Pêche en Mer

Technique Combats : cas d’école et analyses

Pêcher à proximité des rochers, aux pieds d’une falaise ou près d’un tapis végétal est toujours l’occasion de se faire piéger par des poissons piqués dans leur fierté. Les brider ne peut se résumer à tirer comme un forcené sur la ligne, il faut être plus

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L’acte de brider a pour vocation d’éviter que la prise n’aille se planter dans une roche ou sous un herbier. Les pêches fines actuelles compliquen­t fortement les choses car l’extrême fragilité des lignes ne pardonne rien. Lorsqu’un poisson est piqué et qu’il reste à portée immédiate d’une « solution tactique » lui permettant de se libérer, soyez certains que vous allez passer un mauvais quart d’heure. Personne n’est à l’abri d’une casse humiliante, comme cela m’est arrivé d’ailleurs plusieurs fois. Chronologi­quement, lorsque le poisson attaque, il replonge aussitôt vers le fond. Si ce dernier est à dix mètres et qu’il vient saisir votre leurre en surface, il est fort probable qu’il n’ait pas l’énergie nécessaire pour atteindre le fond. S’il prend le leurre à trois mètres du fond, le problème est bien différent. Ce premier rush est toujours le plus délicat à négocier car le poisson est en pleine possession de ses moyens. Il est puissant et décidé. S’il est impossible de le stopper faute de résistance technique (pour cause de ligne trop fine), il faut mettre en oeuvre d’autres moyens, et c’est là que les choses se compliquen­t. En fait, il faut simplement être réactif, car si on a la tête ailleurs on risque fort de se prendre une fessée, aussi expert que l’on soit !

Pour arrêter un poisson il y a deux solutions : le stopper avec la résistance de la ligne et de la canne ou le déstabilis­er. Les pêches fines interdisan­t la première solution, on doit s’en remettre à la seconde. Aussi puissante soit la traction du poisson, il n’en demeure pas moins facile à déstabilis­er. En réalité, tout comme un stickbait réagit à la pression liquide pour changer de direction, le poisson peut être entraîné facilement sur le travers. La seule erreur à ne pas commettre est de subir le rush, autrement dit de rester immobile. Il faut appliquer une force raisonnabl­e vers le haut ou sur le côté. Si le poisson est loin, mieux vaut appliquer une pression vers le haut en levant très haut la canne. S’il est proche de vous et que son rush est plus vertical, mieux vaut appliquer une pression latérale, et écartant la canne sur le côté.

Vous devez sentir immédiatem­ent une diminution de la pression à laquelle il faut réagir par une traction ferme, mais lente. Techniquem­ent, il suffit de désaxer la tête du poisson pour qu’il dévie de sa trajectoir­e, comme le fait un leurre. Il bat de la queue sans forcément se rendre compte de la légère variation de cap et s’éloigne tout seul de l’obstacle. Tout ceci se joue en quelques secondes à peine, raison pour laquelle il faut maîtriser ce qui reste à l’état de concept tant qu’on ne l’a pas réussi plusieurs fois. Déstabilis­er un poisson est la seule façon raisonnabl­e de le brider. Cela prend plus de temps qu’un arrêt brutal basé sur la résistance de la ligne, mais c’est aussi nettement plus jouissif en terme de combat. n

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