Poissons bleus : La saison du casting jig
Il ne faut parfois pas bien plus qu’un petit morceau de métal pour faire sa pêche. En cette saison en Méditerranée, il est amusant de pratiquer au jig et les possibilités sont nombreuses. Les bonites nous serviront de guide, pour découvrir la technique et en aborder les bases.
Je ne crois pas avoir un jour trouvé quelque chose de plus simple, de plus ludique et de plus rapide à mettre en oeuvre qu’un casting jig. Par le passé, je disais pêcher à la cuiller, aujourd’hui je dis pêcher en casting jig. La forme a changé, mais pas le fond. La technique a évolué, mais pas son efficacité. Qu’est-ce donc un casting jig ? Nous sommes en présence d’un leurre métallique. Sa forme évoque de loin celle d’un poisson, une forme oblongue plus ou moins trapue. On distingue des modèles plutôt larges et plats adaptés à une utilisation, des autres plus effilés, adaptés à une autre utilisation. Le casting jig est dense, parce que métallique. Il se lance donc très loin, et de façon incomparable par rapport à tous les autres types de leurres. Seul le plomb pourrait le surpasser. Cette efficacité sur le plan du lancer a de nombreux avantages : une moindre sensibilité au vent, une moindre sensibilité aux courants, la précision.
Bien animer son jig
On pourrait cependant se dire que cette densité, ce poids, peut être un problème pour la nage du leurre. C’est alors que nous entrons dans le vif du sujet, à savoir le comportement du jig. Un jig étant très dense, il est évident que si vous le lâchez dans l’eau, il coule. Par extrapolation, si vous le récupérez comme un leurre dur, un poisson nageur par exemple, il ne nagera pas. Il ne fera que se déplacer, et si la vitesse est trop faible, il avancera en coulant. Tout cela ne paraîtrait pas bien attractif au final. La densité du casting jig oblige donc à appliquer des vitesses de récupération élevées. C’est pour cette raison qu’il est conseillé de pêcher avec des moulinets dotés de ratios importants ( proches du mètre au tour de manivelle). Cette vitesse de récupération permet de mieux gérer le casting jig, même si un expert saura se satisfaire d’un moulinet plus lent. Avec de la vitesse, le casting jig plane sur l’eau. La vitesse annule la densité, et le leurre ondule plus ou moins dynamiquement selon la forme. J’en arrive donc à la forme, la conception même du casting jig. Comme je l’ai souligné précédemment, certains modèles sont plus larges que d’autres, et de ce fait relativement plats. Ces modèles prennent appui sur l’eau, un peu comme une coque de bateau. Ils planent bien plus que leurs cousins plus effilés, mais surtout à des vitesses plus lentes. C’est une notion importante à bien considérer : le profil du casting jig permettra de jouer sur les vitesses de récupération. Comprenons bien que si les grandes vitesses de nage ne sont pas un problème pour des bonites ou des pélamides, elles peuvent l’être pour le bar, ou le loup, qui eux sont bien plus lents.
Plus le jig sera large sur sa partie centrale, plus il aura d’appui sur l’eau. Pour les poissons qui nous intéressent ici, en l’occurrence bleus, je préfère personnellement les jigs effilés, plus rapides et plus performants en distance, et nous allons voir pourquoi.
Les poissons bleus sont rapides
Que l’on parle de maquereau, de maquereau espagnol, de bonites, de pélamides ou de thonidés, à chaque fois nous avons à faire à des poissons d'une puissance et d’une rapidité hors normes. Ces poissons travaillent en groupe, et c’est une chance car autrement je ne vois pas comment nous pourrions les repérer. La vitesse de chasse d’un poisson bleu peut nous laisser penser que visuellement, le leurre est plus attractif par le mouvement que par le détail. Du moment que la forme passe, comme un éclair dans le champ de vision du poisson, il peut lui courir après. J’ajoute que parfois, même si objectivement cela est assez rare, il est nécessaire de stopper la récupération pour faire couler le leurre. Leur surface d’appui permet d’ailleurs une coulée plus vivante, papillonnante, mais aussi un peu plus lente. Dans un premier temps, parlons un peu des conditions de pêche idéales. Du moment qu’il fait beau c’est cool. Beau, mais pas trop. Un ciel brumeux peut être vraiment très bon, pourvu qu’il y ait suffisamment de lumière pour faire monter les poissons. Et bien sûr pas trop de mer. C’est d’ailleurs ce que l’on rencontre la plupart du temps, en été, sur les eaux méditerranéennes : une surface plate, pouvant être agitée, de légères vaguelettes de surface, et un ciel lumineux, même si légèrement couvert. Les bonites se pêchent à vue. Le sondeur n’est pas totalement inutile, mais il n’apporte qu’une estimation de la vie qui est présente. Il est clair qu’en l’absence de tout signal à l’échosondeur, on a peu de chances de voir monter des poissons en surface ! Ce sont les boules de poissons fourrage que détectent les sondeurs, les sardines notamment. Vous le constaterez rapidement, la bonite, c’est tout ou rien. C’est une question de saisonnalité aussi, la période s’étalant de juillet à début novembre au maximum. Quand elles sont actives, on en voit beaucoup, et quand elles ne sont pas là, on ne voit rien ! Nous comprenons donc qu’il faut voir, mais quoi ? La surface se met à bouillonner, pour ne pas dire bouillir.
Gérer les chasses
On voit les chasses d’assez loin avec un oeil éduqué. Cela suppose donc que bien souvent il faut rejoindre la chasse pour pouvoir la pêcher. Je précise donc qu’avec
un moteur diesel inboard, c’est pas gagné ! Une chasse de bonites dure peu de temps, et elle se déplace très vite. Si vous apercevez une montée de poissons à un demi mille, je doute fort que vous parveniez à l’atteindre si vous êtes motorisé de la sorte. Il faut un bateau rapide, c’est une condition essentielle. De plus, l’approche du banc de poissons est le point névralgique en ce qui concerne la stratégie. Le bruit hurlant du moteur est effectivement bien perçu par le poisson ! N’en doutez pas. Ce n’est pas que ça le dérange parce qu’il se dit « tiens, des pêcheurs vont nous pêcher... vite fichons le
camp... » Non, le bruit du moteur qui se rapproche de la position exacte où se trouve les bonites, ça suppose bien évidemment pour elles qu’à un moment donné le bateau va leur passer dessus. Il faut donc user de stratégie, et approcher progressivement en réduisant le régime moteur d’assez loin. On réduit graduellement, au fur et à mesure que l’on approche des poissons. Puis, arrivé à portée de lancer des bonites, on coupe le moteur. Je vous le dis, il y a bien souvent l’espace pour un ou deux lancers, rarement trois, avant que le banc ne se déplace, plonge et réapparaisse deux ou trois cent mètres plus loin.
Pêchez la périphérie du bouillon
Le pêcheur lancera toujours en plein dans la boule de poissons. Là où ça bouillonne le plus. Je ne suis pas convaincu que cela soit toujours le mieux. Personnellement, et pour l’avoir expérimenté à plusieurs reprises, je pense que les meilleures zones se trouvent en périphérie du bouillon, et pour une raison pré- cise. Lancez au milieu de la chasse, laissez couler le jig et les poissons qui servent de proie plongeront. Le jig peut les inciter à descendre, ne serait-ce que légèrement. Cela suffira, et les bonites plongeront avec leurs proies. La dynamique changeant, c’est toute la chasse qui plonge et rendez- vous est pris à l’autre bout de l’horizon ! En lançant dans la boule, il ne faut surtout pas laisser couler le leurre. Il est important de refermer le pick up juste avant que le leurre ne chute dans l’eau, et commencer à mouliner juste avant. Le casting jig doit passer exactement sous la pellicule pour être pris. Si vous remarquez que cela ne fonctionne pas après plusieurs tentatives, ne lancez plus au coeur de la chasse, mais sur les abords. Alors, laissez couler légèrement le leurre, puis commencez la récupération. Dès que la chasse a plongé, ne relancez pas le moteur immédiatement. Il se peut qu’elle réapparaisse à proximité. Si vous enclenchez le moteur pour rien, vous allez les éloigner. En ce qui concerne les coloris des jigs, conformez vous tout simplement à la couleur du ciel. Ceci étant dit, toutes les colorations naturelles sont susceptibles de fonctionner. A noter enfin que dans cette pêche, le poisson prendra à pleine gueule le leurre, ce qui d’ailleurs doit lui faire drôle. Mordre dans du métal... aïe. Bref, le métal ça glisse, et même si ce n’est qu’un avis tout personnel, préférez le triple à l’assist pour ce genre de pratique. On peut aussi opter pour un hameçon simple à oeillet, avec les risques potentiels que cela peut engendrer. En clair, une technique simple, sans chichi, et qui ne demande qu’à être expérimentée.
Le casting jig est dense. Il se lance donc très loin, et de façon in comparable par rapport à tous les autres types de leurres. Cette caractéristique lui confère des avantages tels que la précision et une sensibilité moindre aux éléments. Mais attention: anime vite, mouline vite, et serre les dents.