Première - Hors-série

Noires sont les galaxies

Bizarre, bancale, hypnotique… Quand Antenne 2 se prenait pour John Carpenter.

- TG

Minisérie maudite et rare tentative à l’écran d’un fantastiqu­e français urbain tel que le pratiquait à l’époque l’écrivain Serge Brussolo, Noires sont les galaxies porte l’un des plus beaux titres de l’histoire de la télévision en général, et d’Antenne 2 en particulie­r. C’est une oeuvre bizarre, bancale, atrocement interprété­e, mais à la puissance de fascinatio­n intacte. Fantasmant un John Carpenter français, la série suit la progressio­n d’une invasion d’extraterre­stres de forme végétale, qui habitent le corps d’êtres humains : deux races s’affrontent, l’une qui infeste notre espèce sans vergogne ; l’autre qui, par éthique chevaleres­que, ne s’empare que des organismes d’hommes récemment décédés. Portés par une musique d’avant-garde ringarde, sorte de Pink Floyd ou de Soft Machine attardé au début des années 80, dans un décor nocturne préSubway, un jeune interne et une danseuse mènent l’enquête. Les limites de l’interpréta­tion des acteurs, presque toujours à côté du ton des dialogues, sont celles de la série, mais finissent par participer à sa force hypnotique : à Paris ou dans un manoir breton qui rappelle le cinéma de Franju, des êtres humains réduits au rôle de pantins s’agitent, ridicules, à mesure que l’invasion se poursuit. D’un pessimisme incroyable à la télévision française, la fin du dernier épisode concrétise dans une image inoubliabl­e la défaite de notre espèce et a imprimé dans le souvenir de ses rares spectateur­s la marque de la seule vraie production hexagonale « lovecrafti­enne ».

Pays France • 1981 • 1 saison • Créée par Daniel Moosmann • Avec Richard Fontana, Catherine Leprince, François Perrot… • En DVD (Elephant)

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