LE BOUQUET
Palaemon spp. (Weber, 1795) Appelé aussi chevrette, crevette rose, crevette franche, salicoque, saltarelle.
Description
Parmi les 18 espèces connues de Palaemon, deux sont très communes en France et appelées bouquet : Palaemon
serratus (Pennant, 1777) et Palaemon elegans (Rathke, 1837). Les distinguer n’est pas nécessaire pour la pêche. Heureusement, car c’est une affaire de spécialiste ! Le bouquet est une crevette de forme allongée de 5 à 11 cm dont la carapace légèrement jaunâtre est translucide dans son milieu naturel et sépare l’abdomen de la tête céphalopode. Son abdomen est orné de bandes transversales de couleur brun rougeâtre (P. serratus) ou jaunâtre (P. elegans), avec quelques fines ponctuations jaunes fluorescentes. Les pattes et les pinces sont légèrement bleutées, avec en alternance des bandes brunes et jaunes. La tête soutient des antennes très développées et un long rostre avec 6 à 8 dents dorsales et 4 à 5 ventrales.
Conservation
La conservation est l’élément clé de la réussite avec cet appât qui doit être présenté vivace. Si vous pêchez directement après la récolte, les bouquets se conservent vivant quelques heures dans un panier à crevette garni de quelques algues humides. C’est une preuve de la très bonne résistance de ce décapode hors de l’eau. La conservation classique consiste à placer les bouquets dans un seau ou autre récipient avec un quart d’eau de mer et équipé d’un petit aérateur d’aquarium sur pile ou batterie 12V. Les bouquets sont ainsi très oxygénés et parfois même plus vivaces que lors de la récolte. Le seau permet de conserver les appâts à portée de main lors de la partie de pêche. Lorsqu’il n’y a pas de courant (quais ou bord de mer en Méditerranée), vous pouvez placer les bouquets dans une touque percée ou une bourriche, ils se conserveront idéalement. Si vous voulez conserver les appâts plus d’un mois, vous pouvez placer cette bourriche sous un ponton toujours accessible.
Mode de vie
Le bouquet P. elegans vit communément dans les mares de l’estran rocheux avec varech et goëmons. Son frère P. serratus vit depuis la partie plus basse de l’estran dans les endroits ombragés jusqu’à 40 mètres de profondeur sur des fond rocheux, sablo-vaseux ou dans les herbiers. De nature plutôt pacifique, le bouquet est de moeurs plutôt nocturne et se tient très près des algues vertes ou brunes fixées sur les roches, pontons, piliers, jetées. Il est omnivore et se nourrit d’algues et de petites proies vivantes ou mortes. La crevette rose femelle ne peut s’accoupler que trois fois par an, après avoir effectué sa mue en changeant de carapace. Une femelle de trois ans peut pondre plus de 25 000 oeufs. Une fois les oeufs éclos, la crevette femelle nage et ne se posera au sol qu’au bout de quelques mois.
Récolte
La taille minimale de capture du bouquet ( Palaemon serratus) est de 5 cm (loi du 29 janvier 2013). Le bouquet peut se récolter au haveneau, à l’épuisette, à la balance ou au casier. Le haveneau, ou pousseux, est utilisé sur les plages pour récolter les crevettes grises, et accessoirement quelques bouquets. Mais la sélection est arbitraire et la récolte risque d’être pauvre. Dans les flaques des anfractuosités rocheuses de l’estran à basse mer, on peut récolter le bouquet à l’aide d’une épuisette à mailles fines en longeant les algues brunes et vertes. A basse mer entre les grosses roches de protection de digues ou au pied des ouvrages d’art et quais, on peut utiliser une balance garnie d’un animal mort tel qu’un maquereau, une sardine, un chinchard, des crustacés ou mollusques écrasés.Après avoir attachés ces détritus au filet par une tige de fer, on laisse descendre la balance 10 à 15 minutes au fond ou un mètre décollé du fond. En remontant en force et sans pause, il est courant de récolter des dizaines de bouquets de belle taille, et quelques poissonnets et crabes. En éclairant ces mêmes roches de nuit, les yeux des bouquets vont scintiller et vous pourrez les récolter en plongeant lentement une épuisette dans l’eau puis en balayant d’un côté à l’autre pour en récolter plusieurs à la fois. En zone portuaire, il suffit de longer les algues vertes fixées sur les pontons d’amarrage des bateaux ou sur les piliers qui les soutiennent avec une épuisette ou un haveneau pour récolter tranquillement les bouquets présents. On les pêche aussi en bateau à l’aide d’un casier à bouquet, disposant d’une entrée et d’un maillage beaucoup plus fin que le casier à crabe. On le garnit de détritus de poissons gras ou crustacés, que l’on peut placer dans un bas ou collant pour dégager des effluves tout en préservant l’état de l’appât, car le casier peut rester à l’eau jusqu’à 48 h. Enfin, si le temps vous est compté, vous pouvez en acheter vivants et de toutes tailles chez le poissonnier. Une quinzaine de bouquets suffisent pour une partie de pêche au flotteur.
Eschage
L’eschage le plus courant consiste à attacher le bouquet par l’un des trois derniers anneaux. C’est la méthode la plus simple. La deuxième technique d’eschage consiste à attacher le bouquet par le rostre. Il garde ainsi toute sa vivacité. Il existe d’autres méthodes. Notamment l’attache du bouquet à l’aide d’un « cheveu », fil fin qui fait office de jonction entre le bouquet et l’hameçon, mais qui interdit les lancers appuyés sous peine de perdre l’appât au lancer. Certains utilisent du fil élastique pour fixer l’appât sur l’hameçon, mais le bouquet perd vite sa vitalité. Esché délicatement, le bouquet peut rester vivant 30 minutes lorsque l’on pêche au flotteur. Au lancer-ramener derrière une bulle, il faudra changer l’appât très régulièrement.
En résumé :
Hameçon adapté : Court et rond n°6 à 1/0 Récolte : Algues vertes et varech (à sec ou mares), pile de ponton, bordure de quai