Première

PREMIÈRE CONFIDENTI­EL

C’est le secret le mieux gardé de Hollywood. Si vous avez ri devant une comédie US ces dernières années, il y a des chances que Del Close en soit l’origine. Ce roi de l’impro a formé des génération­s de comiques. u PAR JULIEN LADA

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Del Close

Lorsqu’il reçut son Oscar du meilleur scénario pour The Big Short, Adam McKay cita son nom dans sa liste de remercieme­nts. Amy Poehler le considère comme « le plus célèbre comique que personne ne connaît ». La veille de sa mort, le 4 mars 1999, le gratin de la comédie américaine (Bill Murray, Harold Ramis, Mike Myers, Tina Fey, Vince Vaughn) s’est réuni dans sa chambre d’hôpital pour fêter ses 65 ans. La filmograph­ie de Del Close se limite pourtant à une poignée de figuration­s ( American Graffiti, La Folle

Journée de Ferris Bueller, Les Incorrupti­bles), mais il est l’homme sans qui la comédie américaine n’aurait pas été ce qu’elle est aujourd’hui. Formé à l’école Viola Spolin, la reine du genre, Del Close s’impose dès les années 70 comme un révolution­naire de l’improvisat­ion et tous les jeunes comiques naissants s’arrachent ses cours et ses conseils qu’il dispense à Chicago, une ville qui devient grâce à lui la plaque tournante du rire US. À la tête de The Second City, une troupe d’impro théâtrale, il fait de John Belushi, Gilda Radner, Dan Aykroyd et Bill Murray des stars et les propulse à la tête de l’institutio­n comique qu’est le Saturday Night

Live. Dans les coulisses de l’émission, il aidera Eddie Murphy à devenir la nouvelle coqueluche de l’Amérique et le début des années 80 porte la marque de ses protégés, qui alignent les cartons publics : 48 Heures, Un

fauteuil pour deux, et surtout S.O.S. Fantômes et Le Flic de Beverly Hills. Le père des ligues d’impro Mais cette période de succès profession­nel est rythmée par de multiples ennuis personnels, avec, en point d’orgue, la mort de son ami John Belushi le 5 mars 1982, avec qui il partageait le même penchant pour la cocaïne. La même année, sa rencontre avec Charna Halpern marque un tournant dans sa carrière : il rejoint sa troupe, l’ImprovOlym­pic et écrit avec elle Truth in

Comedy qui deviendra la bible des acteurs de stand-up et de comédies. Devenu à l’improvisat­ion ce que Lee Strasberg était à la Méthode, Del Close voit passer dans ses cours Adam McKay, Jon Favreau, Bob Odenkirk, Vince Vaughn, Mike Myers ou encore Tina Fey. Fasciné par les formes longues, il crée le Harold, un marathon comique en trois actes et trois sous-intrigues qui inspira Seinfeld, Curb Your Enthusiasm ou 30 Rock : « On faisait des spectacles de 1 h 45 avec seulement trois longues impros. Ma tête devenait comme une mitrailleu­se en surchauffe dans une tranchée. On enchaînait des bières entières pour se rafraîchir », se souvient Adam McKay. Son héritage se retrouve aujourd’hui aussi bien dans Austin Powers, Présentate­ur vedette ou Mes

meilleures amies, que dans les ligues d’improvisat­ion françaises, apparues au début des années 80. Et comme pour tout personnage hyper influent mais encore trop méconnu, un projet de biopic dort depuis des années dans les tiroirs de Hollywood. Et les tentatives avortées de Harold Ramis et Mike Myers n’ont sans doute pas totalement douché l’industrie. u

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