Pedale!

Rémy Di Grégorio.

Il devait incarner l’avenir du cyclisme français. Il n’en a offert que le pire du passé: dope, méformes, espoirs déçus. Que t’est-il arrivé, Rémy Di Grégorio?

- PAR ROMAIN SCOTTO / COLLAGES: CYRILLE FOURMY ( PHOTOS: BELGA/ ICONSPORT, PANORAMIC ET DR)

DESTIN BRISÉ Trop précoce, trop talentueux, trop grande gueule, trop bronzé, trop tête en l’air, trop naïf, trop suspect, Rémy Di Grégorio n’a jamais confirmé chez les pros son statut de nouveau Virenque. Sauf en matière de contrôle inopiné à l’EPO. Tombé après le dernier Paris-Nice, le grimpeur de 32 ans a confirmé qu’il n’était qu’une étoile filante, un ex-futur grand incapable d’arracher son dossard de sale gosse. Retour sur l’un des plus beaux gâchis de la dernière décennie.

Sur le papier, le scénario avait de la gueule. La victoire du minot chez lui, dans son jardin escarpé de l’Espigoulie­r, tout près de Marseille, où il est né. Rémy Di Grégorio ne rêvait que de ça depuis le début de l’année: gagner l’étape reine du Tour de La Provence au sommet d’un col dont il connaît le moindre centimètre carré de bitume, gravillons compris. C’était son Graal, la course de son retour en grâce. Alors ce samedi de février, “Di Greg” passe à l’attaque, avec son dandinemen­t et ses épaules de serpent que la France avait appris à connaître, puis à oublier. Au sommet, quand il lève les bras, il en fait chialer les siens. Sa femme Wafa et ses deux enfants, mais surtout Fred Rostaing, le manager de l’équipe Delko qui lui a tant de fois tendu la main. “Profite, profite”, lui hurle-t-il à l’arrivée, anticipant déjà une fin de saison moins ensoleillé­e. Cinq mois plus tard, les embrassade­s et les louanges ont laissé place à la honte et à la trahison. Le mythe du retour providenti­el à la sauce pagnolesqu­e s’est effondré le 11 avril dernier. Dans un communiqué aux vapeurs sulfureuse­s, l’UCI annonce alors que le grimpeur français a été contrôlé positif sur Paris-Nice. Le produit incriminé, en trois lettres anachroniq­ues: EPO. Le fioul des chaudières du siècle dernier. Alors que sa cote remontait aussi vite que son taux d’hématocrit­e, tout s’écroule autour de lui. Le milieu d’abord, moins tendre qu’il ne le fut. Christophe Moreau déclare y voir les errements d’un “con”, vingt ans après le séisme Festina. Warren Barguil réclame une sanction pénale, s’il s’avère qu’il a bien volé ses résultats. Ses proches, ensuite, qui se disent “tristes pour lui” et dénoncent la naïveté d’un pied nickelé de la dope qui pensait sans doute tromper son monde avec cette substance d’un autre temps. “Je ne sais pas comment on peut se faire attraper à l’EPO aujourd’hui, s’étonne Bernard Bourreau,

Newspapers in French

Newspapers from France