Pedale!

Démarrage de Jalabert!

Mende 95 comme si vous y étiez. Et avec Patrick Chêne aux commentair­es.

- RETRANSCRI­PTION: NICOLAS FRESCO / PHOTO: PRESSE SPORTS

Patrick Chêne: Les coureurs sont partis depuis plus de cinq heures, cinq heures et huit minutes de course et il s’agit maintenant d’affronter l’ascension de 3 kilomètres 100 du Causse de Mende et ensuite de rouler pendant deux kilomètres jusqu’à l’aéroport. Bottaro qui était très discret jusque-là commence à se montrer, ici en quatrième position, avec son maillot bleu ciel. Attention à Peron également, le coureur de la Motorola. Je vous rappelle que nous sommes le 14 juillet et que dans le Tour de France eh bien, regardez cette montée du Causse… (vue du ciel, bruit d’hélicoptèr­e) DÉMARRAGE DE JALABERT! Démarrage de Laurent Jalabert tout de suite pour annoncer la couleur à Bottaro! Bottaro pour l’instant semble devoir prendre la roue de Laurent Jalabert. (…) Laurent Jalabert a raison d’attaquer très tôt, Bernard, parce qu’il joue également le classement général. Il ne veut pas jouer au plus fin et perdre du temps dans un sprint de pistard. (…)

Bernard Thévenet: C’est bien parti mais ça sera très dur, la côte est très difficile, Laurent Jalabert est très fatigué. (…) Ou la la la, il a pris des risques là Laurent, il est parti de très très loin, il n’avait pas beaucoup de choix.

Patrick Chêne: (…) Il va arriver au panneau des quatre kilomètres, la caméra se retourne, Bottaro est-il là? Non, Bottaro n’est pas là! Bottaro a du mal! (…) BOTTARO EST EN DIFFICULTÉ! Bernard Thévenet: Jalabert qui se retourne beaucoup, qui a très, très mal aux jambes, je pense. C’est très difficile également pour Laurent Jalabert, ce sera une victoire au courage. Il ne faut pas oublier que l’ascension dure pendant près de dix minutes. (…)

Patrick Chêne: Oh oui le trou semble fait, là… Définitive­ment, peut-être pas, car on peut avoir une grosse défaillanc­e dans ce type d’ascension, mais Laurent Jalabert est en train de relancer là, il a le moral, il est en train de relancer, porté par le public de Mende. (…) Cette fois-ci Laurent Jalabert est lancé, Bernard ! Cette fois-ci, il est parti!!

(Un spectateur court à côté de Laurent Jalabert)

Patrick Chêne: Ne courez pas à côté des coureurs, ça fait 2 712 fois qu’on vous le dit! Vous ne rendez pas service à Laurent Jalabert, il n’y a rien de pire psychologi­quement pour un coureur cycliste que d’avoir un imbécile qui court à côté de lui! Alors que l’écart est encore de près de sept minutes… (Caméra aérienne sur Bottaro et Podenzana) Et voilà, maintenant Bottaro est définitive­ment lâché et c’est Podenzana qui tente de se lancer à la poursuite du Français. (…) Mais Laurent Jalabert nous fait une très, très, très forte impression.

Bernard Thévenet: Ah, il faut absolument que Laurent tienne encore pendant deux kilomètres (…) Patrick Chêne: (…) Laurent Jalabert va donner une nouvelle dimension non seulement à sa carrière mais également au Tour de France. Laurent Jalabert qui est visiblemen­t l’homme de l’année avec, euh, ses problèmes, ses soucis de l’an passé, la fameuse chute, eh bien Laurent a 60 victoires dans sa carrière. (...) Mais celle d’aujourd’hui sera peut-être la plus belle ou l’une des plus belles. Laurent Jalabert lancé donc, à l’assaut d’une victoire d’étape le 14 juillet!

Bernard Thévenet: (…) Laurent Jalabert n’est pas très loin du sommet, après ça devient plus facile, c’est un léger faux plat, mais il y a un vent favorable pour finir.

(La caméra filme le peloton)

Patrick Chêne: (…) Pantani et Virenque en tête du peloton, en troisième position c’est Miguel Indurain, en quatrième position c’est Bjarne Riis et son maillot de champion du Danemark, Bjarne Riis qui défend sa troisième place au classement général. Pantani tente d’accélérer maintenant, il faudra surveiller le comporteme­nt de Bjarne Riis dans le peloton maillot jaune car pour Laurent Jalabert l’écart est à calculer sur Bjarne Riis surtout, alors que Zülle est là. C’est Miguel Indurain qui a du mal pour l’instant à répliquer à l’attaque de Pantani, Marco Pantani le vainqueur de l’étape de l’Alpe d’Huez. Voilà, c’est Zülle qui attaque maintenant, qui accélère! Bernard Thévenet: Zülle qui va essayer de calquer sa course sur celle de Pantani en espérant mettre mal à l’aise Indurain, ça sera difficile.

(Retour sur Laurent Jalabert)

Patrick Chêne: On retrouve l’homme de tête, qui ne devrait plus être inquiété maintenant. Quelle étape, cette étape de Mende! 225 kilomètres entre Saint-Étienne et Mende (…) Laurent Jalabert qui en termine maintenant avec l’ascension, il reste deux kilomètres, deux kilomètres qu’il va falloir parcourir en puissant, en costaud, en rouleur, et ça Laurent Jalabert est capable de le faire! On déclencher­a bien sûr notre chronomètr­e. Je vous rappelle les données du problème: la victoire d’étape du 14 juillet

semble acquise pour le Français, mais s’il l’emporte avec 3 minutes 17 d’avance sur le peloton, il sera troisième du général. S’il l’emporte avec 6 minutes 50 d’avance sur le peloton, il sera deuxième du général. (…) L’écart est maintenant de 6 minutes 30 donc c’est la deuxième place qui est en jeu, alors que Miguel Indurain tente de revenir sur Pantani. Oh la la, Indurain est à l’attaque là pour revenir sur Pantani. Riis parvient à prendre la roue. Où est Zülle? Alex Zülle a plus de difficulté­s. Oh là, Zülle est en difficulté derrière Riis!

Bernard Thévenet: J’ai de la peine à comprendre, Patrick. On a vu tout à l’heure Zülle rouler devant Indurain, derrière Pantani… Et maintenant, eh bien il est en difficulté avec Indurain. Il ne faut surtout pas faire d’erreur avec Indurain, c’est le plus fort de la course. Il faut essayer de le mettre en difficulté mais il ne faut surtout pas lui tirer les marrons du feu.

(Retour sur Laurent Jalabert)

Patrick Chêne: Laurent Jalabeeeer­t lancé au kilomètre! Je ne crois pas qu’on pouvait espérer meilleure histoire aujourd’hui. Voilà la ligne droite d’un kilomètre, vous allez pouvoir apprécier Laurent Jalabert, le Français. Je suis sûr que chez vous, vous trépignez aussi, eh bien ici le public de Mende est en délire. (Caméra sur Pantani) Alors que Pantani a lâché Indurain cette fois-ci!

Bernard Thévenet: Et il va bien Jalabert? (Retour sur Laurent Jalabert) Oui voilà. Oh la la, très, très beau final de Laurent Jalabert qui est échappé quand même depuis près de 200 kilomètres.

Patrick Chêne: Et il relance Laurent, il ne profite même pas de sa joie! Il relance pourquoi? Eh bien pour assurer du temps au classement général! Exploit EX-TRA-OR-DI-NAIRE, 24 kilomètres, ils sont partis au bout de 24 kilomètres! 198 kilomètres d’échappée pour six hommes et finalement il n’en reste qu’un. S’il n’en reste qu’un c’est celuilà, c’est Laurent Jalabert, de Mazamet. Deuxième victoire d’étape pour le Mazamétain dans le Tour de France, mais c’est la plus belle. (Laurent Jalabert se retourne, lève les bras brièvement puis reprend son guidon en mains.) Laurent Jalabert, le 14 juillet, consolide à la fois son maillot vert, sa place au classement général, fou de bonheur Laurent Jalabert, 198 kilomètres d’échappée! BRAVO! ET MERCI! (Bruit de la foule et de l’hélicoptèr­e) La deuxième place, elle est pour Podenzana. Il est battu pour 28 secondes par Laurent Jalabert, le HÉ-ROS du jour, le mot n’est pas trop fort! Troisième Bottaro. Et Thierry est avec Laurent Jalabert!

Thierry Blancot: Laurent Jalabert qui réclame à boire. Laurent, c’est fantastiqu­e, 198 kilomètres d’échappée! Mais comment vous avez fait pour y croire tout le temps?

Laurent Jalabert: Je sais pas. Il y a un moment, c’était… Bon, j’ai failli me relever au début… (son père arrive pour lui faire un câlin et des baisers sur la joue: “Merci Laurent pour ce que tu nous as fait aujourd’hui”).

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