Johnnys’enva-t-enguerre (1971), Superman (1979), LesHommesdufeu (2017)
joliment rendue par la mise en scène, qui ajuste son tempo à ses gestes délicats et à ses paroles rassurantes. Sauver ou périr passe de la cinquième à la seconde en un plan, remettant tous les compteurs à zéro. Il ne s’agit plus d’aller de l’avant et de planifier des choses mais de se remettre debout et de parler. L’obsession n’est plus la vie mais la mort, comme l’incarnent les peintures effrayantes de James Ensor, objets de fascination pour Franck. Caché derrière un masque cicatrisant, agité de pulsions suicidaires, l’ancien pompier virevoltant n’est plus que l’ombre de lui-même (la photo clair-obscur est au passage magnifique) et doit entamer sa rééducation sous l’oeil fatigué de Cécile et celui, pudique, de la caméra. L’épouse courage gagnée par le découragement devient centrale dans ce récit épique et multiple, qui se recentre progressivement sur le couple et le dialogue comme moteurs d’une reconstruction réciproque et sur le regard comme vecteur de tensions – Les Yeux sans visage rencontre Scènes de la vie conjugale. Cécile a ainsi droit à la meilleure scène du film, au cours de laquelle elle confie son désamour au médecin de Franck, qui trouve les mots justes non pas pour lui faire la morale, mais pour lui donner des raisons d’espérer. Qui aurait cru qu’après L’Affaire SK1 Frédéric Tellier réhabiliterait le mélodrame avec un tel brio ?
uFrance • Frédéric Tellier • Pierre Niney, Anaïs Demoustier, Vincent Rottiers... • 1 h 56 • 28 novembre