HALLOWEEN
Un masque. Un couteau. Jamie Lee Curtis traumatisée... Retour aux fondamentaux pour le saint patron du slasher. Et en plus, ça fait pleurer.
« Fais simple et implacable » : c’est l’unique conseil donné à David Gordon Green par John Carpenter après avoir lu (et approuvé) sa mise à jour de Halloween, et tel qu’on connaît le Prince des ténèbres, son unique contribution « réelle » au film, en dehors du score minimaliste au piano rajeuni par ses soins. « Simple et implacable » dit beaucoup de la nature brute du classique de 1978. Peut-être pas le 2001 du film d’horreur, mais pas loin. Un exercice de forme si pur, si musical et si cristallin, que son exploitation en série de vidéoclub ressemble presque à un malentendu [lire le hors-série Première « spécial horreur »]. Ce millésime 2018 est le troisième film de l’histoire intitulé Halloween et la quatrième « suite du premier ». En coupant vingt ans de gras DTV, Gordon Green trouve la logique rectiligne du récit : quarante ans plus tard, Michael trouve un masque, un couteau, et se dirige vers Laurie, qui l’attend. C’est un hommage autant qu’une suite, bourré de variations très réussies sur l’original et ancré dans une réalité post-traumatique presque clinique, qui évoque davantage les frissons du survival que ceux du slasher. Ça fait peur, ça sonne juste, et même un peu vrai (on reconnaît le métier du réalisateur de Stronger), surtout quand Jamie Lee Curtis, hantée par des décennies de réclusion psychotique, tarde à recharger sa Winchester... L’éclatante réussite du film inaugure une nouvelle ère industrielle pour Michael Myers. L’ironie ne nous a pas échappé. Mais qu’est-ce qu’on peut y faire ?