Jean-Pierre Dionnet
« a été diffusée sur NBC en 2009, c’est une uchronie qui se déroule dans une Amérique dysfonctionnelle dirigée par le roi Silas, à la tête d’une famille à la Borgia. Vraiment un drôle de truc : ça évoque Autant en emporte le vent, mais dans un monde où le Sud aurait gagné et où Atlanta serait la capitale. Le créateur Michael Green, qui a depuis fait la carrière que l’on sait (les scénarios de Logan ou Blade Runner 2049), est intéressant parce qu’il ne vient pas de la SF – j’ai toujours pensé que la science-fiction et l’uchronie les plus réussies étaient faites par des mecs dont ce n’est pas l’univers, comme Robert Wise ou Don Siegel. Ça apporte une dose supplémentaire de réalisme et de crédibilité. Ian McShane joue Silas, il sortait de Deadwood, il était le roi du monde et il trouve là ce qui est, selon moi, son vrai grand rôle. Il est à la fois odieux, avec ses complots et ses histoires de fesses, et terriblement bouleversant. Le personnage annonce Trump, d’une certaine façon. Après, la série a été un accident industriel... Les hommes en costume gris ont eu une influence dévastatrice. Ils ont interdit à Michael Green d’utiliser les mots « roi David » au cours de la promo. Alors que c’est l’histoire du roi David! Ils ne voulaient pas se mettre le public religieux à dos. C’est le malheur de Kings d’avoir été sur une grande chaîne. Green a depuis transformé l’essai avec American Gods, mais l’on fantasme toujours sur ce qu’aurait pu devenir Kings si elle avait duré plus d’une saison. Peut-être bien la plus grande série du monde, qui sait ? » (Producteur, scénariste, journaliste, éditeur, Jean-Pierre Dionnet va publier prochainement La Machine à rêver, une anthologie sur les arts graphiques)