CONFIDENTIEL
Interview Sara May
PREMIÈRE : Quel est le bilan de Netflix dans ses activités de production en France au bout d’un an ?
SARA MAY : C’est très positif. L’ambition quand on a lancé le bureau français était de créer une offre de cinéma propre à Netflix. Cette offre devait être à la fois diverse et complémentaire. Nous savions que nous nous adressions à un public qui a des habitudes propres. Et nous avions l’humilité de reconnaître qu’il fallait s’inscrire dans des traditions de production françaises particulières. Par ailleurs, on savait que Netflix serait l’endroit idéal pour proposer des histoires différentes, des histoires qu’on ne trouvait pas ailleurs. De ce point de vue-là, le succès de Balle perdue [lire page 36] a été un tournant majeur. On s’est rendu compte qu’il y avait un désir profond pour le cinéma d’action français. C’était un genre un peu en perte de vitesse…
Cela veut donc dire que vous allez dans le futur mettre l’accent sur ce genre-là ?
Il n’y a pas de recettes toutes faites, on apprend en essayant. Banlieusards avait montré qu’il y avait une réelle appétence pour un cinéma plus social. Les succès de Bronx et de Balle perdue sont très encourageants. C’est vrai que le cinéma d’action fonctionne bien et, surtout, il voyage bien ! Pour autant, je le répète, notre offre doit être diverse. On va sortir en 2021 En passant pécho de Julien Royal. C’est un premier film, une pure comédie et on a de grosses attentes pour ce titre… On veut répondre à d’autres demandes, proposer d’autres genres. On tente, on essaye, on ajuste.
Quels sont vos critères ?
Il n’y en a pas ! Toujours pas de cases d’audience à cocher! On a la chance inouïe d’avoir la liberté de choisir les projets que l’on veut voir arriver sur la plateforme. Alors, on laisse à nos partenaires la liberté de proposer ce qu’ils veulent. Plus on avance et plus le dialogue créatif que l’on a, en interne comme en externe, devient ciblé sur ce qui correspond au « cinéma français de Netflix ». On est à l’écoute des abonnés et la communication sur nos réseaux est une donnée essentielle pour notre boussole interne. Cela, ainsi que les différentes envies de nos partenaires. C’est le mot-clé, l’envie. La nôtre comme celle de nos partenaires. Les producteurs, les réalisateurs, doivent avoir envie de travailler avec nous. C’est comme ça que l’on construit un cercle vertueux, je pense.
Concrètement, quels sont les gros projets que l’on doit inscrire dans notre agenda de 2021 ?
Il y aura beaucoup de nouveaux films, des premiers longs. Ce sont de vrais paris, et c’est un pilier essentiel de notre offre cinéma. On veut donner leur chance à des talents émergents. Mais il y aura aussi des projets plus identifiables : Jean-Pierre Jeunet a fini de tourner et c’est une grosse fierté en interne d’avoir pu lui redonner toute sa liberté. BigBug sera le film qu’il voulait faire depuis des années et on est très impatients de voir le résultat. Il y aura également O2, d’Alexandre Aja. Un survival qui marque le retour en France d’un cinéaste majeur. Après quinze ans passés aux États-Unis, c’est une grande fierté d’avoir fait revenir Aja en France. Son casting réunira Mélanie Laurent, Mathieu Amalric et Malik Zidi. On attend également deux comédies. 8 rue de l’Humanité est le prochain film réalisé par Dany Boon. Une histoire de confinement qui devrait croiser comédie et drame en racontant la vie de sept familles qui vivent dans le même immeuble. Il est en tournage actuellement. Enfin, il y aura Le Dernier Mercenaire, une comédie d’action réalisée par David Charhon avec JeanClaude Van Damme et Alban Ivanov. Vous voyez : je vous disais « diversité ». Je crois que ça résume bien ce line-up.