Première

Tournages en état d’urgence

L’état d’urgence qui sévit à Paris depuis deux ans a-t-il eu un impact sur les tournages dans la capitale ? Pour en parler, on a rencontré l’un des réalisateu­rs de la série Engrenages, le délégué de la Mission cinéma à la Mairie de Paris et le commandant

- u PAR CHRISTOPHE NARBONNE

13 novembre 2015. Dans la foulée de l’attaque du Bataclan, l’état d’urgence est instauré en France. Police et armée sont en alerte maximale. Paris, notamment, est soumise à des règles strictes de circulatio­n et de manifestat­ion. Comment, dès lors, tourner des fictions dans un environnem­ent où le moindre écart de routine peut être interprété comme un signe d’hostilité et prête donc à riposte ? Surtout quand ces fictions, films ou séries, s’inscrivent dans le registre, forcément spectacula­ire, de l’action ou du polar. « Entre le tournage de la saison 5, début 2014, et celui de la saison 6, qui s’est étalé du printemps à l’été 2016, j’ai senti une différence notable, affirme Frédéric Jardin, l’un des réalisateu­rs attitrés d’Engrenages. Il y avait davantage de policiers en civil qui traînaient dans les rues et une plus grande tension était palpable la nuit. » En réalité, l’état d’urgence n’interdit rien : il responsabi­lise les parties concernées. « Le bon sens prévaut », indique Michel Gomez, délégué de Mission cinéma, entité rattachée à la direction des affaires culturelle­s de la Mairie de Paris qui accompagne et facilite les tournages se déroulant dans la capitale. « Nous travaillon­s main dans la main avec les production­s et la Préfecture de Police. »

Mission possible

Frédéric Jardin se souvient néanmoins qu’en 2013, lorsqu’il réalisait des épisodes de Braquo à Paris, les acteurs pouvaient encore tirer avec des balles à blanc. Impossible aujourd’hui. « Pour les tournages, nous interdison­s désormais les effets détonants », précise le commandant Sylvie Barnaud, responsabl­e de la Cellule des prises de vue de l’Unité opérationn­elle de voie publique de la Préfecture de Police. « Les séquences avec sorties d’armes (donc, sans détonation­s, rajoutées en postproduc­tion) sont examinées au cas par cas et assorties, lorsqu’elles sont autorisées, d’un certain nombre de prescripti­ons. » Dans les faits, c’est plus souple. « Quand on prépare le tournage, avec la régie et les autorités compétente­s, c’est l’affolement, poursuit Frédéric Jardin. Puis, sur place, ça se simplifie. Le port d’armes factices est notamment toléré pour les comédiens qui en ont besoin pour être dans leurs personnage­s. » Signe de cette collaborat­ion raisonnée, le tournage au printemps dernier de Mission – Impossible 6 qui a créé l’événement. « Pour une scène d’hélicoptèr­e avec des hommes en armes au-dessus de Bercy, nous avons évidemment prévenu les riverains, conclut Michel Gomez. On a même fait un peu “fuiter” cette séquence pour les rassurer pleinement. » Personne n’a de toute façon intérêt à ce que l’état d’urgence freine les tournages à Paris et dans sa région. Depuis janvier 2016 et l’assoupliss­ement du crédit d’impôt, le secteur est en plein boum en Île-de-France. Parisiens, n’entendez-vous pas, au loin, les rumeurs du nouveau Clint Eastwood ?

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Engrenages, saison 6.

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