2001 À L’INFINI
Comment célébrer dignement les 50 ans de 2001, l’odyssée de l’espace? Sur support pellicule ou en digital? Avec ou sans Christopher Nolan? Depuis l’au-delà, Kubrick continue de poser d’obsédantes questions de cinéma.
Comment bien (re)voir 2001, l’odyssée de l’espace à l’occasion de la célébration de son demi-siècle? Sans doute influencés par le perfectionnisme légendaire de Stanley Kubrick – qui vérifiait l’état de chaque copie de ses films en circulation et harcelait les projectionnistes de coups de fil maniaques – pas mal de cinéphiles, cette année, se sont demandé quelle était la meilleure façon de savourer le monolithe qui a révolutionné l’histoire de la SF. Christopher Nolan a débarqué au Festival de Cannes avec une copie 70 mm « non restaurée », tirée du négatif originel, permettant de voir le film comme si c’était la première fois, tel qu’il a été découvert par ses premiers spectateurs, en 1968. Posant en héritier « officiel » de Kubrick (entouré en haut des marches du Palais des festivals par la fille du génie, Katharina, son beau-frère Jan Harlan et l’acteur Keir Dullea), le réalisateur d’Interstellar continuait ainsi sa croisade pour initier les jeunes générations aux plaisirs de la pellicule, croisade qu’il mène aux côtés de Quentin Tarantino et Paul Thomas Anderson. Cette copie « unrestored » qui a circulé dans quelques salles, jusqu’au festival Lumière de Lyon, en octobre, où, cette fois-ci, c’est Douglas Trumbull, le responsable des effets spéciaux du film, sans doute l’homme qui connaît le mieux les secrets de fabrication de 2001, qui accompagnait la projection et méditait sur l’héritage de son mentor et vieil ami Stanley. Il ne se gênait pas pour dire que le statut de néo-Kubrick revendiqué par Nolan était un chouïa usurpé (« Il s’est auto-proclamé héritier! ») et souligner que la meilleure façon d’apprécier 2001, à ses yeux, c’est dans sa restauration 4K Ultra HD. « C’est mieux, nous confiait-il. Il n’y a pas de grain, pas de vibration, la luminosité est meilleure, les couleurs aussi. C’est un format supérieur. La pellicule, c’est du passé. Je suis au-delà. I’m all digital. » Dans Ready Player One, Steven Spielberg, autre grand cinéaste s’étant défini par rapport au souvenir de Kubrick, prédisait de son côté que, bientôt, on pourra tous « rentrer » dans les films du maître et se balader, par exemple, dans les couloirs de l’hôtel Overlook de Shining. Le trip continue.