STAN LEE 1922 2018
Stanley Martin Lieber était plus qu'un papy cool qui payait sa retraite avec des caméos : en créant Marvel dans les sixties, il avait inventé le futur de l’entertainment mondial.
La jeune génération était d’autant plus habituée au visage de Stan Lee que celui-ci avait passé les vingt dernières années à jouer au jeu du caméo – tel Hitchcock en son temps – dans les films adaptés des bandes dessinées Marvel. D’ailleurs, à force, ces apparitions ne surprenaient plus grand monde : sa meilleure performance dans le domaine reste celle du premier Iron Man en 2008, où Tony Stark le confond avec Hugh Hefner, fondateur du magazine Playboy. La comparaison est, rétrospectivement, très injuste, lui donnant l’image d’un gentil papy priapique, alors qu’on parle tout de même de l’homme qui a fait passer les superhéros du Golden Age des origines (les titans inhumains, supraterrestres, qui luttent contre le crime et la guerre) au Silver Age de l’après-Seconde Guerre mondiale. Les héros selon Lee devront désormais, superpouvoirs ou pas, composer avec le monde réel : racisme, drogue et sexisme. La liste des créations auxquelles son nom est associé est impressionnante : avec Jack Kirby, il donnera naissance en 1961 aux 4 Fantastiques, aux X-Men, à Hulk, Thor, Iron Man... Il créera aussi Daredevil (avec Bill Everett), ou encore Doctor Strange et Spider-Man avec Steve Ditko. Des visions cosmiques, du drame, du pulp, mais surtout des héros très humains, auxquels tout le monde s’identifie.
La géniale intuition fondamentale de Lee est là : mélanger le divertissement épique aux questions sociétales. Il savait à quel point il était important pour le médium d’être inclusif, non seulement du point de vue politique mais également financier (l’équation imparable : plus de héros semblable au lectorat = plus de lectorat = plus d’argent). Et, ainsi, Lee créait la marque Marvel. Une étiquette qui relie toutes les créations en quadrichromie dans un grand univers d’entertainment total (il arrêtera d’écrire dans les années 70 pour partir à Los Angeles, afin de lancer ses superhéros au cinéma). En 2018, les plus gros succès pour les films de superhéros ont été Black Panther, avec son casting très majoritairement noir, et Les Indestructibles 2, inspiré des
4 Fantastiques. Alors que Captain Marvel est prête à pulvériser le box-office en 2019, l’héritage de Lee est partout, sur tous les écrans. Bien au-delà des caméos pour faire rigoler les membres du fan-club.