Première

LE CARRÉ D’AS D’AU REVOIRLÀ-HAUT NAHUEL PÉREZ BISCAYART ACTEUR

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Trente ans, venu d’Argentine, le jeune acteur fluet est la révélation 2017 du cinéma français et l’arme secrète d’Au revoirlà-haut. D’où sort ce type ? Premier choc : il bouffe littéralem­ent 120 battements par minute, passion cannoise signée Robin Campillo. Un mois plus tard, c’est la même gueule (fût-elle cassée) qui illumine Au revoir là-haut. Et ce regard insensé, avec lequel il doit se débrouille­r pour faire passer des émotions de toutes les couleurs, le reste du visage masqué et la voix transformé­e en un râle guttural indistinct. « Tous les mecs qui venaient pour le rôle d’Édouard n’y arrivaient pas, raconte Dupontel. Je commençais à m’angoisser, le personnage n’existait que sur le papier. Et puis on a vu ce gamin débarquer, vraiment étonnant, différent des autres, qui bougeait super bien, avec un visage un peu impertinen­t, insolent, parlant cinq langues. Et les yeux… À la fin, il ne jouait qu’avec ses yeux. C’est un très grand travailleu­r, cinq mois avant il était en répétition, deux fois par semaine, à apprendre l’histoire de France, observer la créatrice des masques, apprendre les chorégraph­ies, le piano (pour une scène qui a été coupée), répéter avec la gamine… » Dans le film, c’est Biscayart qui dessine, lui qui manipule la glaise et lui qui danse (merveilleu­sement) sous un masque de lion entouré de billets de banque. Le plus fou étant que sous ce masque intégral, on le reconnaît à sa grâce singulière, quasi chaplinesq­ue. « On le reconnaît parce qu’on le voit bouger ainsi depuis le début du film. Même quand il court sur le champ de bataille, il bouge bien. » Ce qu’on appelle une révélation. G.B.

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