Première - Hors-série

David Bowie, figure du strange.

À quoi reconnaît-on une série strange? À ses couleurs psychés? Ses cliffhange­rs abscons? Ses créatures fantasques? Oui, tout ça. Mais aussi à sa capacité à invoquer l’icône du beau bizarre David Bowie. Jugez plutôt.

- PAR FRÉDÉRIC FOUBERT

1 Il hante TWIN PEAKS – THE RETURN

En 1992, David Bowie piratait de l’intérieur le film de David Lynch, Fire Walk With Me. Dans la peau de l’agent Phillip Jeffries, costume blanc et chemise bariolée, il débarquait au quartier général du FBI, le regard halluciné, parlant en énigmes. Le chanteur avait déjà interprété Elephant Man au théâtre, son morceau I’m deranged allait bientôt devenir la bande-son de Lost Highway, mais c’est cet instant qui fixe pour l’éternité la rencontre entre Lynch et lui, les deux David amoureux de l’étrange. Aujourd’hui, Bowie n’est plus là, mais la nouvelle saison de Twin Peaks étant peuplée de fantômes (Catherine E. Coulson, Miguel Ferrer, Warren Frost... tous morts dans l’intervalle entre le tournage et la diffusion), on a passé l’été à guetter l’apparition post-mortem du « Thin White Duke ». Chronologi­quement, ça collait : le tournage de The Return avait débuté en septembre 2015 et Bowie, décédé le 6 janvier 2016, a consacré les derniers mois de son existence à mettre en scène sa disparitio­n, via l’album-testament Blackstar et le clip spectral de Lazarus. Le suspense autour de son éventuelle résurrecti­on au détour d’un épisode de Twin Peaks n’était donc pas seulement un délire de fan morbide, mais une hypothèse, une vraie, encouragée par l’intrigue elle-même, qui convoquait la mythologie de Phillip Jeffries dans les grandes largeurs. Mais alors ? On voit Bowie dans Twin Peaks 3 ou pas ? Tut, tut, tut... Ce sont les pages news ici, on ne spoile pas. Il y a un dossier spécial Twin Peaks à la fin de ce numéro rien que pour ça.

2 Gillian Anderson est Ziggy Stardust dans AMERICAN GODS

Pendant deux ans, au moment où il bûchait sur les saisons 2 et 3 de Hannibal, le showrunner Bryan Fuller tambourina­it en vain à la porte de David Bowie, laissant des messages, essayant de négocier avec son agent : gros fan de l’icône glam, il tenait absolument à ce que celle-ci joue l’oncle du serial-killer cannibale interprété par Mads Mikkelsen. Bowie a décliné l’invitation mais Fuller s’est récemment rattrapé en peinturlur­ant Gillian Anderson en Ziggy Stardust (l’avatar « bowiesque » du début des 70s) dans American Gods, lui écrivant des dialogues copiés-collés des chansons de son idole (« There’a starman waiting in the sky », « You’ve been putting up fire with gasoline »). L’actrice de X-Files joue Media, une néodivinit­é qui prend la forme d’une icône pop différente à chacune de ses apparition­s : Lucille Ball (l’héroïne de la sitcom fifties légendaire I Love Lucy), Marilyn Monroe... Et David Bowie, donc, ce qui est logique vu que lui-même a passé sa vie à changer de look et d’apparence. Plus méta, tu meurs.

3 Il est ressuscité à Broadway par BOB L’ÉPONGE

Quand les producteur­s de la comédie musicale Bob l’éponge (attendue en fin d’année) ont dévoilé la bande-son de leur spectacle, on n’a pas été surpris d’y voir figurer un morceau de Bowie : celui-ci était un fan revendiqué du dessin animé azimuté et avait même prêté sa voix à l’épisode L’Amulette d’Atlantis en 2007, y interpréta­nt l’aristo aquatique Lord Royal Highness. Une preuve supplément­aire du goût impeccable du chanteur de TVC 15 en matière de télévision (sur son CV : des apparition­s hilarantes dans Extras et Dream On). Dans ce TV special de quarante-cinq minutes, David Bowie ne chantait pas mais délivrait la morale de l’histoire à Bob et son copain Patrick l’étoile de mer : « L’art est ce qui arrive quand tu apprends à rêver. » Un message reçu cinq sur cinq par les mômes et les fumeurs de joints à qui s’adresse le cartoon.

4 Aubrey Plaza pense à lui dans LEGION

À l’origine, le rôle de Lenny, le « vilain » de la série de superhéros timbrés Legion, avait été écrit pour un homme de 50 ans. Aubrey Plaza, son interprète, est finalement une femme de 30 ans. Elle a fait la synthèse grâce à Bowie : « J’avais en tête la pochette de l’album The Man Who Sold the World, celui où il porte une robe. J’imaginais Lenny très fun, un peu rock star. Ça me semblait être un bon point de départ. » À l’arrivée, on n’aurait sans doute pas décelé l’influence de Bowie sans les explicatio­ns de l’actrice. Mais c’est bien la preuve que son esprit est là, dans l’air.

5 On fredonne China Girl devant TOP OF THE LAKE

Du coup, on se met à le voir partout... Tiens, China Girl, le soustitre de la nouvelle saison de Top of the Lake : ne serait-ce pas un clin d’oeil à son tube de 1983? On regarde donc les épisodes en quête d’un indice... Aucun lien. Mais il n’y a pas à dire : Top of the Lake – China Girl, ça sonne super bien. En attendant Fargo – Ashes to Ashes et True Detective – Let’s Dance ?

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