L’euphorie, mais jusqu’à quand ?
De l’avis général, le déconfinement fut brutal, puissant. L’euphorie est bien là et nous avons tous savouré avec un plaisir non dissimulé les joies de retrouver Dame nature. Au premier jour de la libération, les gens sont venus nombreux en boutique pour partir ensuite sur l’eau ou, lorsque cela était possible, au bord de l’eau.
Beaucoup ont réalisé de belles pêches, et, même si les poissons restent difficiles dans certaines zones, de très belles prises ont été faites, avec une mention spéciale pour les royales. De nombreuses images de dodos dépassant les 5 kg nous sont parvenues à la fin de ce printemps, ce qui est exceptionnel. Nous avons donc eu la joie de redécouvrir un univers laissé quasiment à l’état sauvage pendant deux mois. Deux petits mois qui semblent avoir suffi aux espèces marines pour reprendre leur droit dans « le monde du silence ». Mais est-ce vraiment la seule raison à ces nombreuses prises ? Assurément non. L’important afflux de pêcheurs a de son côté maximisé les chances de prises. Plus de pratiquants veut forcément dire plus de chances de faire des beaux coups de ligne. Mais également plus de chances de voir les réflexes des moins scrupuleux revenir à la charge. Prélèvements déraisonnés, bateaux surchargés, masques balancés à l’eau… La période introspective du confinement n’aura évidemment pas été profitable pour tous.
Dans un autre temps, cette suppression de liberté semble avoir décuplé l’envie de pratiquer des loisirs extérieurs chez les Français. Les agences immobilières annoncent une explosion du nombre de demandes pour les maisons rurales avec jardin et les activités de plein air, dont la pêche fait partie, pourraient bien suivre cette tendance cet été. D’autant que dans un récent sondage les vacanciers souhaitent, dans une grande majorité, se rendre à la mer plutôt qu’à la campagne. La famille « pêche » pourrait donc s’agrandir.
Côté business, la plupart des pros ont su s’adapter au problème du virus avec des mesures barrières efficaces mises en place chez les guides, dans les boutiques et les entreprises.
Pour autant il ne faut pas se réjouir trop vite. Nous vivons actuellement un état de grâce avec une économie mise sous perfusion par un État très endetté et qui serait l’un des plus touchés d’Europe du fait de son modèle axé sur le tertiaire et fragile face à la concurrence internationale...
Les acteurs du marché restent donc très prudents quant à l’avenir à moyen terme. En effet, l’espoir de rattraper le chiffre d’affaires halieutique perdu reste maigre et la crise à venir dans une seconde partie de l’année pourrait refroidir le consommateur.
Là encore, un recentrage de nos dépenses dans l’Hexagone aurait pour effet de limiter l’hémorragie, à la condition sine qua non que l’effort soit consenti par tous…