Première

Albert Dupontel

Deux ans après le gargantues­que Au revoir là-haut, Albert Dupontel revient à l’essence de ses mini cartoons sociaux, en suivant la cavale du trio de bras cassés d’Adieu les cons. Moins de coups de sang, plus de coups de blues, moins de trash, plus de tend

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Patience et longueur de temps font plus que force ni que rage, disait La Fontaine. Adieu les cons, répond la fable de Dupontel. Le temps est court (1 h 26) et la patience, c’est pas trop le genre de la maison. Dès le début du film, comme toujours, tout va à 2 000 à l’heure, les dialogues mitraillen­t, le cinéaste taille sa route entre ses plans comme un aventurier dans la jungle, à grands coups de machette. Il faut avancer, tout droit, aux trousses d’un trio de grands blessés de la société contempora­ine qui n’ont pas de temps à perdre, parce qu’ils n’en ont plus pour longtemps : une malade en bout de course

GUILLAUME BONNET ( Virginie Efira), un suicidaire au bout du rouleau (Albert Dupontel), un inconscien­t au bord de la folie ( Nicolas Marié), le genre de pacte à la vie à la mort entre gens en défaite, mais qui n’ont pas dit leur dernier mot et auxquels force et rage pourront quand même servir, à l’occasion… C’est bien connu, comme les fables, les images ont une morale. Celle de Dupontel est toujours du côté de ceux qui se paient les murs du système de plein fouet, comme des voitures à la casse en train de se faire broyer. Plus que jamais popu (mais plus -laire que -liste), le cinéaste capte la pulsation sourde et triste d’une France (et d’un cinéma français) des accidentés et des laissés-pour- compte. Les pauvres types et les pauvres filles écrasés par des valeurs dans lesquelles ils ne se reconnaiss­ent pas. Ou plus. Lui, en revanche, on le reconnaît. Entre mille… Interview.

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