Première - Hors-série

COMICS DE SITUATION

- PAR BENJAMIN ROZOVAS

Producteur de Terry Gilliam et David O. Russell, Charles Roven est aussi le grand arbitre du catalogue de la Warner, de Batman Begins à Justice League, en passant par Suicide Squad, Batman v Superman – L’Aube de la Justice et Wonder Woman. Surtout, ne venez pas lui parler des problèmes de croissance de l’univers DC au cinéma.

PREMIÈRE : À Hollywood, le rôle du producteur a beaucoup évolué.

Pour les franchises à épisodes comme celles de l’univers DC, par exemple, où les films sont programmés par wagons entiers pour les cinq années à venir, comment s’organise votre travail ? Comment réussissez-vous à tenir le cap ?

CHARLES ROVEN : Les films DC sont interdépen­dants, les personnage­s apparaisse­nt à la fois dans leur film et ceux des autres, je suis donc quotidienn­ement en contact avec le studio. Ils savent ce qui se passe avec les autres films du DCU (DC Universe) que je ne produis pas et font le relais entre les équipes. Mais celles-ci travaillen­t aussi de concert et se nourrissen­t les unes les autres. Pour les 30 secondes d’apparition de Aquaman dans Batman v Superman et sa présence significat­ive dans Justice League, on s’est longuement entretenu avec James Wan et son départemen­t artistique (“Aquaman” de James Wan sortira fin 2018, un an après “Justice League”).

Aujourd’hui, le business du cinéma américain est essentiell­ement tourné vers les superhéros.

Cela vous convient ?

Comme beaucoup d’Américains, j’ai grandi en lisant des comics. Marvel ou DC, peu importe, j’aimais les deux. Et j’étais très excité de porter Batman à l’écran au début des années 2000 avec Batman Begins. Ce qui me motive aujourd’hui, c’est de voir l’univers DC prendre forme au cinéma, film après film. Je suis très heureux de travailler dans l’arène des superhéros, mais je le suis tout autant d’avoir trouvé un moyen de ne pas m’y consacrer exclusivem­ent. Je prépare en ce moment Triple Frontier, d’après un script de Mark Boal (Démineurs, Zero Dark Thirty), sur le crime organisé dans la zone frontalièr­e entre le Paraguay, l’Argentine et le Brésil... C’est bien de prendre le large de temps en temps.

Wonder Woman doit redonner confiance dans le DCU après les semi-déceptions de Batman v Superman – L’Aube de la Justice et Suicide Squad, tout en prouvant que les superhéroï­nes ont autant de chance de succès que leurs homologues masculins... Ça fait beaucoup pour un seul film.

Je suis très confiant dans ses chances de réussite. Le défi était d’introduire au cinéma une icône pop-culturelle vieille de 75 ans. Patty Jenkins a fait un boulot formidable et je ne pourrais être plus heureux de l’équipe réunie. L’alchimie entre Gal Gadot et Chris Pine est spectacula­ire. Le scénario de Geoff Johns et Allan Heinberg pose un nouveau regard sur le genre. On a les meilleurs chefs de départemen­t : Matthew Jensen, notre chef opérateur ; une production designer épatante, euh...

OK mais...

...Martin Walsh, notre monteur. Notre réalisateu­r de seconde équipe, Damon Caro...

Du rôle de Ben Affleck sur The Batman de Matt Reeves, aux réécriture­s de Justice League, le DCU est quotidienn­ement victime de rumeurs et de bruits de fond, ce qui peut parfois donner l’impression d’une maison en difficulté...

Aline Bonetto.

Pardon ?

Notre production designer, Aline Bonetto... Vous disiez ?

Toutes ces rumeurs en coulisses... Cela ne doit pas être bon pour le business. J’ai conscience que les fanboys dissèquent chaque décision prise sur un film. On s’en accommode très bien. Mais ce qu’on refuse de faire, c’est de répondre à chaque fausse informatio­n ou d’accorder du crédit à des rumeurs. D’abord parce qu’on y passerait notre vie, ensuite parce qu’il y en a tellement – une multitude par jour – que même nous, on ne sait plus trop ce qui a été dit. La réalité,

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