CITOYENS DU MONDE
Trois retraités romains rêvent d’ailleurs : un pays où ils pourraient bien vivre malgré leurs maigres pensions. Un délice de comédie sociétale utopique.
Gianni Di Gregorio est venu sur le tard à la réalisation : en 2008, à 59 ans, juste après avoir coécrit Gomorra de Matteo Garrone. Ce premier long, Le Déjeuner du 15 août – dont il tient aussi le rôle principal – a remis au goût du jour un type de comédie italienne entre tendresse et autodérision, qu’on croyait définitivement morte et enterrée. Une voie qu’il n’a depuis jamais cessé d’approfondir avec Gianni et les femmes, le plus quelconque Bons à rien et ce Citoyens du monde qui signe son retour en forme. Il s’y met en scène en prof tout juste retraité qui envisage avec deux acolytes, au vu de leurs maigres pensions de retraite, de partir vivre leurs vieux jours loin de Rome, dans un pays où leur pouvoir d’achat serait plus conséquent. En partant d’une réalité sociale (la précarité qui touche certains retraités en Italie), Di Gregorio développe une fable terriblement attachante. Grâce à la finesse d’écriture de ses personnages et de leur amitié bougonne, mais surtout en ne succombant jamais à la facilité du « c’était mieux avant ». Citoyens du monde est l’antithèse du film réac pleurnichant un paradis perdu qui ne reviendra plus. Il se situe ici et maintenant, préférant l’utopie au cynisme. Au lieu de dénoncer l’Italie telle qu’elle est, Di Gregorio raconte l’Italie telle qu’il la croit capable de devenir. Notamment dans son rapport aux migrants, sujet casse-gueule car riche en facilités démagos, que Di Gregorio traite avec une humanité joyeuse qui résume son rapport au cinéma : un divertissement qui raconte le monde sans jamais se faire donneur de leçon.
ALLEZ Y SI VOUS AVEZ AIMÉ Le Pigeon (1958), Le Déjeuner du 15 août (2008), Et si on vivait tous ensemble (2012)
Cittadini del mondo • Pays Italie • De Gianni Di Gregorio • Avec Gianni Di Gregorio, Ennio Fantastichini, Giorgio Colangeli… • Durée 1 h 31