Bienvenue à Suburbicon, de George Clooney, The Greatest Showman, de Michael Gracey
Dans les années 50, Matt Damon incarne un bon père de famille pris entre deux feux : la mafia et un flic très fouineur. Un thriller dark réalisé par George Clooney et écrit par les frères Coen.
C’est d’abord un vieux script des Coen, écrit en 1986, juste après Sang pour sang. Une oeuvre de jeunesse qui prenait la poussière sur les étagères de la Warner. Les frangins ont bien failli l’adapter plusieurs fois, mais sans succès. Jusqu’à ce que George Clooney, alors qu’il tourne sous leur direction le film Ave, César !, leur demande la permission de le porter à l’écran. L’intrigue (un cambrioleur prend en otage une famille bien tranquille qui se retrouve au beau milieu d’une guerre mafieuse) est « coenienne » en diable : citation-hommage au roman noir américain (la galaxie Chandler/Goodis/Cain/Spillane) et au ciné-polar qui en a découlé (de Huston à Hitchcock). Mais on est bien chez Clooney. Et les rumeurs comme les premières images laissent penser que George, grâce à une succession de choix très malins, pourrait accoucher de son meilleur film depuis Confessions d’un homme dangereux. Il y a la somme d’un casting surhumain (Matt Damon, Julianne Moore, Josh Brolin et Oscar Isaac) ; d’options artistiques parfaites (prendre le chef opérateur hyper talentueux de Paul Thomas Anderson pour réinventer les fifties) ; d’un sous-texte lucide voire cynique (flic et mafia vus comme les deux faces de la médaille américaine 50s) et surtout d’une approche de son sujet en équilibre idéal. Après avoir découvert la bande-annonce qui « vendait » une comédie distanciée, le cinéaste a tenu à faire une mise au point : « C’est très, très noir. Ça commence comme un film Disney, mais après quelques virages dramatiques, ça devient un trip d’acide très violent ». Bienvenue à Suburbicon ? Vraiment ?