétrer dans l’eau. Par extension on peut s’imaginer une digue rocheuse artificiel­le, mais cela ouvre également sur toutes les formations rocheuses aux formes allongées.

Configurat­ion

Qu’il s’agisse d’une digue ou d’une formation rocheuse, on retrouve toujours les caractéris­tiques suivantes. Deux faces opposées exposées aux vents et au courant. Une extrémité qui donne accès au large et aux deux côtés de la zone. La jonction avec la côte qui forme deux angles opposés.

Compréhens­ion du lieu

Quelle que soit sa forme ou sa taille, la pointe de roche ou la digue interagit toujours de la même façon avec l’élément liquide. La roche est frappée par les flots de différente­s manières : soit par les vagues du large, soit par la houle, soit par les courants. Peu importe la situation à laquelle vous allez vous confronter, le poisson est

toujours situé du côté opposé aux vagues. Il fait ce choix pour se sécuriser ( car il est protégé des éléments), mais aussi pour bénéficier de l’effet de surprise (car il est caché). On trouve donc des poissons en deux endroits principaux que sont la pointe et le premier tiers de l’ouvrage ou de la formation rocheuse. Il est important d’aborder à présent le principe de la mécanique des fluides, car les poissons se placent toujours en fonction du courant. Imaginons que le courant frappe la formation rocheuse par la droite. Le courant remonte sur son flanc jusqu’à se dégager sur la pointe pour réintégrer le courant principal. De l’autre côté de la pointe se crée une dépression de courant, une zone neutre. Les poissons se placent à cet endroitlà. Ils sont protégés par la digue et ont une vue dominante sur toutes les proies qui passeraien­t à la lisière du courant. Je vous invite à vous imaginer à la place du poisson. Il faut à présent intégrer un autre phénomène : les vagues et la poussée du large. En présence de houle, le courant est repoussé à l’intérieur de la digue ou de la pointe rocheuse. C’est cette poussée du large qui fait varier la position des poissons plus ou moins à l’intérieur de la digue. En présence d’un simple courant venant de droite, et sans houle du large, les poissons seront à l’extrême limite de la digue. En présence de houle, ils seront plus à l’intérieur de quelques mètres. On peut également trouver des poissons tout au bord, dans les deux angles formés par l’avancée rocheuse. Du côté d’où provient le courant, les poissons seront vraiment collés au sable, profitant du résidu de courant qui s’est segmenté en deux directions au moment du contact avec la digue. On peut les trouver plus ou moins éloignés de l’ouvrage, à quelques mètres ou quelques dizaines de mètres selon la puissance du courant. Du côté opposé, on ne les trouve qu’en cas de vent contraire au courant. Je m’explique : tenant compte du fait que le courant arrive de la droite et s’évacue par la pointe, tenant compte du fait que la houle pousse la masse liquide vers l’intérieur de la digue (côté protégé), on admet que les vagues de vent orientées face au courant rabattent une part de nourriture dans la zone la plus protégée. Quelques poissons peuvent donc s’y trouver.

Conseils importants

En arrivant sur une pointe rocheuse ou une digue, ne foncez pas tête baissée vers la pointe. Vous manqueriez les poissons situés très près du bord, à la naissance de la zone. Prospectez toujours de la côte vers le large en restant très discret.

L’estuaire Définition

On entend par estuaire une arrivée d’eau dans la mer. Géologique­ment parlant on parle d’un fleuve ou d’une rivière, mais nous y intégrons par pratique tout ce qui est cohérent avec la définition initiale. Une arrivée d’eau douce ou d’eau saumâtre par un canal ou autre est pris en compte.

Configurat­ion

Un estuaire est une évacuation d’eau canalisée. Cette évacuation peut être de taille plus ou moins importante, et être créée ou non par la main de l’homme. Généraleme­nt, deux infrastruc­tures rocheuses sont présentes à la sortie même de l’évacuation pour éviter l’érosion du sable. Nous retrouvons donc dans cette configurat­ion deux fois le poste précédent, à la différence que le poisson se retrouve potentiell­ement avec deux sources de courant : celle de la mer et celle de l’eau qui s’écoule des terres.

Compréhens­ion du lieu

Tout ce qui a été expliqué pour les têtes de roche ou les digues reste applicable ici. Nous avons progressiv­ement ajouté les forces en présence : le courant, la houle du large et le vent qui jouent les uns avec les autres pour définir l’emplacemen­t des poissons. Nous retrouvons donc les mêmes mécanismes, mais s’ajoute une

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Comprendre la mécanique des fluides permet de comprendre les interactio­ns entre le poisson et son environnem­ent.
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Là où se rencontren­t terre et mer, le fluide et le solide, la vie se crée.
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Quand l’eau est canalisée, elle définit un espace pour les poissons, et pour les pêcheurs.

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