Interview de Robert Patrick - Terminator 2 3D
Robert Patrick a une carrière longue comme le bras, mais c’est toujours au T-1000 qu’on l’associe. À l’occasion de la ressortie 3D de Terminator 2 – Le Jugement dernier, rencontre avec un acteur au caractère bien trempé.
Il est pas mal, votre blouson ! » Voilà comment débute une interview avec Robert Patrick. Quand l’acteur sort son compliment, le journaliste hésite entre se soulager immédiatement de son perfecto de cuir, lui donner et s’enfuir en courant en priant pour ne pas finir transpercé par un bras de métal liquide, ou reprendre ses esprits avant d’enclencher l’enregistreur audio. Après
Terminator 2 – Le Jugement dernier, Robert Patrick a eu une longue carrière, très longue même, de Copland à Mémoires de nos pères de Clint Eastwood en passant par la série
X-Files (il y remplaçait David Duchovny pendant deux saisons), Les Soprano et The
Faculty. Mais pour le monde entier, il reste le mythique T-1000 de T 2. Le film a 26 ans. Mais au moment où il ressort en 3D, relifté par James Cameron en personne, le regard de son interprète, toujours aussi bleuté, et sa voix métallique n’ont pas changé.
ROBERT PATRICK : Je n’ai vu Terminator 2 que trois ou quatre fois dans ma vie. Lors de la sortie originale en 1991, et une fois ou deux à la télévision. Et puis, récemment, j’ai reçu une invitation de James Cameron pour voir la version restaurée en 4K 3D. Il m’a reçu dans ses bureaux de production, dans sa salle de projection privée. Je me suis installé au premier rang, au centre, et il a lancé le film... Mon cerveau a explosé. La 3D propose une immersion qui n’existait pas avant, des détails sautent aux yeux que je n’avais jamais remarqués. Franchement, si un film méritait d’être converti en 3D, c’était bien
Terminator 2. C’est un film presque parfait, et je dis ça sans jamais penser que j’en ai fait partie. On ne voit absolument pas les coutures. Il y avait ces effets spéciaux à l’époque jamais vus, au service d’un personnage, le mien... C’était fou !
PREMIÈRE : Mais ces effets ne fonctionneraient pas si vous n’aviez pas réussi à les rendre crédibles grâce à votre performance.
Votre remarque est intéressante, parce qu’il y a eu des moments pendant le tournage où j’avais le sentiment que je n’en faisais pas assez ; que ça ne marcherait pas. Et James Cameron m’a rassuré, m’affirmant que j’étais en parfait équilibre, qu’il ne fallait pas en faire plus. Il me demandait tout le temps d’en faire moins justement, d’être moins
« TERMINATOR 2 EST UN FILM PRESQUE PARFAIT... ON NE VOIT ABSOLUMENT PAS LES COUTURES. » ROBERT PATRICK
« personnel », de laisser de côté mon charisme, d’être moins humain... Ce n’est pas simple, pour un acteur, d’aller à l’encontre de tout ce qu’on lui a appris à accomplir.
Vous étiez totalement inconnu avant d’être casté pour le T-1000.
J’étais pire qu’inconnu. J’étais dans une galère noire, vous voulez dire ! J’avais tourné quelques films pour Roger Corman, je venais d’être syndiqué et j’avais juste trouvé un agent, grâce à qui j’ai eu un petit rôle dans Die Hard 2 (58 minutes pour
vivre). Une ligne de dialogue... et les petits ruisseaux font les grandes rivières. Le film de Renny Harlin était en salles quand j’ai auditionné pour Terminator 2. Sur le moment, je n’ai pas compris que Cameron cherchait un inconnu pour le rôle. Il ne voulait pas d’une personnalité pour incarner le T-1000. C’est passé de peu d’ailleurs. Je sais qu’il a reçu et discuté avec d’autres acteurs pour le rôle.
Mais avant que vous n’ayez obtenu le rôle, c’est le chanteur Billy Idol qui a passé les screen-tests et sur tous les story-boards le personnage a son visage, pas le vôtre. Et ce n’est pas vraiment un inconnu !
C’est vrai ! Jim Cameron voulait caster un inconnu, mais le producteur Mario Kassar, de Carolco Pictures, cherchait une star. Et ils s’étaient mis d’accord sur Billy Idol. Mais Billy avait eu un accident de moto, et quand le tournage a commencé, il n’était pas en capacité d’exécuter certaines scènes, il ne pouvait pas courir par exemple. Le rôle lui est alors passé sous le nez... et je lui en suis infiniment reconnaissant ! (Rire.) Sérieusement ! Dans un univers alternatif, le T-1000 c’est Billy Idol ! (Rire.)
Curieusement, Billy Idol, un grand cinéphile, tournait au même moment ses clips avec un certain David Fincher. Entre Cameron et Fincher, on peut dire qu’il savait s’entourer des plus grands réalisateurs !
Tout à fait ! Et si vous prêtez attention, l’influence de ce casting initial se remarque encore à l’écran. Le T-1000 a une posture à la Idol, presque punk-rock. J’ai passé mon audition habillé en punk, blouson de cuir noir, T-shirt et jeans noirs, bottes de biker... Parce que dans le film original, c’était le look d’Arnold. Et, le plus drôle, c’est que mon frère, Richard Patrick, était un punk. Il était le guitariste de Nine Inch Nails, et la mixtape que j’écoutais quand je m’entraînais pour devenir le T-1000 était un mélange de groupes industriels comme Nine Inch Nails et Ministry. J’ai toujours cette cassette d’ailleurs.
(Il se tourne vers son assistante). Il faut que je retrouve cette cassette !
Vous devriez mettre la liste des chansons en ligne !
Mais oui, c’est génial ! Je vais mettre en ligne la playlist du T-1000 sur iTunes ! (Rire.) Avant de finir, je veux vous raconter un truc sur cette histoire de musique. Je suis allé voir Cameron pendant le tournage, en lui déclarant : « Hé, mec, je connais ce groupe, Nine Inch Nails, ils ont une chanson Head like Hole, il faut que tu l’intègres dans le film. » (“La Tête comme un trou” pourrait correspondre à l’une des scènes cultes de “T2”
où le T-1000 se fait exploser le visage). Et Jim a déclaré : « Nine Inch Nails ? Jamais entendu parlé de ce truc ! Et, de toute façon, j’ai signé avec les Guns n’ Roses. On va réaliser une vidéo, donc laisse tomber, c’est mort. » Bon... Les Guns n’ Roses sont un excellent groupe, mais on peut dire que j’aurai essayé que Nine Inch Nails soit dans un
Terminator... L’ironie de l’histoire c’est que des années plus tard, Trent Reznor, le fondateur de Nine Inch Nails, et Atticus Ross, son partenaire, ont été oscarisés pour leur travail de composition sur la bande originale de The Social Network de David Fincher, et nominés aux Golden Globes pour Gone
Girl. J’avais eu du flair non ? u
TERMINATOR 2 – LE JUGEMENT DERNIER 3D
De James Cameron • Avec Arnold Schwarzenegger, Linda Hamilton, Robert Patrick... • Durée 2 h 15 • Sortie 14 septembre.