Àboutdecourse (1988), LaFamilleTenenbaum (2002), LittleMissSunshine (2006)
Quinze ans après la découverte de son cinéma avec Moi, toi et tous les autres, Miranda July signe une comédie poético-grinçante autour d’une famille pas comme les autres, portée par un formidable casting.
d’habitation à ladite famille…) pour poétiser ce mode de vie alternatif. Un bonheur d’autant plus jouissif qu’il est porté par un duo d’interprètes savoureux : Debra Winger et Richard Jenkins. En parents décalés et débraillés, ils apportent tout le piquant et le ridicule nécessaires à leurs personnages dont le charme finira bien par s’étioler. Et de fait, ça ne tarde pas. Old Dollio se demande logiquement si le bonheur est possible au sein d’une famille toujours sur la brèche.
Le gouffre, on le devine avec elle, n’est pas seulement social, il est aussi affectif. La jeune fille va pouvoir enfin formuler ses manques avec l’arrivée de Mélanie (la piquante Gina Rodriguez découverte grâce à la série Jane the Virgin) dans la bande. Cette dernière, parasite en effet de l’intérieur un esprit de famille déjà bancal. Le film bifurque alors légèrement et menace même de se prendre les pieds dans une sentimentalité appuyée. Mais July est plus intelligente que ça et elle a indubitablement gagné avec les années une certaine lucidité qui l’empêche de voir les choses en blanc ou noir. Car Old Dollio, une fois émancipée de ses géniteurs, n’acquiert pas pour autant le mode d’emploi pour vivre « normalement ». Elle trébuche, résiste, se heurte et sans regretter le moins du monde son existence passée, finit par se demander si la malhonnêteté dont faisaient preuve ses parents n’allait pas jusqu’à falsifier leurs sentiments. Kajillionaire est un film cruel et plus irrévérencieux qu’il n’en a l’air. Si Miranda July pouvait ne pas attendre dix ans avant de redonner des nouvelles de ses freaks, on lui en serait reconnaissant.
uÉtats-Unis • Miranda July • Evan Rachel Wood, Debra Winger, Richard Jenkins… • 1 h 46