Maurice Pialat sous le sapin d’Amazon
En guise de cadeau de Noël, Amazon Prime Video propose depuis fin décembre toute la filmographie de l’ours indomptable et indompté du cinéma français : Maurice Pialat. Si beaucoup de jeunes cinéastes le citent aujourd’hui à tour de bras – caricaturant bien souvent ses emportements – il convient de retourner à la source. On y verra certes de sublimes engueulades et autres humiliations (Nous ne vieillirons pas ensemble, Loulou, Police...), mais aussi des moments d’intimité d’une tendresse infinie (la séquence dite « de la fossette » face à la jeune Sandrine Bonnaire dans À nos amours, la pureté du visage de Philippe Léotard dans La Gueule ouverte), un regard lucide sur l’enfance (L’Enfance nue, Passe ton bac d’abord), une recherche constante d’absolu (Van Gogh) ou encore un cheminement intérieur vers des forces supérieures (Sous le soleil de Satan). Manière de dire ou de redire que le cinéma de Pialat, volontiers âpre, n’essayait jamais de flatter l’ego de qui que ce soit, ni de caresser les êtres dans le sens du poil. L’homme a toujours essayé de révéler à l’écran l’humain dans sa plus profonde vérité. Et tant pis si celle-ci n’était pas toujours belle à voir. Pialat, l’insatisfait, lui, aimait à répéter en guise d’autoflagellation : « Je suis quelqu’un qui a complètement loupé son coup et qui aurait pu faire beaucoup mieux dans la vie. » « Dans la vie », peut-être, « au cinéma », sûrement pas. Quant aux plus snobs des cinéphiles (on les connaît!), ils se plaindront sûrement de l’absence ici de sa minisérie télé, La Maison des bois. Soupirs. TB X