Le Village des damnés
Dans l’entretien qu’il donne à Luc Lagier et Jean-Baptiste Thoret pour leur ouvrage Les Fantômes de John Carpenter (Dreamland), l’auteur de The Thing concède que la grande difficulté rencontrée pour sa relecture du Village des damnés (1995) fut la gestion du temps. Rappelons que ce récit fantastique, inspiré tout à la fois d’un roman et du film dont il fut tiré une première fois (par Wolf Rilla, 1960), raconte la naissance quasi spontanée d’une flopée d’enfants maléfiques dans un bled de l’Amérique profonde. Si le cinéaste galère un peu avec les ellipses, il passe en force et c’est bien par fulgurances très resserrées que le film envoie ses plus belles décharges magnétiques (magnifique prologue digne de Fog, un final tout en tension avec un Christopher Reeve chaud bouillant). À l’image d’un Shyamalan auquel on pense beaucoup ici, Carpenter installe du malaise dans le quotidien le plus trivial (un homme calciné sur un barbecue au milieu d’une kermesse…). Quant aux bambins aux yeux luminescents, dépourvus de sentiments, ils sont les témoins quasi muets d’un monde replié sur lui-même. Le cinéaste en profite pour dézinguer en règle une Amérique wasp pro-life mais prête à lyncher certains de ses enfants pour assurer sa survie. Le Village des damnés, lifté 4K pour l’occasion, est proposé en steelbook (exclu Fnac).
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De John Carpenter • Avec Christopher Reeve, Linda Kozlowski, Mark Hamill…
Éditeur Elephant Films Classics • Bonus Pas vus • En combo Blu-ray/DVD