Éditorial
«Le XXIème siècle sera maritime. » C’est par ces mots qu’Emmanuel Macron avait parlé de la mer et de ses enjeux au G7 de Biarritz en 2019. Six mois plus tard, à l’occasion du remaniement post municipales, il a finalement créé le ministère de la Mer avec à sa tête Annick Girardin. Une première depuis 1991. Et une grande surprise pour l’ensemble du milieu qui attendait, sans trop d’espoir, le retour de cette institution depuis plus de 25 ans ; « c’était inespéré » ont même clamé certains. Remémorons-nous quelques éléments clés à propos de notre pays : 11 millions de kilomètres carrés de zone économique exclusive qui représentent 10 % de la biodiversité de la planète, deuxième puissance maritime mondiale et une présence sur tous les océans.
On comprend dès lors les enjeux stratégiques qu’il y a derrière cette remise en route. Mais plus qu’écologique, ce ministère devrait avant tout être économique. En effet, au-delà de la richesse végétale et animale de ces lieux, c’est d’abord le potentiel énergétique et de ressources qui attire les décideurs. Le Président avait d’ailleurs déclaré que la reconstruction de l’économie après la crise sanitaire passera par
« l’accélération de notre stratégie maritime » tout en précisant qu’il
faudra « concilier l’activité économique et la préservation de l’environnement. » Concernant la pêche en particulier, c’est évidemment le Brexit et l’accès aux eaux britanniques qui occupera le bureau de Madame Girardin. Une négociation qui touche directement notre passion car, dans le cas où les eaux du nord resteraient closes, nous verrions la pression de pêche augmenter sur nos côtes, déjà en proie à des difficultés. Plus directement, notre univers pourra désormais avoir un interlocuteur clef pour faire entendre sa voix et ne plus pâtir de décisions de politiques très éloignées de notre réalité. La FNPP a d’ores et déjà fait savoir par un courrier qu’elle se tenait à disposition du nouveau ministère pour ce qui touche à la pêche récréative.
Il y a donc beaucoup d’attentes et de gros chantiers à mener mais pour quel budget ?
Et qu’en sera-t-il des attributions précises pour ce ministère ? Ne risque-t-on pas là d’assister à un affrontement avec certains portefeuilles comme celui de l’écologie ? La Vème République a en effet la fâcheuse tendance de faire mordre les ministères les uns sur les autres. Par ailleurs beaucoup craignent un renforcement des erreurs passées dans la gestion des politiques de la mer à savoir un manque flagrant de consultation. Chose que nous connaissons très bien, nous, pêcheurs de loisir… Gageons donc que notre nouvelle ministre sache écouter chacun des acteurs et comprenne l’importance de notre loisir à l’échelle nationale.