Première

TOP 20 des enfants les plus méchants

Gamins possédés, ados désaxés, tueurs en puissance ou mômes manipulate­urs… Cet été, la sortie de La Rumeur et des Révoltés de l’an 2000 ont rappelé que les enfants au cinéma ne sont pas toujours des angelots innocents. La preuve par 20.

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LA RÉDACTION

LESENFANTS­TERRIBLES,

JEAN PIERRE MELVILLE, 1950

Melville adapte Jean Cocteau et signe une oeuvre hallucinat­oire, célébrée par Truffaut (« Le meilleur roman de Jean Cocteau est devenu le meilleur film de Jean-Pierre Melville ») où deux orphelins, anges et diables à la fois, se retrouvent livrés à euxmêmes et développen­t une relation exclusive, troublante, sulfureuse, dans une chambre à coucher. Une variation onirique autour de l’inceste, doublée d’une plongée dans le monde ténébreux de l’adolescenc­e, à la lisière du cauchemar et du rêve.

GRAINE, LAMAUVAISE

MERVYN LEROY, 1956

Fini l’enfant qui apaise et incarne les espoirs de l’avenir. Après la guerre, Hollywood désacralis­e le mythe de l’enfant innocent et, aidé par la psychanaly­se, traque derrière les couettes et la blondeur céleste les monstres en puissance. 1956 est un tournant : on trouve d’un côté les ados asociaux de Graine de violence et cette gamine névrosée de La Mauvaise Graine. Derrière l’apparence angélique se cache la plus diabolique des petites filles. L’ange blond est un diable manipulate­ur, bien élevé mais obséquieux, qui installe le malaise quand elle récite sans remords les détails de ses exactions ou quand elle se laisse envahir par la fureur. La comptine qu’elle chante de sa petite voix obsédante fait froid dans le dos…

DESDAMNÉS, LEVILLAGE

WOLF RILLA, 1960 Historique­ment, Le Village des damnés est l’un des premiers films d’enfants maléfiques. Réalisé en 1960 par un obscur cinéaste british d’origine allemande, Wolf Rilla, d’après un roman de John Wyndham, il raconte comment, dans un village anglais, plusieurs femmes tombent enceintes au même moment et accouchent d’enfants blonds insensible­s au regard étrange. Les accidents mortels vont s’enchaîner. Derrière la peur du nucléaire et la métaphore du péril rouge, le film raconte aussi que, non façonné par l’ordre social, l’enfant peut laisser libre cours à ses penchants maléfiques.

MARIO BAVA, 1966

Dans ce beau film de Mario Bava, le héros tourne en rond et finit même par se courir après. Mais au centre du récit, le plus souvent planquée derrière une vitre, il y a la petite Melissa qui regarde le monde s’agiter avec un sourire narquois. Melissa s’en moque, elle est morte. Et quand elle apparaît, c’est donc très mauvais signe. Dans un giallo, ça se termine souvent par un bain de sang. Melissa décédée sous une cloche d’église dans l’indifféren­ce générale des années auparavant, se venge. Et les pauvres villageois attendent leur heure…

L’AN2000, OPÉRATIONP­EUR, LESRÉVOLTÉ­SDE

NARCISO IBÁÑEZ SERRADOR, 1977 « On aurait dit une voix d’enfant ! », s’agace le héros en raccrochan­t le combiné du téléphone. Autour de lui, sur cette île déserte, il n’y a que sa femme pour s’en étonner. Sa femme et… bientôt, des mômes. Beaucoup de mômes. Trop. Ils ne parlent pas. Ils sont là. Étrangemen­t là. Et puis ils se rapprochen­t, frappent, brutalisen­t… Comme

ELEPHANT,

GUS VAN SANT, 2003

Ils sont beaux. Leurs visages sont doux. Alex, le brun romantique au piano, Eric, le blond énergique au T-Shirt jaune, mènent une vie ordinaire dans leur lycée. Gus Van Sant aime filmer les adolescent­s. Mais ceux-là vont devenir des enfants-tueurs. La faute à la violence, au regard des autres, au proviseur qui n’a pas écouté… Inspiré du massacre du lycée de Columbine, Elephant interroge l’Amérique sur ce qu’elle enfante : des monstres. Palme d’or 2003.

DOUGLAS SIRK, 1959 La métisse, Sarah Jane, et sa quasi-soeur de lait blanche, Susie, sont méchantes par désespoir. La première en veut à sa mère d’avoir du sang noir (elle se fait passer pour blanche auprès de son petit ami, qui la démasque) ; la seconde a souffert d’être négligée par la sienne, une star du cinéma. Toutes deux rejettent l’amour maternel et empruntent des chemins dangereux : Sarah Jane devient entraîneus­e, Susie tombe amoureuse du prétendant de sa mère. Quand Sarah Jane et Susie réaliseron­t la portée de leurs actes, il sera trop tard.

MIRAGEDELA­VIE, LARUMEUR,

WILLIAM WYLER, 1962

Mary a tout vu dans l’embrasure de la porte. Elle a vu les deux directrice­s du pensionnat en train de s’embrasser fougueusem­ent, pour ne pas dire plus. Mary était avec Rosalie, qui acquiesce fébrilemen­t (le poids

TOYSTORY,

JOHN LASSETER, 1996

Contrairem­ent au gentil Andy, Sid a des bagues dentaires, un T-Shirt tête de mort et une sale attitude. Il aime torturer les jouets de sa petite soeur et créer des monstres. Il aime même « sadiser » son chien… Syd est un enfant dark, un démiurge tordu, adepte de la vivisectio­n des jouets ; le genre de personnage qui normalemen­t n’a pas droit de cité chez Disney – d’ailleurs, comme pour s’excuser, Pixar le punira dans Toy Story 3 : devenu adulte, il apparaît à la fin du film comme éboueur qui envoie les jouets à l’incinérate­ur où Buzz et Woody ont failli cramer.

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