ModernFamily (2009), Shameless (2011), Mytho (2019)
Cette série signée du cinéaste Hirokazu Kore-Eda, ausculte avec un magnifique sens de l’épure les failles d’une famille japonaise bourgeoise.
Cette série en cinq épisodes date de 2012. Nul doute que la Palme d’or obtenue par le cinéaste pour Une affaire de famille en 2018 ait favorisé cette sortie DVD, fusse-t-elle tardive. Il est en tout cas intéressant de l’inclure au corpus d’un auteur devenu le portraitiste numéro un de la famille nippone. Ici, un publicitaire en retour de win (l’attachant Abe Hiroshi, déjà vu dans Still Walking et I wish – Nos voeux secrets) navigue entre sa femme, star discrète d’un programme culinaire pour la télé, sa fille de 8 ans qui parle à de petits bonshommes imaginaires, et son père, soudainement plongé dans le coma. C’est au chevet de ce patriarche que se cristallisent toutes les tensions d’un récit au déploiement refusant tout effet spectaculaire. Kore-Eda envisage en effet le format de la série non pas comme un moyen de démultiplier les possibilités narratives mais, au contraire, comme une façon de prendre le temps. Le temps, ici, d’observer le tâtonnement affectif et physique de personnages perdus dans leur quotidien. D’où cette impression – tout sauf désagréable tant le cinéaste parvient subtilement à nous inclure dans son processus – de faire du sur-place. Et si le périmètre de l’ensemble n’est, en effet, pas bien grand (une chambre d’hôpital, un petit appartement et un cabinet dentaire à la campagne), les émotions, d’abord prisonnières des êtres qui les répriment, finissent par gagner du terrain. Dès lors, le protagoniste peut enfin voir et approcher les « Kuna » – sortes de Schtroumpfs aux bonnets rouges – sans se demander s’il rêve ou non. Admettre cette fantastique présence, c’est accepter la magie de l’existence, donc entrevoir un bonheur possible.
u• Japon • Hirokazu Kore-Eda • Aoi Tatsumi, Hiroshi Abe, Tomoko Yamaguchi… • 5/8