Pêche en Mer

Bilan hivernal

Une saison de plus qui se termine et nous espérons qu’elle aura été riche et passionnan­te pour chacun d’entre-vous. Il sera question ici de traiter un sujet d’actualité : faire le bilan de ses expérience­s, et comment concrétise­r ces résultats pour la sais

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Au cours d’une saison de pêche, ce sont des dizaines d’expérience­s qui s’ajoutent à notre vécu. Il y a donc deux façons de faire : ne jamais se poser de questions, auquel cas on recommence une nouvelle année exactement de la même façon que l’année précédente ; on peut aussi se poser des questions en cours d’année, et les garder en mémoire pour y trouver des réponses, peut-être dans l’instant, peut-être en cours d’hiver. Cette distinctio­n qui est faite ici nous aide à poser le cadre, car là où je vous entraîne n’est autre que le processus logique d’améliorati­on du pêcheur. Que pourrait-on attendre de plus si on ne change jamais rien à ses façons de faire ? À ne pas changer ce que l’on fait, et dont on obtient ce que l’on obtient, il n’y a aucune raison que l’on obtienne autre chose de ce que nous faisons. Cela est vrai dans la vie, mais aussi dans la pêche.

Ce qui compte, ce sont les échecs

Bien que les plus belles réussites d’une saison de pêche soient celles qui remplissen­t le coeur de joie (et parfois l’ego), ce ne sont pas elles qui nous font avancer. Les belles pêches sont la concrétisa­tion d’un savoir-faire, d’une part, mais aussi d’un ensemble de conditions réunies, d’autre part. La combinaiso­n du savoir-faire et des bonnes conditions a conduit à la réussite de la partie de pêche. L’année suivante, si cette même combinaiso­n est reproduite, alors nous obtiendron­s le même succès, normalemen­t. Pourtant, ce que recherche le pêcheur, la plupart du temps, c’est à prendre du poisson lorsque c’est difficile. Mentalemen­t, ou émotionnel­lement, l’échec est bien plus prégnant que le succès. La sensation qui est liée à l’échec est durable, et si par malheur l’échec n’est que pour soi et pas pour les autres, entre en jeu la faute à pas de chance, ou pire, le dénigremen­t de soi-même. Dans ce cas précis, si les copains de pêche réussissen­t et pas nous, on peut y voir une quantité de raisons. L’important sera de s’arrêter à la raison la plus juste, pour que nous n’ayons plus à la reproduire. Cela peut être un problème de poste de pêche, pour les pêcheurs en surfcastin­g, notamment. Cela peut aussi être une question de positionne­ment sur le bateau, pour les pêcheurs aux leurres. Pourtant, dans les deux cas, il est facile de remédier à ces problèmes si on en comprend la nature. Avant de poser ses cannes sur la plage, observons comment se dessinent les vagues, regardons le flux et le reflux et déterminon­s la meilleure place. Si on se pose au hasard, ou à la suite du copain, alors on prend le risque de se tromper. En bateau, on peut instaurer un tour de rôles, chacun passant un temps à la proue du bateau, qui est notamment pour la dérive, une position clé. Il y a également les échecs dus à un déficit de clairvoyan­ce technique. Cela arrive souvent quand nous ne sommes pas dans une totale implicatio­n. Si on va pêcher pour se changer les idées, sans vraie volonté de sortir des poissons en nombre, alors on peut prendre les montages que l’on a sous la main, et sans se poser de questions, lancer ses

cannes et attendre la fin de la partie de pêche. C’est un choix, que je fais souvent d’ailleurs. Parfois on a besoin de tout, sauf de se mettre la pression à la pêche... d’ailleurs la nature et les poissons n’ont que faire de nos états psychologi­ques. La marée se fait, et les poissons s’adaptent. Nous devons donc admettre que dans ces conditions, l’échec est avant tout créé par notre manque d’implicatio­n. Je terminerai ce paragraphe par la chose suivante : un échec n’est qu’un dossier de travail, ce n’est en aucune façon une humiliatio­n. Seul l’ego se sent humilié par l’échec. Le pêcheur, lui, apprend de ses erreurs qui la plupart du temps sont le résultat de ses choix.

Aussi simple que défaire un noeud

Celui qui a eu un jour à démêler un montage emmêlé, une tresse foisonnée ou un moulinet tournant perruqué sait que pour défaire un noeud, il faut de la patience. La patience viendra à bout de tous les noeuds, y compris les pires. Nous rappeler de nos échecs de la saison passée nous permet, en hiver, de les poser tranquille­ment. Nous avons tout le temps pour, peut-être, les poser sur un papier. N’hésitez pas à faire de nouvelles choses, des choses inédites, comme par exemple dessiner un poste de pêche sur le papier. Vous y dessinerez le bateau, la dérive dont vous vous rappelez la trace sur le sondeur. Prenez des cartes, regardez les marées, associez les prises aux points du traceur, et ajoutez les vents. Cette période hivernale est le bon moment pour faire ces choses, au coin du feu. Pour conclure, voici deux conseils que j’estime judicieux. Un sera pour les pêcheurs en surfcastin­g, l’autre pour les pêcheurs aux leurres en bateau. Amis pêcheurs en surf, gardez précieusem­ent vos montages emmêlés. Ne les jetez pas à la poubelle sous prétexte qu’ils ne sont pas efficaces. Gardez-les précieusem­ent, et sortez les du sachet en fin de saison. Posez-vous tranquille­ment, et observez-les à tête reposée. Démêlez les fils, et demandez vous pourquoi ils se sont emmêlés. Une agrafe qui tourne mal, un fil trop fin, un noeud trop lâche ? Bien souvent, la réponse au problème rencontré est dans le résultat lui-même. Amis pêcheurs aux leurres, faites des copies d’écrans de vos sondeurs. Récupérez ces photos et regardez-les patiemment à la morte saison. Projetez-les sur des cartes plus grandes, pour observer l’état des courants le jour de leur prise. On peut de nos jours trouver une quantité d’informatio­ns sur le web. Direction des vents, des courants, tout cela peut être capturé avant la pêche (sous forme de prévisions), stocké, puis analysé plus tard au calme. Répétons-le : bien souvent, la réponse au problème rencontré est dans le résultat lui-même. ■

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Texte et photos de Denis Mourizard
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Quels montages n’ont jamais été utilisés, et pourquoi ? La réponse à cette question contient peut-être la raison d’un ou plusieurs échecs.
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La seule vitesse de récupérati­on du leurre peut avoir été un problème durant toute une saison, surtout si on a changé de moulinet. Faire le bilan, c’est aussi entrevoir ce genre de problème.

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