Première

LE CARRÉ D’AS D’AU REVOIRLÀ-HAUT PIERRE LEMAITRE AUTEUR

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Son roman sur la génération perdue de 14-18 avait décroché le Goncourt en 2013. C’est aujourd’hui la planche d’appel qui permet à Dupontel de passer dans la cour des grands. « J’admire depuis longtemps le cinéma d’Albert, parce que nos univers ne sont pas très éloignés. Il pratique un cinéma très noir et comme mes livres, ses films sont teintés d’un humour qui cultive le cynisme, tout en étant très engagés socialemen­t. Quand on s’est rencontrés, je lui ai dit une chose importante : “Sens-toi libre de faire ton film, mais ne ridiculise pas mes personnage­s.” Je ne craignais pas qu’il fasse un film ridicule, mais son cinéma est a priori plus clivant que mon univers romanesque. Et son côté “cartoon” s’incarne dans cette manière très particuliè­re qu’il a de pousser le comporteme­nt de ses personnage­s à l’extrême. Je savais que le livre allait borner les choses, lui offrir un cadre : Au revoir là-haut est un livre classique dans sa facture, très XIXe. Albert en a joyeusemen­t fait éclater les limites. Il a opéré certaines transgress­ions, mais il l’a fait en apportant une vraie plus-value artistique. C’est le jeu : il n’y a pas de progrès sans transgress­ion. Au fond, je crois qu’Albert était arrivé à la situation où j’étais quand j’ai commencé à écrire le livre. J’avais 7 ou 8 romans policiers derrière moi et je décidais tout à coup de changer de catégorie, de style, de registre… Il y avait un rendez- vous avec mon savoir-faire qui n’était pas gagné d’avance. J’ai l’impression que ce film va faire comprendre aux gens qu’Albert est un immense artiste. Un homme qui a les idées, la créativité et la possibilit­é de faire passer tout ça dans le réel. » G.G.

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