Pêche en Mer

Poissons bleus : La saison du casting jig

- Texte : Denis Mourizard, photos : de l'auteur et DR

Il ne faut parfois pas bien plus qu’un petit morceau de métal pour faire sa pêche. En cette saison en Méditerran­ée, il est amusant de pratiquer au jig et les possibilit­és sont nombreuses. Les bonites nous serviront de guide, pour découvrir la technique et en aborder les bases.

Je ne crois pas avoir un jour trouvé quelque chose de plus simple, de plus ludique et de plus rapide à mettre en oeuvre qu’un casting jig. Par le passé, je disais pêcher à la cuiller, aujourd’hui je dis pêcher en casting jig. La forme a changé, mais pas le fond. La technique a évolué, mais pas son efficacité. Qu’est-ce donc un casting jig ? Nous sommes en présence d’un leurre métallique. Sa forme évoque de loin celle d’un poisson, une forme oblongue plus ou moins trapue. On distingue des modèles plutôt larges et plats adaptés à une utilisatio­n, des autres plus effilés, adaptés à une autre utilisatio­n. Le casting jig est dense, parce que métallique. Il se lance donc très loin, et de façon incomparab­le par rapport à tous les autres types de leurres. Seul le plomb pourrait le surpasser. Cette efficacité sur le plan du lancer a de nombreux avantages : une moindre sensibilit­é au vent, une moindre sensibilit­é aux courants, la précision.

Bien animer son jig

On pourrait cependant se dire que cette densité, ce poids, peut être un problème pour la nage du leurre. C’est alors que nous entrons dans le vif du sujet, à savoir le comporteme­nt du jig. Un jig étant très dense, il est évident que si vous le lâchez dans l’eau, il coule. Par extrapolat­ion, si vous le récupérez comme un leurre dur, un poisson nageur par exemple, il ne nagera pas. Il ne fera que se déplacer, et si la vitesse est trop faible, il avancera en coulant. Tout cela ne paraîtrait pas bien attractif au final. La densité du casting jig oblige donc à appliquer des vitesses de récupérati­on élevées. C’est pour cette raison qu’il est conseillé de pêcher avec des moulinets dotés de ratios importants ( proches du mètre au tour de manivelle). Cette vitesse de récupérati­on permet de mieux gérer le casting jig, même si un expert saura se satisfaire d’un moulinet plus lent. Avec de la vitesse, le casting jig plane sur l’eau. La vitesse annule la densité, et le leurre ondule plus ou moins dynamiquem­ent selon la forme. J’en arrive donc à la forme, la conception même du casting jig. Comme je l’ai souligné précédemme­nt, certains modèles sont plus larges que d’autres, et de ce fait relativeme­nt plats. Ces modèles prennent appui sur l’eau, un peu comme une coque de bateau. Ils planent bien plus que leurs cousins plus effilés, mais surtout à des vitesses plus lentes. C’est une notion importante à bien considérer : le profil du casting jig permettra de jouer sur les vitesses de récupérati­on. Comprenons bien que si les grandes vitesses de nage ne sont pas un problème pour des bonites ou des pélamides, elles peuvent l’être pour le bar, ou le loup, qui eux sont bien plus lents.

Plus le jig sera large sur sa partie centrale, plus il aura d’appui sur l’eau. Pour les poissons qui nous intéressen­t ici, en l’occurrence bleus, je préfère personnell­ement les jigs effilés, plus rapides et plus performant­s en distance, et nous allons voir pourquoi.

Les poissons bleus sont rapides

Que l’on parle de maquereau, de maquereau espagnol, de bonites, de pélamides ou de thonidés, à chaque fois nous avons à faire à des poissons d'une puissance et d’une rapidité hors normes. Ces poissons travaillen­t en groupe, et c’est une chance car autrement je ne vois pas comment nous pourrions les repérer. La vitesse de chasse d’un poisson bleu peut nous laisser penser que visuelleme­nt, le leurre est plus attractif par le mouvement que par le détail. Du moment que la forme passe, comme un éclair dans le champ de vision du poisson, il peut lui courir après. J’ajoute que parfois, même si objectivem­ent cela est assez rare, il est nécessaire de stopper la récupérati­on pour faire couler le leurre. Leur surface d’appui permet d’ailleurs une coulée plus vivante, papillonna­nte, mais aussi un peu plus lente. Dans un premier temps, parlons un peu des conditions de pêche idéales. Du moment qu’il fait beau c’est cool. Beau, mais pas trop. Un ciel brumeux peut être vraiment très bon, pourvu qu’il y ait suffisamme­nt de lumière pour faire monter les poissons. Et bien sûr pas trop de mer. C’est d’ailleurs ce que l’on rencontre la plupart du temps, en été, sur les eaux méditerran­éennes : une surface plate, pouvant être agitée, de légères vaguelette­s de surface, et un ciel lumineux, même si légèrement couvert. Les bonites se pêchent à vue. Le sondeur n’est pas totalement inutile, mais il n’apporte qu’une estimation de la vie qui est présente. Il est clair qu’en l’absence de tout signal à l’échosondeu­r, on a peu de chances de voir monter des poissons en surface ! Ce sont les boules de poissons fourrage que détectent les sondeurs, les sardines notamment. Vous le constatere­z rapidement, la bonite, c’est tout ou rien. C’est une question de saisonnali­té aussi, la période s’étalant de juillet à début novembre au maximum. Quand elles sont actives, on en voit beaucoup, et quand elles ne sont pas là, on ne voit rien ! Nous comprenons donc qu’il faut voir, mais quoi ? La surface se met à bouillonne­r, pour ne pas dire bouillir.

Gérer les chasses

On voit les chasses d’assez loin avec un oeil éduqué. Cela suppose donc que bien souvent il faut rejoindre la chasse pour pouvoir la pêcher. Je précise donc qu’avec

un moteur diesel inboard, c’est pas gagné ! Une chasse de bonites dure peu de temps, et elle se déplace très vite. Si vous apercevez une montée de poissons à un demi mille, je doute fort que vous parveniez à l’atteindre si vous êtes motorisé de la sorte. Il faut un bateau rapide, c’est une condition essentiell­e. De plus, l’approche du banc de poissons est le point névralgiqu­e en ce qui concerne la stratégie. Le bruit hurlant du moteur est effectivem­ent bien perçu par le poisson ! N’en doutez pas. Ce n’est pas que ça le dérange parce qu’il se dit « tiens, des pêcheurs vont nous pêcher... vite fichons le

camp... » Non, le bruit du moteur qui se rapproche de la position exacte où se trouve les bonites, ça suppose bien évidemment pour elles qu’à un moment donné le bateau va leur passer dessus. Il faut donc user de stratégie, et approcher progressiv­ement en réduisant le régime moteur d’assez loin. On réduit graduellem­ent, au fur et à mesure que l’on approche des poissons. Puis, arrivé à portée de lancer des bonites, on coupe le moteur. Je vous le dis, il y a bien souvent l’espace pour un ou deux lancers, rarement trois, avant que le banc ne se déplace, plonge et réapparais­se deux ou trois cent mètres plus loin.

Pêchez la périphérie du bouillon

Le pêcheur lancera toujours en plein dans la boule de poissons. Là où ça bouillonne le plus. Je ne suis pas convaincu que cela soit toujours le mieux. Personnell­ement, et pour l’avoir expériment­é à plusieurs reprises, je pense que les meilleures zones se trouvent en périphérie du bouillon, et pour une raison pré- cise. Lancez au milieu de la chasse, laissez couler le jig et les poissons qui servent de proie plongeront. Le jig peut les inciter à descendre, ne serait-ce que légèrement. Cela suffira, et les bonites plongeront avec leurs proies. La dynamique changeant, c’est toute la chasse qui plonge et rendez- vous est pris à l’autre bout de l’horizon ! En lançant dans la boule, il ne faut surtout pas laisser couler le leurre. Il est important de refermer le pick up juste avant que le leurre ne chute dans l’eau, et commencer à mouliner juste avant. Le casting jig doit passer exactement sous la pellicule pour être pris. Si vous remarquez que cela ne fonctionne pas après plusieurs tentatives, ne lancez plus au coeur de la chasse, mais sur les abords. Alors, laissez couler légèrement le leurre, puis commencez la récupérati­on. Dès que la chasse a plongé, ne relancez pas le moteur immédiatem­ent. Il se peut qu’elle réapparais­se à proximité. Si vous enclenchez le moteur pour rien, vous allez les éloigner. En ce qui concerne les coloris des jigs, conformez vous tout simplement à la couleur du ciel. Ceci étant dit, toutes les coloration­s naturelles sont susceptibl­es de fonctionne­r. A noter enfin que dans cette pêche, le poisson prendra à pleine gueule le leurre, ce qui d’ailleurs doit lui faire drôle. Mordre dans du métal... aïe. Bref, le métal ça glisse, et même si ce n’est qu’un avis tout personnel, préférez le triple à l’assist pour ce genre de pratique. On peut aussi opter pour un hameçon simple à oeillet, avec les risques potentiels que cela peut engendrer. En clair, une technique simple, sans chichi, et qui ne demande qu’à être expériment­ée.

Le casting jig est dense. Il se lance donc très loin, et de façon in comparable par rapport à tous les autres types de leurres. Cette caractéris­tique lui confère des avantages tels que la précision et une sensibilit­é moindre aux éléments. Mais attention: anime vite, mouline vite, et serre les dents.

 ??  ?? A mon sens privilégie­z les hameçons triples ou simples aux assist hooks pour cette pêche.
A mon sens privilégie­z les hameçons triples ou simples aux assist hooks pour cette pêche.
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 ??  ?? Pêcher la bonite en light tackle, ou l’art du pliage de carbone.
Pêcher la bonite en light tackle, ou l’art du pliage de carbone.
 ??  ?? Des poissons dont le muscle rouge et sanguin donne une autre ampleur à la pêche.
Des poissons dont le muscle rouge et sanguin donne une autre ampleur à la pêche.
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