Première

HAIL TO THE KING

- RÉDACTEUR EN CHEF GAËL GOLHEN

vendredi 28 août, on apprenait le décès des suites d’un cancer de Chadwick Boseman. En l’espace de quelques heures, Hollywood formait un choeur funèbre pour pleurer l’enfant prodige. Il était jeune, il était beau, il était doué. Boseman devenait une nouvelle golden star foudroyée trop tôt. Et sa mort laissait la planète sans voix – à l’image de ce qu’avaient provoqué celles de Heath Ledger ou de Paul Walker. Pourtant, ça ne suffit pas à expliquer l’extraordin­aire écho occasioné par sa disparitio­n.

Boseman était un Avengers et, quoi qu’on pense des films et du studio qui les façonne, ces (super)héros ont une puissance fantasmati­que qui dépasse l’entendemen­t. Avec Chadwick Boseman, c’est T’Challa qui disparaiss­ait, une figure garante de l’ordre du monde et de la justice. Une force de réenchante­ment symbolique du quotidien. Mais surtout un modèle de la lutte antiracist­e. La figure de l’acteur, engagé dans la lutte pour les droits civiques, fusionnait dans la mort avec celle du superhéros politique qu’il a incarné et qui avait permis à tout un public noir de s’identifier enfin à un personnage qui lui ressemblai­t et qui portait ses revendicat­ions et ses espoirs. Avec Black Panther, sous les traits de Boseman, Hollywood affrontait enfin de face la question raciale. Au moment où le mouvement Black Lives Matter redevient aussi fort (et nécessaire), la disparitio­n de cette incarnatio­n résonne de manière plus douloureus­e et injuste. Son cri de « Wakanda forever » sonne forcément différemme­nt.

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