Première

LeDécaméro­n (1971), VanGogh (1991), Rembrandt (1999)

Andreï Konchalovs­ky se confronte à l’imposante figure de Michel-Ange et signe un film précis et juste, sans s’encombrer du décorum de l’histoire.

- TB

Il y a le monolithiq­ue de 2001 et, désormais, le bloc de marbre blanc de Michel-Ange. Dans les deux cas, son apparition cristallis­e les passions et c’est sur leur surface à priori lisse que se fracassent les mystères du monde. « Ce n’est pas un bloc, c’est un monstre ! » éructe ici Michel-Ange. En se confrontan­t à l’un des artistes les plus immenses de l’histoire de l’humanité, Andreï Konchalovs­ky (Runaway Train, Tango & Cash…) devait savoir où placer l’esthétique de son récit : lové dans une Renaissanc­e dorée ou au contraire dans la fièvre et dans la boue. Son Michel-Ange (Alberto Testone, d’une justesse inouïe) est présenté d’emblée comme une semi-loque, alcoolique et fou, son génie créateur coincé entre les désirs de deux familles rivales, « des assassins qui ne méritent pas toute cette beauté ! ». L’artiste ne peut dès lors exister que loin de ses contingenc­es humaines, loin du tumulte, dans la montagne à chercher la matière sur laquelle il posera ses mains. Le film s’attarde sur la force tellurique d’un monde que les hommes subliment et saccagent en même temps. Konchalovs­ky parvient avec une simplicité apparente à nous faire ressentir les affres de la création. Son film reste concret, la transcenda­nce s’impose d’elle-même, sans s’exhiber. On revient inlassable­ment sur la terre ferme après avoir cru tutoyer les Cieux : « Je cherchais Dieu, j’ai trouvé l’Homme… », se désespère l’auteur de la chapelle Sixtine. Triste sort. Le film, lui, est en tous points sublime.

u• Russie, Italie • Andreï Konchalovs­ky • Testone, Jakob Diehl, Francesco Gaudiello… • 2 h 14

Alberto

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