LE CRABE VERT
Carcinus maenas (Linné, 1758) Appelé aussi crabe de roche, crabe enragé, crabe rouge.
Description
Ce crustacé est protégé sous une carapace calcaire très dure en forme de trapèze et ornée de chaque côté de cinq dents. Il dispose de huit pattes et deux grosses pinces et mesure jusqu’à 8 cm. Il se déplace de côté (en crabe). Sa couleur est très variable, principalement verdâtre. Sous le crabe, on distingue son sexe par la forme triangulaire de l’abdomen replié sous le thorax : étroit et anguleux chez le mâle, large et arrondi chez la femelle. Selon sa phase de mue, le crabe peut être dans trois états différents : franc, mou ou normal. Le crabe vert « normal » possède toutes ses aptitudes physiques, il est dur, vorace et vivace. Le crabe franc prépare sa mue dite période pré-exuviale. Il sécrète alors un liquide entre son épiderme et sa carapace. Schématiquement, ce liquide va digérer des composants de la carapace dure pour aider la formation de la nouvelle carapace molle. Lorsque la nouvelle carapace est prête, il rejette l’ancienne (exuviation) grâce à des mouvements rythmés et en avalant de l’eau pour gonfler au maximum. Le crabe mou est en période dite de durcissement ou période post-exuviale. Il est beaucoup plus gros que la carapace de laquelle il vient de sortir, appelée exuvie. La sécrétion de sa nouvelle carapace reprend. Celle-ci incorpore du calcaire jusqu’à redevenir la carapace dure du crabe vert normal.
Mode de vie
Le crabe vert se cache sous les roches et les algues pour se protéger. Il se situe principalement dans l’estran, d’où son nom anglophone « shore crab » (littéralement « crabe de côte »). Il y trouve sa nourriture : mollusques, poissons, autres crustacés et détritus d’animaux morts. Très vorace, il ouvre les coquillages avec ses pinces et est capable de dévorer jusqu’à 50 jeunes huîtres par jour ! Il supporte des taux de salinité très variés, entre 4% et 52%, c’est pourquoi on le trouve facilement en estuaire et en eau saumâtre. Le squelette externe du crabe n’est pas extensible. Pour grandir, le crabe change de carapace à chaque mue (mue de croissance). Lorsqu’il sort de sa vieille carapace, le crabe est mou et vulnérable. Les femelles peuvent être fécondées facilement juste après le rejet de l’ancienne carapace. Le mâle recherche une femelle pour l’aider à muer puis la féconder. La femelle possède sous sa carapace une poche incubatrice pour ses oeufs, qu’elle garde plusieurs mois avant de pondre jusqu’à 185 000 oeufs d’un seul coup.
Récolte
Le crabe vert se récolte dans la zone de balancement des marées. On le trouve dans les mares autour des roches, pieux, algues et autres refuges. Les meilleurs spots sont les zones d’enrochements garnies d’algues, les zones d’élevages d’huîtres ou de moules, les digues. On les trouve aussi dans les bâches (ou baïne). Même si les crabes verts sont présents toute l’année, on les trouve en plus grand nombre entre mars et septembre, période durant laquelle la température de l’eau leur permet de muer. On les récolte entre trois heures avant et trois heures après la marée basse, sur la zone située entre le milieu de l’estran et la laisse de basse mer. Plus on descend vers la laisse de basse mer, plus les individus rencontrés sont cachés, corpulents et variés : étrilles, tourteaux, homards.... Le milieu d’estran est idéal pour la récolte des crabes verts, durs comme mou. Les mares découvrent et se réchauffent au soleil durant environ six heures, moitié du cycle de marée de 12h. Les algues vertes ou marrons exploitent au mieux leur capacité photosynthétique et les crabes s’y
réfugient. Ils supportent une température maximum de 30°C. Pour récolter spécifiquement les crabes mous, il faut arriver une heure avant la basse mer, ce qui permet de laisser les mares exposées au soleil durant environ deux heures, laps de temps suffisant pour que la plupart des crabes francs aient entamé ou terminé leur séparation de carapace. On les trouve alors souvent en train de muer ou à proximité de leur ancienne carapace vide aux couleurs claires. La récolte s’effectue à la main en caressant les algues le long des rochers jusqu’à sentir un individu mou. Une fois les algues peignées autour du rocher, on peut regarder sous la roche puis la lever pour détecter la présence de crustacés cachés. L’objectif n’est pas de retourner le terrain ! Une récolte efficace est possible par une approche discrète des mares et une observation minutieuse des moindres pierres, algues et autres refuges pour détecter la présence de crabes aux couleurs mimétiques ou de carapaces à l’aspect fossilisé. En courant sur les roches pour passer avant le voisin, on rate les 3/4 de la récolte. Les crabes verts seront plus faciles à repérer car ils se déplacent furtivement à la moindre émission de vibration pour se réfugier sous une roche, ce qui les rend difficiles à attraper. L’utilisation d’un gant et/ou d’un petit crochet sera alors pratique pour aller les chercher sous une pierre. Les crabes sont omniprésents sur les parcs d’élevage ostréicole et mytilicole, où ils sont assez faciles à récolter. Privilégiez les abords de ces zones artificielles pour préserver les installations et le travail des éleveurs. Enfin les baïnes et bâches sont appréciées par les crabes verts qui y trouvent une quantité de nourriture importante. Nombreux sont les pêcheurs de crevettes à relâcher les crabes mous ou durs présents dans leurs filets. N’hésitez pas à vous associer à un pêcheur de crevette en l’aidant à trier sa récolte tout en conservant les éventuels crabes présents.
Conservation
L’état du crabe conditionne sa conservation. Les crabes verts et les crabes mous peuvent être stockés dans un seau assez large pour qu’ils ne s’entassent pas trop, sans eau mais garni de quelques algues qui conservent l’humidité nécessaire au bien-être des crabes et qui leur permettent de se cacher pour limiter leur stress. Les crabes francs doivent être placés dans l’eau jusqu’à ce qu’ils aient mué : soit dans une mare fermée où ils ne pourront pas se réfugier sous un rocher, soit dans un large seau généreusement rempli d’eau oxygénée. Dans ce contenant non naturel, le crabe franc sera stressé et va soit muer précocement, soit mourir. Dans ce dernier cas vous pourrez retirer sa carapace à la main ainsi que les pattes et pince et l’escher comme un crabe mou. Si vous avez un doute quant à la nature du crabe vert normal ou franc, il suffit de casser la pointe à l’extrémité d’une des deux petites pattes arrière. Si vous découvrez une pointe molle en dessous de celle que vous venez de retirer, c’est sa nouvelle carapace qui est en construction : c’est un crabe franc. Si la patte se casse et qu’il n’y a rien en dessous, c’est un crabe vert. Si vous ne pêchez pas immédiatement, conservez les crabes mous au frais. Le seau peut être posé à l’ombre sur des pains de glace ou dans le bas du réfrigérateur si vous avez la place nécessaire. Ils se conservent ainsi dix jours, mais les crabes mous durcissent au bout de trois jours : ils deviennent mi-dur et moins efficaces. Il est possible de congeler les crabes mous. Dans ce cas je vous conseille d’en congeler quelques-uns déjà eschés, avec par exemple un hameçon triple, car leur tenue est médiocre une fois décongelés.
Eschage
Avec le temps, je me suis restreint à n’utiliser qu’un montage : le wishbone. Ce montage à deux hameçons en parallèle permet une tenue convenable de cet appât fragile. Chaque hameçon est piqué à la base des premières pattes en dessous du crabe puis repiqué par le dessus au niveau des pinces. On peut inverser le sens en piquant d’abord par le dessus puis en repassant par le dessous, ce qui permet une présentation « dans le bon sens » lorsque l’on pêche au flotteur avec des petits hameçons dans une eau claire. Deux hameçons à hampe courte et large ouverture sont idéaux, de gabarit n°1/0 à 3/0 pour la pêche au posé, et en taille 2 à 1/0 et à palette pour pêcher au flotteur avec un nylon plus fin. Un gros crabe mou peut être coupé en deux, il faudra l’escher de la même manière en piquant les deux hameçons deux fois, ou une seule fois si cette moitié d’appât est trop petite.Au posé, un crabe franc dont on a retiré la carapace à la main tient 30 à 40 minutes à l’hameçon, alors qu’un crabe bien mou tiendra 15 à 25 minutes et un crabe vert 20 à 30 minutes, tout ceci dépend de l’intensité du courant. Si vous avez besoin d’effectuer des lancers appuyés, vous pouvez renforcer le montage en enroulant du fil élastique autour de
l’appât esché. Si vous n’êtes pas adepte de la réalisation du montage wishbone, vous pouvez n’utiliser qu’un hameçon de type octopus en 2/0 à 4/0, en passant l’hameçon à la base d’une petite patte arrière, par le dessus, et en repiquant par le dessus au niveau de la grosse patte opposée.
Crabe mou
Hameçon adapté : Court et rond n°1/0 à 3/0 Récolte : Algues vertes et varech (mare)
Crabe franc (prêt à muer) Hameçon adapté : Court et rond n°1/0 à 3/0 Récolte : Algues vertes et varech (mare) Crabe dur
Hameçon adapté : Court et rond n°1/0 à 5/0 Récolte : Roche, algues vertes et varech (à sec ou mares)